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LES INFORMATIONS


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Titre
Avril 2004
Les arguments pour la régulation du tourisme commercial en Antarctique

Pendant presque une décennie, il n'y a pas eu de débat au niveau politique sur la question du tourisme en Antarctique, et pourtant durant ces années la quantité de touristes a progressé d'environ 300%. A la XXIVe Réunion consultative du Traité en Antarctique (RCTA) (Saint Petersbourg, 2001), l'ASOC a rouvert la question de la réglementation du tourisme en Antarctique. Après des initiatives de l'ASOC et de quelques pays préoccupés par le développement du tourisme en Antarctique, comme la France, le tourisme est maintenant une des questions les plus importantes à débattre et à inscrire dans les prochains agendas de rencontres par les pays consultatifs du Traité de l'Antarctique.  

Actuellement c'est le tourisme commercial - le transport de passagers par opérateurs touristiques - qui présente le problème le plus urgent à traiter, vu son accroissement exponentiel. Il y a sûrement d'autres problèmes liés aux activités en Antarctique à traiter, comme par exemple les expéditions privées, les voyages de voiliers, les activités des organisations écologiques ou les activités de temps libre des équipes des programmes nationaux de recherche, mais ces activités sont différentes du tourisme commercial et ont besoin d'une régulation spécifique.

L'ASOC accepte que le tourisme en Antarctique (à savoir, la région au sud de la Convergence Antarctique) soit une activité légitime. Cela dit, le tourisme n'est pas une priorité formelle du Traité de l'Antarctique ou du Protocole Environnemental comme le sont : la paix, la coopération internationale, la recherche scientifique ou l'environnement. Selon l'article 3 (J.O n° 222 du 25 septembre 1998 page 14629.) du protocole du Traité de l'Antarctique, relatif à la protection de l'environnement (principes relatifs à la protection de l'environnement):

"La protection de l'environnement en Antarctique et des écosystèmes dépendants et associés, ainsi que la préservation de la valeur intrinsèque de l'Antarctique, qui tient notamment à ses qualités esthétiques, à son état naturel et à son intérêt en tant que zone consacrée à la recherche scientifique, en particulier celle qui est essentielle pour comprendre l'environnement global, constituent des éléments fondamentaux à prendre en considération dans l'organisation et la conduite de toute activité dans la zone du Traité sur l'Antarctique. "

  Etant donné que le tourisme constitue une industrie importante et en expansion, il est nécessaire que cette activité soit réglementée par le système du Traité de l'Antarctique et qu'elle ne soit pas laissée uniquement à une "auto-réglementation" par l'industrie elle-même. Par conséquent l'ASOC réfute les arguments avancés contre l'adoption d'actions en matière de tourisme - en bref, qu'il n'y a pas de problème avec le tourisme ou s'il y en a, il n'y a pas de problèmes que l'industrie ne puisse solutionner d'elle-même.

Le développement très rapide du tourisme (les projections par l'industrie touristique sont d'environ 26,000 touristes sur la saison 2006-07) fait naître des inquiétudes portant sur :
- l'intensité croissante des activités touristiques générant l'accroissement des pressions sur l'environnement
- la pénétration du système politique de l'Antarctique par l'industrie touristique et son influence croissante sur la prise de décisions par le Système du Traité de l'Antarctique.

Les opérations touristiques sont en train de changer de formes. Traditionnellement (avant l'expansion commencée au début de la décennie des années 90) la majorité des opérateurs utilisaient des brise-glaces de capacité de moins de 200 passagers et visitaient un nombre modéré de lieus différents, principalement sur la Péninsule Antarctique. Maintenant, il y a beaucoup plus de choix de bateaux - quelques-uns avec une capacité de 1.000-1.500 passagers ou plus, ce qui ne correspond pas normalement à la capacité de ces brise-glaces (et donc avec lesquels les risques d'accidents sont beaucoup plus grands). Il y'a de nouvelles modalités de tourisme, comme des fly sail , transport aérien qui permet aux touristes d'éviter le Passage de Drake et ses tourmentes…  

Il y a aussi de nouveaux itinéraires comme la région de la Mer de Ross ou le tour de l'Antarctique. Toutefois, beaucoup de touristes se concentrent de plus en plus les mêmes lieus de l'Antarctique - les must see ou lieus populaires, comme l'Ile Déception : le tourisme de masses est donc arrivé en Antarctique. Le prochain développement - s'il l'on ne l'arrête pas avant - serait la construction d'infrastructures touristiques sur le continent, comme par exemple des hôtels. Un nouveau phénomène apparaît, il s'agit du " tourisme d'aventure " organisé qui pénètre de plus en plus à l'intérieur du continent - comme l'ascension de pics vierges, et même l'accès au Pole Sud. Ce sont les nouveaux " explorateurs ", les précurseurs de tourisme de masses. Les problématiques connues sur les pentes de l'Everest vont se faire aussi sentir en Antarctique.

Naturellement, les risques des impacts sur l'environnement seront croissants et parallèles aux activités humaines. Les activités touristiques sur l'Antarctique se concentrent sur les lieus les plus attractifs, normalement caractérisés pour leur diversité biologique ou pour leur attrait historique, zones où les risques d'impacts directs, indirects ou cumulatifs sont les plus grands.

  Les activités de tourisme, comme toutes les activités humaines en Antarctique, doivent respecter l'obligation liée au Protocole Environnemental de procéder à des évaluations d'impact sur l'environnement (EIE) avant d'autoriser de telles activités. L'objectif des EIE est d'établir par rapport aux activités proposées l'identification des impacts potentiels sur l'environnement et leur conséquence, et d'étudier les mesures pour les réduire. En fait, les EIE sont les seuls dispositifs permettant de décider si une activité en Antarctique - n'importe laquelle - peut ou non se poursuivre. (Inévitablement la majorité des EIE préconisent que les activités touristiques peuvent se poursuivre) .

Les EIE ont été désignées pour statuer sur des activités comme la construction des bases - à savoir, activités en une localité déterminée où la faune, la flore, etc. sont relativement bien connues et où il est possible de planifier la surveillance de l'environnement sur du long terme. Par conséquent son fonctionnement n'est pas adéquat pour des activités comme le tourisme, qui est par définition une activité non sédentarisée et où l'itinéraire définitif de chaque trajet est défini par rapport à des contraintes logistiques. Les EIE sont nécessaires, mais ne sont certainement pas suffisantes, comme mécanisme de control du tourisme. Donc, d'autres dispositifs sont nécessaires.

En débattant de cette question, il y'a de pays qui supportent l'"auto-réglementation" par l'industrie - comme les Etats Unis et la Grande Bretagne. Pour ces pays " libéralistes ", quelques lignes directrices spécifiques pour des questions particulières liées aux opérations de tourisme étaient suffisantes pour prévenir ou éliminer tous les effets négatifs de ces activités. En revanche, il y'avait des pays qui privilégiaient la voie de la régulation du tourisme par le système du Traité de l'Antarctique - comme la France et l'Espagne - avec des dispositifs spécifiques.  

A la XXVe RCTA (Varsovie, 2002) un débat a eu lieu sur le document de travail (XXV ATCM/WP2) présenté par la France portant sur des propositions concernant la réglementation des activités touristiques et non gouvernementales et la question d'une annexe additionnelle. Selon le rapport final de cette réunion:

" Un certain nombre de délégations ont estimé qu'une nouvelle annexe du Protocole relatif à la protection de l'environnement sur la réglementation du tourisme et des activités non gouvernementales comme l'avait proposé la France n'était pas nécessaire. Elles étaient en effet d'avis que le Protocole traite de manière efficace les aspects du tourisme liés à l'environnement. Il n'empêche qu'un certain nombre de questions telles que la santé, la sécurité et l'assurance, en particulier des expéditions touristiques à haut risque ("tourisme d'aventure") suscitaient des préoccupations. "

  A Varsovie l'ASOC a défini les options qui s'offrent aux Parties pour réglementer le tourisme. L'ASOC croit que les options les plus appropriées sont la réglementation par le biais d'une ou plus annexe additionnelle au Protocole, une mesure dans le Traité ou un nouvel outil lié aux dispositifs du Traité en Antarctique - une Convention pour la réglementation du tourisme en Antarctique. Nous avons aussi proposé l'utilisation de mesures complémentaires dans le cadre d'un dispositif portant sur les navires se livrant à des activités de tourisme dans l'Antarctique en impliquant la compétence de l'État abritant les navires.

Le débat ne fait que commencer. La question du tourisme en Antarctique sera approfondie à la prochaine réunion consultative du Traité sur l'Antarctique (Cape Town, juin 2004) et a déjà été débattue lors d'une réunion de travaille préliminaire en Norvège (Tromso, 22-25 de mars de 2004 voir la synthèse).

Alors, pour ou contre la régulation du tourisme? Pour tenter de répondre à cette question il faut rappeler que le système du Traité en Antarctique ne fonctionne pas par majorité des votes mais par consensus. Donc, la résolution de cette question devra passer par l'acceptation de ces données par l'ensemble des pays consultatifs du Traité de l'Antarctique. L'ASOC espère que ces résolutions iront dans le sens de la préservation de l'environnement.

Photos de l'Isle Deception aux South Shetland Islands, janvier-fevrier 2002, © Roura.

Ricardo Roura

- Ricardo Roura représente la Coalition sur l'Antarctique et l'Océan Austral (ASOC - Antarctic and Southern Ocean Coalition ), coalition des associations environnementalistes formée en 1978 sous forme d'une ONG qui regroupe plus de 200 organisations environnementalistes réparties dans 50 pays . R. Roura est le coordinateur pour l'Europe de la campagne sur les activités touristiques en Antarctique.

Contact :
The Antarctic and Southern Ocean Coalition - ASOC
Adresse postale : 44 II P v.d. Doesstraat
1056 VH Amsterdam, Hollande
Tel. & fax: +31 20 683 8133

Email: ricardo.roura@worldonline.nl
Le site : http://www.asoc.org



A consulter sur notre site :

Les arguments pour la régulation du tourisme commercial en Antarctique

Document de travail soumis à la Vingt-cinquième réunion consultative du Traité sur l'Antarctique (Varsovie, 2002) par la France

Document d'information soumis à la Vingt-sixième réunion consultative du Traité sur l'Antarctique (Madrid, 2003) par la France.
  Annexes :

Données sur les flux de touristes en Antarctique

La nouvelle découverte de l'Antarctique

Rapport du Pdt. de la réunion d'experts du traité sur l'Antarctique sur le tourisme et les activités non gouvernementales (mai/juin 2004)

A qui appartient l'Antarctique ?
Par Anne Choquet

Réglementation française en Antarctique



Si vous aussi vous avez des bulletins d'associations, des articles de presse, des illustrations ou toute information pouvant nous apporter des éléments de recherche ou de réflexion, nous les traiterons avec grand plaisir.


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