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Deux
expéditons polaires
par Paul-Emile Victor |
Depuis
quelques années, les questions polaires sont
à nouveau à l'ordre du jour.
D'une part, la dernière guerre a mis en lumière
le rôle que les régions arctiques sont
appelées à jouer dans les relations
intercontinentales futures. D'autre part, la récente
expédition de l'amiral Byrd a rappelé
que le continent antarctique était à
peu près inexploré. Pour ces deux
raisons, le pôle N ord et le pôle Sud
retiennent actuellement, à des titres bien
divers il est vrai, l'attention d'un certain nombre
de nations.
Face aux problèmes polaires, la France ne
peut qu'adopter deux attitudes. En Arctique, tout
d'abord, elle ne peut espérer jouer un rôle
politique quelconque.
En fait, elle ne pourra que bénéficier
ou que souffrir, suivant le jeu des alliances et
des événements, des décisions
qui y seront prises dans les années à
venir. Cependant, la France est directement intéressée
par l'Arctique. Du point de vue scientifique d'abord,
ce qui avait motivé les remarquables expéditions
de Charcot et celles de mes compagnons et de moi-même
avant la guerre. |
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PAUL-EMILE
VICTOR ET L'ENSEIGNE DE VAISSEAU BERTRAND IMBERT,
HYDROGRAPHE DE L'EXPÉDITION ANTARCTIQUE,
TRAVAILLENT SUR UNE CARTE PARTICULIÈRE DE
LA CÔTE OUEST DU GROENLAND |
Certains
problèmes, auxquels on ne pourrait trouver une
solution satisfaisante après dix ans de travaux
et de recherches en laboratoire peuvent y être résolus
rapidement. De même, l'étude de certaines
questions particulières peut y être envisagée,
alors qu'elle ne saurait l'être dans nos régions
tempérées. La France est intéressée
par l'Arctique également du point de vue aéronautique.
Les lignes d'aviation futures passeront en effet de plus
en plus au-dessus de l'Arctique ou rencontreront de plus
en plus des conditions " polaires ".
Cela
suffit à expliquer le désir qu'a notre pays
d'être présent en Arctique. En Antarctique,
par contre, la position de la France est différente.
Nous possédons là-bas une terre, la Terre
Adélie, qui a été découverte
en 1840 par Dumont d'Urville. Si nous voulons la conserver,
il nous faut y affirmer notre présence.
Les
récentes discussions à propos des
îles Falkland prouvent d'ailleurs que de nombreux
gouvernements se préoccupent actuellement
d'acquérir des zones d'influence en Antarctique.
Ce souci n'est pas nouveau. En 1902, un congrès
international pour la découverte de l'Antarctique
avait été convoqué et quatre
nations décidèrent alors de partir
à la conquête du pôle Sud. L'Angleterre
envoya Scott ; l'Allemagne, von Drygalski; la Suède,
Nordenskjold et l'Ecosse, Bruce.
La France, elle, n'organisa aucune expédition.
Pourtant, aucun Français n'avait reconnu
cette terre à laquelle Dumont d'Urville donnait
en 1840 le nom de sa femme. Lui-même, en raison
du peu de moyens dont on disposait à cette
époque, n'avait pu que réussir à
débarquer sur un îlot proche de la
côte pour y planter un drapeau français.
Ainsi, bien que quatre pays, dont l'Allemagne et
la Suède qui ne s'étaient pas intéressées
à l'Antarctique jusqu'alors, eussent décidé
de conquérir cette région, la France
semblait se désintéresser du pôle
Sud et de la Terre Adélie. |
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UN
TRAÎNEAU A CHIENS, QUI VIENT D'ÊTRE LIVRÉ, EST SOIGNEUSEMENT
EXAMINÉ PAR PAUL-EMILE VICTOR ET DEUX MEMBRES DES
EXPÉDITIONS. |
Ce
fut pour réparer cette erreur que Charcot, quelques
années plus tard et de sa propre initiative,
partit avec le " Français " puis, plus
tard encore, avec le " Pourquoi-Pas ? " qui
fit naufrage en Islande en 1936.
Depuis 1936, l'Angleterre, l'Australie, les Etats-Unis,
la Norvège et bien d'autres pays encore sont
retournés en Antarctique, mais aucun drapeau
tricolore n'a flotté sur le continent austral
et aucun Français n'a encore posé le pied
sur cette Terre Adélie, depuis un siècle
que nous savons qu'elle existe. Aujourd'hui, à
l'heure où les Nations Unies peuvent être
bientôt saisies d'une demande de partage définitif
du continent antarctique, la France se devait d'affirmer
autrement que par des décrets qu'elle n'ignore
pas l'importance de ses territoires de l'extrême
Sud. Elle se devait aussi de montrer qu'elle n'a jamais
cessé de s'intéresser à la branche
scientifique des questions polaires, qu'il s'agisse
du Nord ou du Sud.
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C'est
pourquoi mes compagnons et moi avons décidé
d'organiser deux expéditions: l'une vers
l'Arctique, l'autre vers l'Antarctique. A cet effet,
une commission scientifique présidée
par M. le professeur Charles Maurain, de l'Institut,
et dont les vice-présidents sont M. de Martonne
et M. Louis de Broglie, également de l'Institut,
a été constituée. Elle a étudié
et mis au point les programmes de recherches, décidé
des méthodes qui seront appliquées
et du choix des appareils qui seront emportés.
Pour
l'une comme pour l'autre expédition, ces
programmes ont été approuvés
par l'Académie des sciences et par M. le
président de la République, tandis
que le Parlement décidait d'en faire subventionner
la réalisation par Je Centre National de
la Recherche Scientifique. |
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LE
NOUVEAU NAVIRE POLAIRE FRANCAIS . SUCCESSUER DU
CELEBRE "POURQUOI6PAS? ", IL PORTERA LE
NOM DE "COMMANDANT CHARCOT". |
L'Expédition
Arctique, à la préparation de laquelle
nous travaillons depuis plus de cinq mois, sera à
pied d'uvre d'ici peu. Le but de cette première
expédition est d'étudier, aux titres suivants,
la calotte glaciaire qui couvre le Groenland: a) nivellement
des profils de l'Inlandsis; b) établissement
de profils des substratums par sondages sismiques; c)
études de glaciologie ; en particulier, en ce
qui concerne l'accumulation et la dissipation du névé
ainsi que les températures et densités
en surface et en profondeur; d) tracé de profils
gravimétriques ; e) climatologie et météorologie;
f) sondages ionosphériques, étude de la
propagation des ondes radioélectriques et des
rayonnements du ciel nocturne; g) recherches sur les
poussières météoriques ; h) étude
de certains problèmes biologiques.
La
réalisation d'un tel programme de recherches
se fera en trois étapes. Tout d'abord, une première
unité, celle de l'été 1948, sur
place dans quelques jours et qui est composée
d'une vingtaine de participants, reconnaîtra le
terrain et mettra au point les méthodes de travail,
tout en entreprenant la .réalisation d'un programme
de recherches aussi complet que possible. Puis, probablement
en deux saisons, un groupe mobile traversera la calotte
glaciaire groenlandaise. Au cours de ces traversées,
les recherches porteront essentiellement sur le nivellement,
la gravimétrie, la glaciologie et les sondages
sismiques. Enfin, une station fixe fonctionnera pendant
deux années consécutives si possible.
Elle sera installée en plein centre de l'Inlandsis.
Les recherches porteront sur l'optique de la haute atmosphère,
la glaciologie et la météorologie. Cette
station et l'unité mobile seront ravitaillées
au moyen de parachutages par le groupe aéronautique
qui disposera d'un ou de deux avions.
Tandis que l'Expédition Arctique poursuivra ses
travaux, l'Expédition Antarctique prendra le
départ.
Dirigée par André-F. Liotard, qui vient
de participer à une expédition britannique
en terre de Graham, cette dernière répartira
son programme d'action sur plusieurs années,
de même que l'Expédition Arctique. Il n'eût
pas été possible, en effet, de prévoir
pour la première année un plan de recherches
scientifiques très détaillé. Il
importe d'abord d'aller reconnaître cette Terre
Adélie et de l'explorer, afin de savoir exactement
dans quelles conditions on peut y mener à bien
des travaux précis.
Pour
cette raison, l'expédition de cette année
sera réduite. Une douzaine d'hommes seulement
partiront en septembre prochain et hiverneront sur
le continent antarctique. Ce premier groupe aura
cependant de lourdes tâches à assumer.
L'une des principales sera d'établir le long
de la bande côtière de la Terre Adélie
(250 kilomètres environ) un réseau
de triangulation précis qui permettra de
tracer le dessin de la côte avec exactitude
et servira de départ aux travaux cartographiques
vers l'intérieur du continent.
L'équipe devra reconnaître en même
temps les itinéraires les plus commodes et
les plus sûrs pour se rendre d'un point à
un autre afin que le travail de la seconde expédition
soit facilité. |
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UN
DES VEHICULES A CHENILLES QUI SERONT UTILISES DANS
L'ARCTIQUE POUR L'EXPLORATION DE LA CALOTTE GLACIAIRE
DU GROENLAND |
Une carte marine de la Terre Adélie sera ensuite
levée, puis des sondages seront entrepris tandis
que M. Edouard Roch, chef du laboratoire de travaux
pratiques de géologie de la Sorbonne et directeur
scientifique de l'expédition, travaillant en
collaboration avec les cartographes, tracera l'esquisse
géologique des territoires parcourus.
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CARTE
DU GROENLAND OCCIDENTAL INDIQUANT LES CHAMPS D'ACTION
PRÉVUS DANS LE PLAN DE CAMPAGNE DE L'ExpÉDITION
ARCTIQUE ET LA RÉPARTITION DES RECHERCHES
PAR GROUPES DE TRAVAIL. IL EST CERTAIN QUE LES CONDITIONS
DE CLIMAT ET DE TERRAIN, IMPRÉVISIBLES DANS
CES RÉGIONS ET TOUJOURS DIFFICILES, PEUVENT
OBLIGER SUR PLACE L'EXPÉDITION A MODIFIER
PROFONDÉMENT CE PLAN D'ACTION. A) ZONE A
RECONNAÎTRE ET ZONE DE RECHERCHE D'UNE VOIE
D'ACCÈS VERS L'INTÉRIEUR DE L'INLANDSIS.
- B) POSITION ÉVENTUELLE DE REPLI ET ZONE
A RECONNAÎTRE AU CAS OU LA ZONE A S'AVÉRERAIT
IMPRATICABLE. - C) ZONE PROBABLE DE TRAVAIL DES
GROUPES III ET III' (CRYOPÉDOLOGIE, GLACIOMORPHOLOGIE)
. - D) POSITION PROBABLE DU GROUPE II (GÉODÉSIE
ET GÉOPHYSIQUE) . - E) ZONE PROBABLE DE TRAVAIL
DU GROUPE II' (GÉODÉSIE). - F) ZONE
PROBABLE DE TRAVAIL DU GROUPE I ET, ÉVENTUELLEMENT,
DU GROUPE II (GÉODÉSIE, GLACIOLOGIE,
SISMIQUE, GRAVIMÉTRIE, MÉTÉOROLOGIE.
)
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Tout
ceci ne représente qu'une partie des travaux
auxquels auront à se livrer les membres de
l'expédition. Il leur faudra en même
temps noter les conditions de séjour, le
comportement du matériel, les réactions
des appareils aux diverses températures et
la conservation des aliments. Enfin, sur le plan
physiologique, le médecin établira
des tests qui montreront comment les hommes supporteront
l'hivernage et ses fatigues.
[ Note hors texte :la première expédition
en Antarctique a bien eu lieu, mais le navire n'a
pas pu accoster, il a fallu une deuxième
expédition]
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La
mise en route de semblables expéditions est,
on le conçoit, extrêmement minutieuse.
C'est de la façon dont elles sont préparées,
qu'il s'agisse de l'Arctique ou l'Antarctique, que dépend
leur succès - quand ce n'est pas la vie même
de ceux qui y participent.
La
préparation d'une expédition, cela
commence par beaucoup de réunions. Cela
se continue par l'échange d'un nombre vraiment
incroyable de coups de téléphone.
Cela se poursuit par le classement sur fiches
de tous les sujets dont il a été
question au cours d'une des réunions. Puis
cela se continue encore par la réception
du matériel dont l'achat, après
avoir fait l'objet d'un échange de vues,
c'est-à-dire d'une fiche, a été
la cause de plusieurs coups de téléphone
et d'autant de démarches. Cela recommence
ainsi pour chacune des choses qu'il ne faut absolument
pas oublier: depuis le tube de pommade qui protégera
les lèvres et auquel doit penser le médecin,
jusqu'à l'avion que le chef de l'expédition
doit se faire attribuer, en passant par les pièces
de rechange pour l'équipement radio dont
le chef des transmissions doit dresser la liste
complète.
Parmi
ces innombrables problèmes à résoudre,
les trois plus importants étaient évidemment
ceux de l'équipement, de l'alimentation
et des transports. Un équipement individuel
standard a été mis au point par
les membres des expéditions polaires; inspiré
des expériences faites depuis quarante
ans tant en France qu'à l'étranger,
il est avant tout simple, robuste et pratique.
C'est pourquoi toutes les innovations insuffisamment
éprouvées en ont été
résolument bannies. Des équipements
spéciaux ont été étudiés
et mis au point. Tout d'abord un capuchon en duvet,
semblable à celui qui garnit les sacs de
couchage, puis un gilet en ce même duvet
sur lequel s'ajoute une veste toujours en duvet.
Des gants de soie permettront de travailler aux
appareils scientifiques avec plus d'aisance.
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LE BENJAMIN DE L'EXPÉDITION,
JACQUES MASSON, ESSAIE SON ÉQUIPEMENT. |
En
période d'inaction, ils seront complétés
par trois ou quatre autres gants venant se superposer
les uns sur les autres. Les chaussures ont fait l'objet
de recherches du même ordre. Les semelles en sont
différentes selon l'usage auquel elles sont destinées.
En ce qui concerne l'alimentation, il s'agissait d'établir
des rations nutritives tout en étant légères
et peu encombrantes. En collaboration avec l'Institut
d'Hygiène Alimentaire et l'Intendance, deux types
de rations ont été mises au point: les rations
de raid, qui donnent 4.660 calories par 1.080 grammes
et les rations " ordinaires ", qui seront utilisées
au camp de base et seront plus variées tout en
étant conformes aux équilibres alimentaires
et à la teneur en vitamines.
Ces questions d'équipement et d'alimentation étaient
moins difficiles à résoudre que celle des
transports. De la solution qui pouvait être donnée
à cette dernière dépendait, en effet,
l'existence même des expéditions et, en particulier,
de l'Expédition Antarctique.
Depuis la tragique disparition du Pourquoi Pas ? en Islande,
la France ne possédait plus de navire polaire.
Il nous en fallait un pour gagner la Terre Adélie.
Grâce à une subvention du ministère
de la France d'outre-mer, ce bateau est aujourd'hui à
notre disposition. Construit aux Etats-Unis en 1942, il
est du même type que ceux utilisés actuellement
par les Américains pour l'installation des postes
météorologiques dans l'Arctique. C'est également
sur un navire de même catégorie, le "
City of Beaumon "t, que l'expédition Finn
Ronne a gagné l'Antarctique, ainsi d'ailleurs que
le John Biscoe de l'expédition britannique en Terre
de Graham, à laquelle participa André-F.
Liotard. Il s'agit donc d'un navire qui a déjà
fait ses preuves.
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QUELQUES
MEMBRES DES EXPÉDITIONS. EN HAUT, DE GAUCHE
A DROITE: ANDRÉ-F. LIOTARD, CHEF DE L'EXPÉDITION
ANTARCTIQUE ; RAYMOND LATAR]'ET, DU COMITÉ
DIRECTEUR; MICHEL PEREZ, GLACIOLOGISTE DE L'EXPÉDITION
ARCTIQUE.
- AU CENTRE, DE GAUCHE A DROITE: DOCTEUR ROBERT
GESSAIN, DU COMITÉ DIRECTEUR; ROBERT POMMIER,
DE L'EXPÉDITION ANTARCTIQUE; LE DOCTEUR SAPIN.
JALOUSTRE, MÉDECIN DE CETTE MÊME EXPÉDITION.
- EN BAS, DE GAUCHE A DROITE: YVES VALETTE, CARTOGRAPHE
DE L'EXPÉDITION ANTARCTIQUE; JEAN MARTIN,
GÉOPHYSICIEN DE L'EXPÉDITION ARCTIQUE;
SAMIVEL, PEINTRE ET CINÉASTE DE CETTE MEME
EXPÉDITION.
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Si nous avions un bateau il nous fallait aussi,
pour l'expédition Arctique, des véhicules
à chenilles. Le ministère des Armées
et le ministère de la France d'outre-mer
ont bien voulu en mettre un certain nombre à
notre disposition, en nous prévenant toutefois
qu'il s'agissait d'engins provenant des surplus.
C'est-à-dire que lorsqu'ils nous ont été
délivrés ils étaient pratiquement
inutilisables, car ils étaient restés
depuis trois ans exposés aux intempéries.
Cependant, un mois et demi plus tard ces véhicules
étaient parfaitement remis à neuf,
et ceci grâce, en particulier, aux efforts
des techniciens mis à notre disposition.
Si je tiens à souligner ce fait, c'est afin
que l'on sache combien grand a été
le concours des organismes publics auxquels nous
avons eu à nous adresser. Sans ces appuis,
il est vraisemblable qu'aucune des deux expéditions
n'eût pu être envisagée.
Cependant, la préparation d'une mission polaire
ne consiste pas uniquement à prévoir
et à rassembler les innombrables choses nécessaires
à un séjour dans l'Arctique ou dans
l'Antarctique. Avant le départ, chaque membre
des expéditions, bien que déjà
spécialiste d'une technique ou d'une science,
doit suivre un entraînement technique et scientifique
intensif et parfois de longue durée. Chacun
doit également être aussi bien documenté
que possible sur les régions qu'il va aborder.
Pour
cela, un fichier a été constitué
au siège des missions polaires. Tous les
ouvrages traitant des questions arctiques et antarctiques
y ont été rassemblés et dépouillés,
de même que les rapports des précédentes
missions polaires françaises ou étrangères.
Une
documentation cartographique et photographique
a également été réunie
dans le même but. C'est ainsi que la collection
de clichés aérienne. de la Terre
Adélie, que l'amiral Byrd a promis de nous
envoyer, nous permettra d'établir avec
plus de facilité notre base et nos itinéraires
de raids. Enfin, en ce qui concerne l'Antarctique,
il est un aspect des questions polaires qu'il
ne faut pas non plus négliger: l'aspect
juridique. Le problème des souverainetés
pose, dans l'Antarctique, des questions de droit
international qui échappent à toute
jurisprudence établie. L'étude de
ces questions doit donc être menée
avec le plus grand soin, afin que nos représentants
à d'éventuelles conférences
internationales puissent s'appuyer sur une argumentation
solide et affermir ainsi la position de notre
pays.
C'est
pourquoi, en plus des dizaines de dossiers qu'ils
ont eu à étudier, les chefs d'expédition
ont dû aussi prendre connaissance des correspondances
diplomatiques échangées entre certaines
nations au sujet du continent austral.
Ainsi, la préparation d'une mission polaire
demande presque autant d'efforts que la mission
elle-même.
C'est sans doute pourquoi il est réconfortant
de penser que ces deux missions polaires françaises
ont pu être mises en route malgré
les difficultés actuelles. Cela prouve
non seulement que la France entend ne pas se désintéresser
de quoi que ce soit qui puisse contribuer à
sa grandeur, mais aussi, plus largement, qu'elle
entend collaborer, dans ce domaine comme dans
d'autres, aux progrès de la science pour
une meilleure connaissance de notre terre et de
l'homme.
Photographies France-lIlustration et Rapho.
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MLLE
ALINE, SECRÉTAIRE DES EXPÉDITIONS,
RESPONSABLE DU CLASSEMENT DES DOCUMENTS.
AU MUR, LE PAVILLON DE PAUL-EMILE VICTOR. |
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CI-CONTRE,
EN HAUT A GAUCHE: QUELQUES MEMBRES DE L'EXPÉDITION
ANTARCTIQUE ÉTUDIENT LE PLAN DE LA BARAQUE
DANS LAQUELLE ILS HIVERNERONT. - A DROITE: MARRET,
CHEF DES TRANSMISSIONS, MET AU POINT UN DES POSTES
RADIO QUI PERMETTRONT AUX DEUX EXPÉDITIONS
DE COMMUNIQUER AVEC LA FRANCE, - EN BAS A GAUCHE:
PAUL-EMILE VICTOR ACHÈVE LE SCHÉMA
D'UN NOUVEAU TRAINEAU. - A DROITE: APRÈS
LE DINER' ON DISCUTE ENCORE ET L'ON FAIT DES PLANS.
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