Les cartes géographiques du XVIéme siècle (le
globe de Mercator et de Gemma Frisius de 1537, l'édition
de la carte des frères Zeno
en 1558 et la carte de l'Arctique de Mercator de 1569 ) montrent
un passage qui relie le Nord de l'Asie avec le Nord de l'Amérique.
Cette route au Nord-Ouest de la côte de l'Amérique
du Nord, Abraham Ortelius la symbolise à la fin du VXIéme
siècle par un détroit : le détroit d'Anian.
Alors que la colonisation anglaise du nord de l'Amérique
commence sur les territoires de Terre Neuve grâce à
John Rut en 1528, ce sont les navigateurs anglais qui reprennent
le relais et se lancent à leur tour vers le passage du
Nord Ouest.
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Martin Frobisher
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Sous
l'impulsion d'Elisabeth Ier, Reine d'Angleterre, Martin
Frobisher (v. 1535-1594) va rechercher une route plus au
nord de l'Amérique. Frobisher est un navigateur
et flibustier anglais d'expérience. En juin 1576
soutenu par la Muscovy Compagny, il part de Greenwich avec
une flotte constituée de trois navires légers,
passe par les îles Shetland, et se dirige vers le
Groenland.
Seul deux navires résistent à la première
tempête, le " Gabriel " et le " Michael
"
Il atteint les 60° de latitude nord. Il atteint le Groenland,
puis après que le " Michael " et fait demi-tour,
il arrive au sud de la Terre de Baffin qu'il baptise Queen
Elisabeth.
Continuant sa route plus au Nord, il pense avoir découvert
le Passage.
Ce premier voyage lui permet donc d'atteindre l'actuelle
baie de Frobisher. Il y rencontre pour la première
fois des Inuits. Dans des combats inégaux, ceux-ci
sont massacrés et deux d'entre eux sont capturés
et seront exhibés en Angleterre. De retour à
Londres en octobre, il fait examiner quelques pierres, prisent
pour du minerai d'or. En utilisant la carte du vénitien
Niccolo Zeno, il a été plusieurs fois trompé
sur la localisation de ses destinations. Devant se qui semble
être un premier succès il est nommé
"Grand Amiral des Terres à Découvrir
", terres qui prennent le nom de " Meta Incognita
".
L'idée de trouver un passage est abandonnée
au profit de tentatives d'exploitation des sols arctiques,
ainsi née la Compagnie de Cathay . Deux autres voyages
sont organisés en 1577 où il atteint l'Île
Hall et où en 1578 des colonies sont établies
dans la baie de Frobisher. Les minerais ne sont que des
composites de pyrite et de mica et les colonies n'ont pas
durée.La Compagny fait faillite et Frobisher reprend
sa carrière de flibustier où il rencontrera
Francis Drake.
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John Davis
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La
deuxième grande expédition anglaise est cette
fois menée par un homme qui pratique les sciences
de la navigation et possède des connaissances poussées
en cartographie. Il s'agit du navigateur anglais John Davis
(1550-1605) .
Le premier voyage débute en juin 1585 du port de
Dartmouth. Il est supporté par le marchand londonien
Wiliam Sanderson et la compagnie Merchants of London and
The West Country. Les deux navires le " Sunshine "
et le " Moonshine ". Il accoste sur les côtes
du sud-est du Groenland qu'il nomme Terre de Désolation
puis longe l'Ile et dépasse le cercle arctique. Après
une halte, il traverse le détroit qui porte son nom
aujourd'hui et joint la terre de Baffin jusqu'au pied d'une
montagne qu'il nomme mont Ralleight.
Il pénètre ensuite dans la baie de Cumberland.
Il rentre en Angleterre pensant avoir trouvé l'entrée
du Passage.
Il repart en mai 1586 avec deux bateaux supplémentaires
le " Mermaid " et le " North Star ".
Le convoie se divise en deux, le " Sunshine "
et le " North Star " sont chargés d'explorer
l'Est du Groenland, tandis que les deux autres navires explorent
la côte ouest jusqu'au Fjord de Godthaab puis dépassent
le cercle arctique jusqu'au 66ème degrés Nord
avant d'être stoppés par les glaces le 17 juillet.
Tandis que les navires " Sunshine " et "
North Star " se déroutent vers l'Angleterre
sans avoir accompli leurs missions, le " Mermaid "
va les rejoindre avec à son bord des malades. Davis
poursuit son voyage en empruntant pratiquement le même
chemin que l'année précédente poussant
vers le sud en direction du Labrador.
Il rentre en Angleterre sans avoir fait de nouvelles découvertes.
Il repart en mai 1587, la Merchants West Country ne lui
accorde pas sa confiance, et c'est Wiliam Sanderson qui
finance son troisième voyage. L'expédition
s'apparente à une campagne de pêche, trois
navires sont affrétés, le " Sunshine
", l' " Elizabeth " et l' " Ellen ".
C'est à bord de ce dernier qu'ilatteint la latitude
de 72° nord dans les environs d'Upernavik. Arrêté
par les glaces, il fait demi- tour, explore le Golfe Exeter,
retourne de nouveau dans la baie de Cumberland, traverse
le détroit de Frobisher, qu'il nomme Lumley Inlet
et arrive à l'embouchure du détroit d'Hudson
sans y pénétrer. Une fois de retour en Angleterre
Davis se sent frustré, il ne pourra organiser d'autres
expéditions arctiques.
Lors de ses trois voyages entre 1585 et 1587, Davis cartographie
le bras de mer situé entre la côte ouest du
Groenland et l'archipel canadien constitué des côtes
du détroit de Davis, de la côte est de l'île
de Baffin ainsi que de la côte nord de la baie Cumberland.
La banquise et les forts courants ne lui auront pas donner
la possibilité de poursuivre ses voyages. Il ramène
de ses expéditions plusieurs traités de navigation
essentiels dans les prochaines expéditions arctiques.
Il accompagnera Thomas Cavendish vers la Terre de Feu et
découvrira les Iles Falkland ( les Malouines) en
1592.
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Henry Hudson |
En 1607, Henry (ou Hendrick) Hudson ( v. 1575-1611) part
pour le compte de la Muscovy Compagny pour chercher le passage
du Nord-Est à bord du " Hopewel ". Il longe
les côtes est du Groenland vers le Nord pour atteindre
70° de lat. nord et observe le courant qui descend vers
le sud. Puis il atteint le Spitzberg et s'aventure jusqu'à
80° nord. Sur le chemin du retour, il découvre
une île qu'il nomme Hudson's Touches ( c'est l'île
Jean Mayen).
Hudson a dans l'idée que le passage d'un continent
à l'autre peut s'effectuer par l'extrême nord
car il pense que la région du Pôle est chaude
et donc libre de glaces.
Il entreprend un deuxième voyage vers le Nord-Est
en tentant cette fois-ci de passer au sud du Svalbarg. Après
plusieurs tentatives, il décide de mettre le cap
vers une terre aperçue en 1553 par Hugh Willoughby
. Il arrive finalement au cap South-Goose, pense à
repartir vers l'ouest pour tenter le passage du Nord-Ouest.
Il essuie un refus de son équipage et rentre en Angleterre.
En 1609, il reprend la mer vers le Nord-Est à bord
du " Half-Moon " armé par la Dutch East
India Compagny. Il va jusqu'à dans la Mer de Barents
et rencontre de la part de son équipage anglo-néerlandais
des refus de poursuivre l'expédition. Il décide
donc de faire demi-tour et de se diriger vers l'Amérique
pour tenter le Passage du Nord-Ouest. Il longe les côtes
de Terre-Neuve et descendant vers le sud, il arrive dans
la baie de New York et remonte un fleuve qui sera baptisée
de son nom. Il rentre en Angleterre, où il lui ait
réservé un mauvais accueil.
Le but de son dernier voyage, commencé en 1610,
est de pénétrer dans le détroit
signalé par Davis, ouvrant la route du passage
du Nord Ouest. Son bateau, le " Discovery "
armé par les Merchants Adventurer compte à
son bord une vingtaine d'hommes. Il arrive tardivement
en août dans la baie qui porte aujourd'hui son
nom. Il abordent les îles Digges et Wolstenholme
(Noms donnés en mémoire de deux mècenes
du voyage, Dudley Digges et John Wolstenholme).
Malgré un retour vers le sud, en pénétrant
jusque dans la baie James, le navire est bloqué
par les glaces . Il jette l'ancre dans la baie de Rupert.
L'équipage va vivre un hivernage forcé
dans d'effroyables conditions. |
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En juin 1611, après quatorze mois sans voir l'Angleterre,
une mutinerie éclate, déclenchée par
la demande d'Hudson de continuer la route. Hudson, son fils
de 16 ans, ainsi que sept membres de l'équipage sont
abandonnés sur une barque à la dérive.
Le reste de l'équipage, après plusieurs décès,
réussi à se rendre en Angleterre via l'Irlande.
Seuls Habacuc Prickett et Robert Bylot seront acquittés
lors du procès qui conduira les autres membres en
prison.
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Thomas Button |
Le
navigateur anglais Thomas Button ( ?-1634) est en charge
d'explorer la Baie d'Hudson et de trouver le Passage.
Il part de Londres en mai 1612 avec deux navires, le "
Resolution ", commandé par le capitaine Nelson
et le " Discovery ", commandé par le capitaine
Ingram. Prickett et Bylot sont embarqués comme pilotes.
Hormis la première traversée de la baie d'Hudson
d'est en ouest, il va reconnaître dans la première
partie de son voyage l'Ile Resolution et découvre
l'Ile Coast. A la mi-août, sur la côte ouest
de la baie, il s'aperçoit qu'il n'y a pas de passage
vers le Pacifique. A cette date il nomme la zone découverte
Hope's Chek'd ( échecs aux espoirs).
Après un hivernage à Port Nelson (nom du capitaine
du " Resolution ") à l'embouchure d'une
rivière qui porte aujourd'hui son nom, il remonte
vers le nord, découvre la rivière Churchill,
emprunte le détroit de Roes Welcome, longe la côte
sud-ouest de l'île Southampton, et repart vers les
îles Digges près d'Ivujivik. Il explore au
nord-ouest d'Ivujivik les Iles Notthingam et découvre
l'Ile de Mansel. Il rentre en Angleterre en septembre.
Si il n'a pas trouvé de Passage, son voyage est
riche d'enseignements : la baie d'Hudson est fermée
et des courants venus du nord-ouest lui laisse penser que
le passage se situe plus au Nord.
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William Baffin |
William Baffin (1584-1622) en qualité de pilote
se lance pour la première fois en 1615 à la
découverte du Passage du Nord-Ouest à bord
du " Discovery ", commandé par Robert Bylot
et armé par La "Compagnie des marchands de Londres,
découvreurs du Passage Nord-Ouest" .
Nous l'avons vu que Robert Bylot est un homme d'expériences
ayant accompagné Hudson et Button. William Baffin
a fait ses preuves dans l'Arctique au côté
de James Hall dans les mers du nord-ouest du Groenland en
tant que pilote du " Patience " puis auprès
de Robert Fotherby et Joseph Benjamin pour le compte de
la Muscovy Compagny lors de campagnes de pêches à
la baleine au Spitzberg.
Parti en mars 1615 d'Angleterre, ils explorent le sud de
la terre de Baffin, découvrent l'Ile de Mill, débarquent
sur les îles de Salisbury et Nottingham puis naviguent
vers l'ouest au nord de l'île Southampton et reviennent
à l'île Nottingham.
En mai 1616 Baffin et Bylot sur le même navire commencent
leurs deuxième voyage. Ils longent le nord du Groenland
jusqu'aux îles d'Upernivik . Il atteint 77º 45'
de latitude nord. Ils coupent le Détroit de Smith
à son entrée vers l'ouest. Ils redescendent
vers le sud, longeant la Terre Ellesmere puis découvrent
les îles Carey et le détroit de Jones.
Ils découvrent l'entrée du détroit
de Lancaster, qui correspond à l'entrée du
passage du Nord-Ouest. Ils mettent le cap vers le Groenland
après être passés si prêt du but.
Pourtant, Baffin une fois rentré en Angleterre affirme
que le passage du Nord-Ouest n'existe pas dans le Détroit
de Davis.
Voir
la carte de l'itinéraire
Hormis les voyages d'exploration en 1631 de la baie
d'Hudson de Thomas James ( v. 1593 - v. 1635) sur
la " Henrietta-Maria" et de Luke Foxe (1586-1635)
sur le " Charles " ( voir
les itinéraires ), c'est ainsi que se termine
le premier épisode anglais de la route du Passage
du Nord-Ouest.
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Illustrations tirées de :
Purchas His Pilgrimage - Samuel Purchas - 1626 |
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Jens Eriksen Munk |
En marge des expéditions anglaises le Danois Jens
Eriksen Munk (1579-1628) organise une expédition
en 1619. Munk est un navigateur confirmé, il parcoure
l'Atlantique, la Baltique, organise une expédition
( qui est un échec ) en 1609 vers la Nouvelle Zemble
et échoue dans la recherche du Passage du Nord-Est
à bord des navires " Angelibrand " et "
Cavalier ". Militaire reconnu, il est aussi un pêcheur
à la Baleine. Ces différentes expériences
l'amène à persuader le roi danois Christian
IV d'organiser une expédition vers le Nord-Ouest.
Il part le 9 mai 1619 avec deux bateaux, le " Een-Hiorningen
" (Enhjørningen - Licorne) et le " Lamprenen
" (Lamproie) avec soixante hommes d'équipage.
Arrivés dans le détroits d'Hudson, les
deux navires se séparent lors d'une tempête
à la fin août. Finalement les navires se
retrouvent deux semaines plus tard, et le premier hivernage
commence à l'embouchure de la rivière
Churchill. L'hivernage est terrible, un tiers de l'équipage
décède les uns après les autres,
ils sont atteints du scorbut et du froid. Au printemps,
il ne reste plus que trois hommes. Ils vont se nourrir
de racines, de baies, de feuilles et d'herbes. Le navire
est devenue une fosse commune ou les cadavres se décomposent.
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A la mi juin, les trois derniers rescapés retrouvent
l'énergie nécessaire pour organiser leur retour.
A la mi-juillet, ils repartent avec le " Lamprenen ",
ils arrivent à la mi août dans le détroit
d'Hudson alors que le scorbut refait apparition. Ils vont
ainsi braver plusieurs tempêtes et après plus
de soixante jours de navigation, ils atteignent sur leur bateau
transformé en épave flottante les côtes
norvégiennes. Après avoir faillit être
reparti rechercher le " Een-Hiorningen ", il reprend
la mer vers le Cap vert, vers la presqu'île de Kola
et participe à différentes campagnes de guerre.
Il publie en 1624 ses récits : "Navigatio Septentrionalis"
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L'intérêt va se porter de plus en plus sur la colonisation
des terres découvertes et l'exploitation des fourrures
et des richesses minières. Ainsi en 1670, se crée
sous l'initiative de Médart Chouard Des Groseillers et
de Pierre-Esprit Radisson la compagnie de la Baie d'Hudson.
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