Point
10 de l'ordre du jour, Tourisme et activités
non gouvernementales dans la zone du Traité
Rapport du groupe de discussion intersessionnelle
et informelle sur les activités touristiques
en Antarctique
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La France a soumis un document de travail à la Vingt-cinquième
réunion consultative (Varsovie, 2002) mettant en
avant l'utilité d'une nouvelle annexe au Protocole
de Madrid relative aux activités touristiques en
Antarctique (XXV ATCM/WP 02).
Cette proposition a conduit à des discussions au
sein du groupe de travail sur les questions juridiques et
institutionnelles. Le Rapport final de la Vingt-cinquième
réunion consultative mentionne que plusieurs délégations
présentes à cette réunion ont exprimé
leur intérêt pour les questions relatives au
tourisme et que la France s'était proposée
pour coordonner une discussion informelle intersessionnelle
afin de préparer des débats complémentaires
sur le tourisme à la Vingt-sixième réunion
consultative (Madrid, 2003).
Dans cette perspective, deux directions ont été
privilégiées :
- utilité et pertinence d'une réglementation
qui serait adoptée dans le cadre des réunions
consultatives sur les activités touristiques,
spécialement en matière de santé,
de sécurité et d'assurance ;
- que signifie le terme " tourisme " ainsi
que " une activité non-gouvernementale "
?
Afin de nourrir cette discussion, différents
éléments complémentaires ont été
abordés :
- recensement des instruments juridiques sur le tourisme
en Antarctique dans les réglementations nationales
(lois et règlements, actions administratives
et mesures d'exécution, pour garantir le respect
du Protocole de Madrid) ;
- compilation des documents de travail et des documents
d'information soumis aux différentes réunions
consultatives depuis 1961 ;
- établissement d'une liste de références
sur le tourisme qui peuvent être utiles comme
base de travail (ouvrages, articles de revues, adresses
de sites internet). |
Différentes personnes relevant de onze Etats ont participé
à la discussion : Allemagne, Argentine, Australie,
Belgique, Chili, France, Italie, Japon, Norvège, Nouvelle-Zélande,
Pays-Bas. L'Association internationale des tours-opérateurs
de l'Antarctique (IAATO) et la Coalition pour l'Antarctique
et l'Océan Austral (ASOC) ont également participé
à la discussion.
Le principe qui a toutefois été retenu pour
mener les discussions a été de reconnaître
que les idées et positions qui seraient exprimées
lors des discussions ne reflèteraient pas nécessairement
les idées et/ou positions de l'Etat ou de l'organisation
à laquelle la personne qui l'exprime appartient.
Cette approche a été retenue pour permettre
aux participants aux discussions d'avancer plus rapidement.
Des discussions qui ont été menées,
trois idées peuvent ressortir :
- l'utilité d'une réglementation pour
les activités touristiques en Antarctique ;
- l'utilité d'une discussion sur la définition
des activités touristiques et non-gouvernementales
;
- l'utilité d'une discussion sur la forme de
la réglementation. |
1. L'utilité d'une réglementation pour
les activités touristiques en Antarctique
A chaque fois qu'il a été question d'activités
commerciales en Antarctique, les Etats ont établi
un texte conventionnel consacré à l'activité
en question. La Convention de Londres sur la protection
des phoques de l'Antarctique, la Convention de Canberra
sur la conservation de la faune et la flore marines de l'Antarctique
en témoignent. L'objectif des auteurs du Protocole
de Madrid était d'assurer une protection globale
de l'environnement en Antarctique. De ce fait, toutes les
activités menées en Antarctique, dont le tourisme,
sont soumises à une réglementation développée
dans le cadre du système du Traité sur l'Antarctique.
Néanmoins, depuis l'adoption du Protocole de Madrid,
le tourisme s'est fortement développé et diversifié.
L'environnement en Antarctique doit être protégé
des effets de cette activité humaine accrue, surtout
qu'elle peut être source d'impacts cumulés
qui ne sont pas toujours pris en compte lors de la préparation
des expéditions touristiques organisées.
Il est indispensable de réagir avant que cette activité
ne puisse plus être suffisamment encadrée.
D'ailleurs, sur la base du principe de précaution,
on ne peut que s'attendre à une telle réaction
face à une activité en pleine expansion. Si
elle n'est pas suffisamment réglementée à
temps, cette activité continuerait à se développer,
entraînant de graves atteintes à l'environnement
avant d'être maîtrisée.
Le bilan en matière d'activités touristiques
n'est pas complètement négatif. Il n'est sans
doute pas souhaitable de prohiber le développement
du tourisme, à condition que celui-ci reste contrôlé.
Il ne faudrait pas négliger le fait que, entre autres,
certains Etats, des organisations non-gouvernementales et
l'IAATO ont fait part à différentes réunions
consultatives de leurs préoccupations face à
ce phénomène grandissant. En témoigne
l'importance des documents de travail et des documents d'information
présentés aux réunions consultatives.
Ces différentes contributions ont permis de relever
de nombreuses questions nées du développement
du tourisme. Elles ne sont pas toutes ardues. Il semble
toutefois important de faire le point sur celles-ci.
A partir de ce tableau, on pourra mettre en avant les questions
qui posent réellement problème et qui méritent
une discussion constructive au sein des organismes compétents.
Il est indispensable que tous ceux qui sont concernés
puissent discuter, ensemble, du tourisme. L'industrie du
tourisme et les Etats soucieux de la protection de l'environnement
en Antarctique doivent pouvoir faire partager leurs préoccupations.
La question du tourisme en Antarctique prend une place
importante lorsqu'il est question de santé, de sécurité
et d'assurance. Cette question est apparue récemment
lorsque l'on a noté le nombre important d'incidents
lors d'activités non-gouvernementales au cours de
la saison 2001-2002.
Il est important de voir l'étendue réelle
de cette évolution. Le groupe de discussion informelle
a commencé à se pencher sur ce sujet. Il est
en effet indispensable que l'on sache réellement
la fréquence et la portée des demandes d'aides
adressées aux responsables de programmes nationaux.
Outre le nombre de ces demandes, il faudrait savoir, par
exemple, le type d'incident, le coût de participation
de l'Etat partie, les remboursements faits par les organisations
non-gouvernementales, les causes de l'incident.
Une telle étude ne doit pas être ponctuelle,
ni porter sur une année donnée mais sur plusieurs
années. Cela devrait permettre d'étudier les
conséquences des activités non-gouvernementales
en Antarctique et de voir dans quel sens le corpus juridique
existant doit être renforcé.
2. L'utilité de réfléchir à
la définition du tourisme et les activités
non-gouvernementales
Le Protocole de Madrid emploie, à différentes
reprises, l'expression " activités entreprises
dans la zone du Traité sur l'Antarctique relatives
aux programmes de recherche scientifique, au tourisme et
à toutes les autres activités gouvernementales
ou non gouvernementales dans la zone du Traité sur
l'Antarctique " (art.3 (4), art. 8 (2), art.15 (1)
and art.1 (1) de l'Annexe III). Quatre types d'activités
sont à distinguer : les programmes de recherche scientifique,
le tourisme, les activités gouvernementales, les
activités non-gouvernementales. Le Protocole de Madrid
ne précise pas quelles sont les personnes qui entrent
dans ces catégories.
Puisqu'il est question de rechercher l'utilité d'une
réglementation relative aux activités touristiques,
la question de la définition du tourisme se pose
inévitablement. De fait, il apparaît, à
la lecture des réglementations nationales, que les
activités touristiques sont plus ou moins clairement
définies.
Les activités non-gouvernementales sont variées.
Deux approches sont envisageables. On peut choisir de catégoriser
au plus près les activités touristiques ou,
au contraire, de chercher des définitions plus générales.
Dans leur réglementation nationale mettant en uvre
le Protocole de Madrid, les Etats ont adopté l'une
ou l'autre de ces deux démarches en matière
de réglementation du tourisme. Dans le cadre de la
fixation de règles applicables à tous dans
la zone du Traité, il est nécessaire d'avancer
dans cette problématique.
3. L'utilité d'une discussion sur la forme de
la réglementation
Si l'on reconnaît l'utilité d'une réglementation
des activités touristiques et non-gouvernementales
en Antarctique ainsi que l'utilité d'une discussion
sur la définition de ces activités, il faudra
également réfléchir sur la démarche
à suivre et plus précisément sur la
forme que devrait prendre cette réglementation.
Il n'y a pas, à proprement parler, de vide juridique
en matière touristique. Des règles internationales,
des législations nationales, des codes de conduites
contribuent à la gestion du tourisme en Antarctique.
Le besoin porte plutôt sur l'harmonisation des règles
applicables, sur leur degré de précision,
ainsi que sur l'efficacité globale du dispositif
mis en place.
Des mesures réglementaires ont en effet été
adoptées par les Etats sur le territoire desquels
des activités touristiques sont organisées.
Des relations sont entretenues entre les tours-opérateurs
et ces Etats. Il est toutefois important que les règles
adoptées soient réellement respectées.
Mais surtout, il est prioritaire que les Etats qui n'ont
pas encore réglementé les activités
touristiques fassent en sorte que des règles nationales
existent.
Le nombre de participants aux discussions informelles sur
le tourisme a montré la prise de conscience progressive
de la place occupée par l'industrie du tourisme dans
les activités humaines en Antarctique et de ses conséquences
en matière environnementale. La question du tourisme
est régulièrement étudiée lors
des réunions consultatives lorsque des documents
de travail y sont soumis. Toutefois, une discussion plus
formelle doit être organisée.
En raison de l'augmentation du nombre de touristes et des
activités de ce type, il est important de voir comment
les réglementations existantes, qu'elles soient adoptées
sur la base des lignes directrices de l'Association internationale
des tours-opérateurs de l'Antarctique (IAATO) ou
sur la base des réunions consultatives, peuvent être
mieux mises en uvre et contrôlées.
De plus, puisque les mesures nationales diffèrent
d'un Etat à l'autre en matière touristique,
il faudrait réfléchir à la démarche
qui pourrait être adoptée afin de faire en
sorte que, sans faire nécessairement une annexe séparée
sur le tourisme, des lignes directrices puissent être
harmonisées et surtout respectées.
Reposant sur un système de discussion par voie électronique,
la discussion n'a réellement fait que commencer.
Petit à petit, le groupe de discussion s'est étoffé.
Le nombre important de participants démontre clairement
l'utilité d'une discussion sur le sujet. Plus que
d'avoir cherché des solutions au problème
du développement du tourisme en Antarctique, les
discussions ont surtout permis d'identifier des préoccupations
communes et des problématiques. Il reste maintenant
à voir comment cette discussion peut être poursuivie,
pour que les objectifs, fixés au départ, puissent
être effectivement atteints.
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