LE PREMIER VOL TRANSPOLAIRE
Le Norge

Arrivée du Norge à la baie du Roi.
Le choix d'un plus légé que l'air
Amundsen envisage maintenant d'effectuer un nouveau vol pour cette fois-ci
relier le Spitzberg à l'Alaska en passant par le pôle. Sur
les conseils de Rüser-Larsen, il choisit de s'envoler à bord
d'un ballon dirigeable. Amundsen rencontre le constructeur italien Umberto
Nobile a qui il achète le modèle N1 et propose d'occuper
le poste de pilote.
Il ne reste plus que quelques mois avant le début de l'expédition,
et tandis que l'on construit un mât d'amarrage et un hangar sur
la base Ny Aalesund au Spitzberg, le N1 subit plusieurs modifications.
L'équipe norvégienne, sous la direction de Rüser-Larsen
débute sa formation, et les premiers essais en vol ont lieu le
27 février 1925.
Le dirigeable, baptisé Norge, mesure cent six mètres de
long sur vingt-cinq de haut et vingt de large. Il est équipé
de trois moteurs de 250 CV situé, un à l'arrière,
un à bâbord et l'autre à tribord. Sa vitesse est de
quatre-vingts kilomètres heure mais dépend beaucoup du vent.
Son autonomie est de 5.200 kilomètres.
L'équipage
Le Norge quitte la base aérienne de Ciampino pour le Spitzberg
le 10 avril 1925. Seize hommes sont à son bord :
- Amundsen et Ellsworth, responsables de l'expédition et observateurs,
- Nobile, commandant du dirigeable,
- Hjalmar Rüser-Larsen, commandant en second et navigateur,
- Emil Hörgen aux commandes de pilotage pour la direction,
- Oscar Wisting aux commandes de pilotage pour l'altitude,
- Birger Gottwaldt, assisté de Fridtjof Storm-Johnsen, responsable
de la radiotélégraphie et de la radiogoniométrie,
- Finn Malmgre, responsable de la météorologie,
- Frederik Ramm, journaliste.
- Oscar Omdal, mécanicien chargé du moteur tribord avec
Arduino,
- Caratti, celui de bâbord,
- Pomella celui de l'arrière,
- Cecioni, responsable de la distribution d'essence et
- Alessandrini, arrimeur et homme à tout faire.
Quatre escales sont prévues pour relier l'Italie au Spitzberg
: Pulham, Oslo, Léningrad et Vadsö. A chaque étape,
un mât d'amarrage a été dressé. Le Norge
arrive à Ny Aalesund le 7 mai après avoir parcouru
plus de sept mille kilomètres en vingt-sept jours, sans aucune
difficulté.
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Le Norge en vol venant d'Italie. |
Le voyage vers le Pôle
Le Norge, doit attendre des conditions météorologiques favorables.
Pendant ce temps, le 10 mai, l'américain Richard E. Byrd et son
pilote Floyd Bennett rentrent à la base de Ny Aalesund avec leur
appareil, un Fokker trimoteur le Jospéhine-Ford, après avoir
franchi le pôle Nord.

Amundsen et Byrd sur le même timbre commémoratif.
Le dirigeable décolle le 11 mai et survole la baie de la Madeleine
puis l'île d'Amsterdam avant de s'engager dans l'océan Glacial
Arctique. Le Norge, qui n'utilise que deux de ses moteurs sur trois, vole
à quatre-vingts kilomètres heure, à faible altitude,
jusqu'à ce que le vent se lève et l'oblige à remonter.
Malgré le froid, les conditions météorologiques sont
très favorables. Puis la brume apparaît, obligeant le Norge
à naviguer plus en hauteur, pour éviter la surcharge pondérale
de la glace qui commence à le recouvrir. L'expédition dépasse
la limite de 87° 43' de latitude Nord atteinte en hydravion, et fête
en vol, le 12 mai, les quarante-six ans d'Ellsworth.
Le 13 mai 1926 à 1 h 25, le pôle Nord est atteint.
Une brève cérémonie a lieu lors de laquelle Amundsen
lance de la nacelle, le drapeau norvégien qui se plante dans la
glace, le drapeau américain est lancé par Ellsworth, et
Nobile sort celui de l'Italie, si grand, que le pôle est déjà
à 8 kilomètres lorsqu'il arrive à le planter. La
distance parcourue est déjà de 1.700 kilomètres.
Le retour vers la base
La progression reprend, malgré des chutes de neige et le dirigeable
atteint 83° de latitude Nord. Des morceaux de glace se détachent
des appareils gelés et viennent trouer l'enveloppe du ballon qui
est rapidement réparée. Le Norge n'arrête pas de prendre
puis de perdre volontairement de l'altitude, cherchant le meilleur positionnement
possible pour éviter les bancs de brume et la formation de glace,
dont le poids à bord du dirigeable atteint une tonne. Les terres
de l'Alaska sont en vue et le Norge survole la ville de Wainwright.
A l'intérieur du Norge, tout l'équipage, qui n'a pas dormi
depuis soixante-cinq heures est épuisé. Il n'y a aucune
couchette prévue pour le repos des hommes, et tous doivent s'assoupir
debout ou assis. Le froid qui règne est augmenté par la
quasi immobilité des membres de l'équipage et la faim commence
à se faire ressentir.
La brume revient, rendant la visibilité mauvaise. Le cap est conservé,
mais il faut maintenant envisager l'éventualité de se poser
car l'enveloppe est à nouveau percée et il n'y a plus de
tissu pour réparer. Le Norge doit atterrir rapidement, mais il
vole au-dessus de la mer libre, et aucune terre ni banquise ne permet
son atterrissage.
Enfin, le 14 mai, une terre est en vue. L'appareil commence ses manœuvres
d'atterrissage, et après soixante-douze heures de vol, s'immobilise
à Teller.

Aérogramme représentant le vol du Norge.
Remarquez le pylône d'amarrage de 35 mètres de haut et pesant
14 tonnes.

Amundsen et le Norge. |

Le Norge et la reprise du thème de l'ours
qui regarde le dirigeable.
Thème qui sera repris sur les
timbres russes
du vol du Zeppelin.
A la gauche du Norge l'avion de Byrd ? |

Carte postale transportée à bord du Norge.
La carte postale est signée de Rüser-Larsen.
De retour en Norvège, la population de Bergen fête les navigateurs
norvégiens et le succès du premier vol transpolaire.
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