L'EXPEDITION VERS LE POLE
Le départ vers le Pôle
Après deux tentatives infructueuses les 26 et 28 février,
Nansen et Johansen quittent définitivement le Fram le 14 mars 1895.
Les deux compagnons emportent deux kayaks et trois traîneaux. Le
matériel de campement comprend un sac de couchage doublé
en peau de renne, une tente en soie et un fourneau à pétrole
avec 16 litres de combustible.

Fourneau à pétrole
Des fusils à deux coups, 180 cartouches à balles et 150
en plomb, quelques instruments scientifiques (petit théodolite,
sextant de poche, horizon artificiel, plusieurs compas, baromètres
anéroïdes, thermomètres, lunette et appareil photographique)
sont chargés.
Les vivres sont principalement constitués de viande et de poisson
séché et pulvérisé, de biscuits, pain de gluten,
et de 39 kg de beurre.
L'équipement vestimentaire se compose de deux chemises de laine,
d'une veste en poils de chameau, d'un épais jersey, de deux caleçons
de laine, de Knickerbockers, de guêtres en gros drap, et d'un surtout
en grosse toile destiné à les protéger de la neige.
Des mocassins lapons et des chapeaux de feutre doublés de drap
complètent la garde-robe des deux explorateurs.
Le poids des bagages, véhicule compris est de 663 kg répartis
sur 3 traîneaux tirés par vingt-huit chiens.
Après
un début sur une glace unie, des amoncellements de neige ralentissent
la progression, obligeant les deux explorateurs à porter leurs
traîneaux. Puis la glace devient absolument plane, permettant des
étapes de plus de 14 milles. Le 20 mars, la température
est de - 42° C. A cause du froid, les vêtements gèlent
au contact de la sueur et deviennent durs comme de la pierre. Nansen est
blessé à un bras par la manche de sa veste qui entaille
la chair jusqu'à l'os. La plaie ne se referma que l'été
suivant.
Couverts d'une épaisse cuirasse de glace, les vêtements ne
fondent que la nuit au contact des sacs de couchage, laissant les compagnons
dans une constante humidité.
Le 22 mars, les deux hommes dépassent 85° N et réalisent
une étape de 21 milles. A partir du lendemain, la glace redevient
très accidentée. Il faut à nouveau porter les traîneaux.
La progression est longue et dangereuse et les deux hommes sont épuisés.
Chaque matin, Nansen tient à jour son journal. Ensuite débutent
les préparatifs qui nécessitent parfois jusqu'à sept
heures de travail, et enfin commence la marche qui dure neuf à
dix heures. Certains chiens malades sont sacrifiés et servent de
nourriture aux autres.
Le 3 avril, la position est décevante 85° 59' N. Alors que
les compagnons marchent vers le Nord, la banquise doit dériver
vers le Sud.
Ils sont à la merci des vents et des courants. Les chiens, qui
ne sont pas en assez grande quantité, faiblissent.
Après avoir atteint en vingt-trois jours le point le plus au Nord
jamais atteint auparavant, 86° 10', Nansen décide, le 8 avril,
d'arrêter la progression vers le Nord et de battre en retraite sur
le cap Fligely, la terre la plus au Nord de l'archipel François-Joseph.
Sources iconographiques : L'Illustration 27 mars 1897 (illustrations
d'aprés les photograpies réalisées durant l'expédition)
|