LE PASSAGE DU NORD-OUEST
A bord du Gjöa
Un projet qui a du mal à trouver finance
En 1900, Amundsen obtient son brevet de capitaine au long cours. Il rencontre
Nansen avec qui il devient ami, et qui,
en lui présentant des connaissances, l'appuie dans son projet :
franchir le passage du Nord-Ouest.
Il fréquente assidûment les observatoires, et trouve le bateau
idéal pour mener à bien son expédition : le Gjöa,
mais les fonds lui manquent bien que quelques subventions privées
encouragent le gouvernement à participer au financement de l'expédition.
Amundsen qui se révèle être un parfait organisateur
s'occupe de tout : recrutement des six hommes qui vont l'accompagner,
préparation des vivres, et recherche de fonds pour permettre à
son projet d'aboutir.
Le 16 juin 1903, Amundsen décide de quitter le port de Christiana
en pleine nuit, avant l'arrivée d'un créancier qu'il ne
peut pas payer. Il met le cap sur le Groenland et bientôt les premiers
icebergs sont en vue.
L'équipage
Six hommes forment l'équipage d'Amundsen, alors âgé
de 31 ans :
- Godfred Hansen, second de l'expédition, comme officier des montres,
astronomes, géologue et photographe (27 ans),
- Anton Lund, comme premier lieutenant (39 ans),
- Helmer Hanssen, comme second lieutenant (33 ans),
- Peter Ristvedt, comme chef mécanicien et météorologue
(40 ans),
- Gustav Juel Wiik, comme aide d'Amundsen pour les observations magnétiques
(25 ans),
- Adolf Henrik Lindström, comme cuisinier (38 ans).
L'approche
du Pôle Magnétique
Le 9 juillet, le navire longe la côte du Groenland aux environs
du cap Farvel, s'arrête à Godhavn, capitale du Groenland
septentrional pour faire le plein de traîneaux, de chiens, et de
pétrole.
Le 31 juillet, l'expédition reprend la mer et rejoint Itivdliarsuk
situé à 73° 30' de latitude Nord. Puis vient à
passer la région la plus difficile de l'Arctique : la baie de Melville,
où partout les glaces dérivent risquant de heurter le navire
ou de le retenir prisonnier. La baie de Melville franchie, le navire reprend
sa route dans la mer libre, passe le cap d'York, et s'arrête à
Dalrymphe Rock où des baleiniers ont laissé à son
attention près de cinq cents caisses de vivres. L'expédition
repart lentement. Les icebergs et le brouillard rendent la navigation
difficile. Elle arrive à l'île américaine de Beechey
le 23 août, et Amundsen choisit de continuer par le détroit
de Peel.
Le pôle magnétique est proche. Près de la terre Boothia
Felix, un incendie se déclare sur le navire, mais vite maîtrisé,
l'explosion est évitée.
En plus du risque de collision avec un iceberg, un autre danger menace
: le manque de fonds, et il faut régulièrement envoyer la
chaloupe pour sonder la profondeur de l'eau. Parfois, le navire ne peut
plus avancer au risque de s'échouer. Amundsen décide de
l'alléger en jetant par-dessus bord des caisses de nourriture pour
chiens, mais ce n'est pas suffisant. En tentant de se dégager,
le Gjöa brise sa fausse-quille. La coque menace de céder,
et alors que l'équipage se prépare à évacuer
dans des canots, une nouvelle tentative pour alléger le bateau
est un succès. Le Gjöa repart pour mouiller près du
cap Christian Frederik.
Le 8 septembre, nouveau départ. La terre du roi Guillaume est en
vue.
Le
premier hivernage
Le 12 septembre 1903, le Gjöa s'amarre pour hiverner.
Le 1er octobre, le navire est enfoui sous la glace. Peter Ristvedt se
livre à des observations météorologiques, Gustav
Wiik, à des observations magnétiques et Godfred Hansen à
des observations astronomiques. Les lieutenants Anton Lund et Helmer Hanssen
chassent et soignent les chiens. Adolf Lindström reste aux fourneaux.
Au début de l'année 1904, Amundsen décide de partir
en expédition avec Godfred Hansen, Peter Ristvedt et Helmer Hanssen
en direction du pôle Nord magnétique. L'expédition
se prépare (chiens, traîneaux, tentes, provisions) et se
met en route le 1er mars par - 53° C. La température descend
encore, et passé - 62° C, Amundsen décide de faire demi-tour
et de rejoindre le Gjöa. D'autres expéditions ont lieu afin
de multiplier les observations magnétiques, ou de chasser le caribou,
pendant lesquelles les explorateurs rencontrent plusieurs tribus d'esquimaux.
En août 1904, les conditions atmosphériques sont suffisamment
favorables pour que le Gjöa appareille et poursuive sa route, mais
Amundsen considère que le travail d'observation scientifique n'est
pas terminé. Tous décident de rester et se préparent
à passer une nouvelle année sur la banquise.
Le second hivernage
En septembre 1904, un second hivernage débute. Une nouvelle année
se passe en observations scientifiques et en missions organisées
pour établir des dépôts de vivres.
Le 13 août 1905, le Gjöa appareille après un séjour
de vingt-trois mois.
Le 15 août, le navire se trouve dans le sud des îles de la
Royal Geographical Society, et force le passage pour gagner la mer libre.
Le brouillard empêche une bonne visibilité, les icebergs
sont un danger, tout comme le fond qu'il faut continuer à sonder
pour ne pas s'échouer. Le Gjöa mouille finalement à
King Point où plusieurs baleiniers ont déjà jeté
l'ancre. Un nouvel hivernage s'annonce. La traversée par le Passage
du Nord-Ouest n'aura pas lieu cette année.
Amundsen décide de partir en mission vers l'Alaska
Il quitte King-Point le 21 octobre 1905 pour rejoindre la station postale
de Fort Yukon. Il regagne le Gjöa après cinq mois d'absence,
en mars 1906, après avoir parcouru près de deux mille kilomètres
entre le Canada et l'Alaska. Gustav Juel Wiik, le plus jeune membre de
l'équipage, meurt peu après le retour d'Amundsen, suite
à une pleurésie. Son corps est inhumé dans l'abri
qui lui avait servi d'observatoire, et le 10 juillet 1906, le Gjöa
appareille. La tentative est infructueuse et le navire doit à nouveau
mouiller.
Le 9 août Amundsen tente à nouveau d'appareiller, mais les
arrêts sont fréquents, les hauts-fonds dangereux, et la progression
plutôt lente. Le navire passe la pointe Manning, les îles
Thétis, la baie Hanson, le cap Simpson, et la Pointe Barrow après
une tempête. Le 30 août, le cap Prince of Wales, à
l'entrée du détroit de Béring est en vue, puis Fairway
Rock et les îles Diomède.
Le passage du Nord-Ouest est achevé
L'expédition arrive au port de Nome où Amundsen et ses compagnons
sont fêtés.
Pour le Gjöa, très éprouvé par trente huit mois
de navigation, le voyage se termine à San Francisco, où
Amundsen en fait don à la ville. Il finira ses jours dans le parc
de Golden Gate.
En novembre 1906, les explorateurs regagnent une Norvège devenue
indépendante depuis le 7 juin 1905, et sont accueillis par le jeune
roi Haakon VII.
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