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LE CENTRE D'ÉTUDES ARCTIQUES Témoignages de fidèles du Centre d'Études Arctiques " Le séminaire de Jean Malaurie est un lieu suspendu qui se tient chaque semaine au cours de la deuxième partie de l'année universitaire et qui est porté par le monde qui l'entoure."
L'auteur s'intéresse aux processus migratoires et aux expériences de transition ou d'exil dans les cultures. Ces processus ont toujours fait partie de l'histoire des peuples, mais ils sont plus massifs et plus rapides actuellement, et leur évolution pose des problèmes en termes de confrontation, de communication et d'adaptation psychologique, sociale et culturelle. Spécialiste du test des " taches d'encre " inventé
en 1920 par le médecin suisse Hermann Rorschach, l'auteur a procédé
à l'analyse d'une série de protocoles de Rorschach ramenés
par le Professeur Jean Malaurie de ses diverses expéditions auprès
des Inuit du Groenland, Eskimos de Sibérie orientale et Tchouktches. L'auteur a personnellement effectué des missions auprès de peuples " traditionnels " confrontés à des contradictions et à des tensions sociales, économiques et culturelles : les tribus Adivasi du sud de l'Inde (1990, 1993) et les nomades et sédentarisés de Mongolie (2001, 2002, prochaine mission été 2003). La pratique du Rorschach auprès de ces populations a pris une signification de " catalyseur du récit ethnographique ". Hélène Salaün de Kertanguy participe depuis de nombreuses années aux séminaires du Professeur Jean Malaurie au Centre d'Études Arctiques à l'Écoles des Hautes Études en Sciences Sociales de Paris. Regards sur les séminaires du Professeur Jean Malaurie, Directeur du Centre d'Études Arctiques : de la rue Amélie (Paris 7è) à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (Paris 6è). Ce travail de mémoire offre une série d'exercices possibles sur ces deux lieux, sur le temps, les rêves, les souvenirs, que je suis en train de rassembler progressivement pour les résumer sur un ordinateur en vue d'une insertion dans le site Internet sur le Centre d'Études Arctiques et Jean Malaurie. Me consacrer sur ma présence " au sein du séminaire et du centre " devrait consister en une attention scrupuleuse sur les intervenants, sur les contenus annuels, sur les thématiques abordées pendant ces nombreuses séances présidées par le Professeur Jean Malaurie. Mais je préfère dire que ses séminaires, c'est avant tout ce que j'ai pu voir, ce que j'ai pu analyser, sentir, entendre, éprouver, c'est aussi sa manière très habile de consigner le philomuthos et le philosophos : ce qui est primordial et ce qui établit des liens. J'ai commencé à suivre les séminaires dans les années 1985 à la suite du travail d'analyse que j'ai entrepris des tests d'Esquimaux de Thulé, les premiers Rorschach provenant d'une population vivant au pays des Hyperboréens, réalisés par Jean Malaurie lors de ses premières missions . De cette expérience de travail, naquirent un profond respect et une envie d'écouter ce grand explorateur qui a su conjuguer son " amour pour les Esquimaux et sa passion des récits de voyage et de découvertes d'autres cultures ". Les premiers moments des séminaires sont toujours mémorables,
surtout quand Jean Malaurie place toute son énergie à évoquer
l'empilement et l'enchevêtrement d'un certain nombre de ses missions
chez les Inuit, les Tchouktches, en Alaska, en Yakoutie
d'autant
qu'il est intarissable ! Jean Malaurie évoque souvent sa rencontre avec l'un des peuples
les plus étudiés du monde mais les moins connus et trop
souvent incompris : les Inuit. Il nous parle avec émotion de ces
grands espaces géographiques et de l'âme du monde polaire
Nous avons en l'écoutant des représentations multiples sur
le kaléidoscope de sa personnalité : il est à la
fois scientifique, géomorphologue, chercheur, explorateur, observateur,
anthropologue, humaniste, ethnophotographe, aquarelliste, psychologue,
écrivain renommé et cinéaste réservé
qui rend hommage, à travers les films qu'il a réalisés,
aux peuples hyperboréens dans leur lutte pour garder leur identité
culturelle et leurs espaces historiques. L'un des thèmes le plus important que je saisis en filigrane lors de ses séminaires, c'est " Qu'est-ce que chercher ". Jean Malaurie inscrit sa réflexion dans un processus volontariste : il parle de leçon d'humilité, de vertu, de remise en cause et surtout de doute, et plus encore, de savoir poser des questions Je rajouterais personnellement " et savoir ne pas attendre de réponses ". Même sur la définition du terme " chercher ", il évoque une panoplie de significations allant des notions de besoin, de mouvements pulsionnels au sens freudien, d'engagement de soi, de collaboration, de communication et de curiosité jusqu'à l'utilisation de nos sens comme la vue et le toucher afin de découvrir les forces motrices de l'univers. Ces réunions d'étude nous aident à nous positionner lors de nos rencontres avec des cultures éloignées : l'Autre va être l'informateur et le guide de notre propre expérience. Il faut donc réfléchir sur la manière de l'approcher Bien que contribuant aux travaux de recherche du Laboratoire de recherche IPSé, mon parcours n'est pas un parcours universitaire au sens conventionnel du terme, mais plutôt un parcours de voyage, de rencontre, d'expérience, de regard et d'écoute sur les hommes et les choses, préambule à la dynamique de l'empathie dans son approche pluridimensionnelle et surtout universelle. Pour conclure, je citerai Saint Augustin : " Qu'est-ce que chercher, si ce n'est poursuivre, comme devant trouver, mais trouver comme devant chercher encore " Hélène Salaün de Kertanguy-> Autres témoignages de fidèles du Centre d'Études Arctiques |
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