LES BASES DERIVANTES EN ARCTIQUE
Les bases dérivantes russes
Que ce soit au niveau scientifique, économique ou politique, les
Russes dominent, par la mise en place de moyens considérables,
la conquête de l'Arctique dès 1930.
Lors
de la deuxième année polaire internationale (idée
avancée par le météorologue allemand Georgi, (voir
le dossier Wegener au Groenland), l'URSS possède plus de cinquante
stations du Cap Nord au Kamtchaka. Otto Schmidt, qui est le directeur
du GLAVESMORPUT (Centrale de la Route Maritime du Nord), a pour mission
de développer les axes de communication et la navigation arctique.
Après ses expériences à bord des brises-glaces Sibiriakov
et Tcheliouskine, il permet le développement aérien pour
des interventions en milieu arctique.
O. Schmidt expose en février 1936, à Staline et aux responsables
du Kremlin, le projet d'installer une base dérivante russe afin
d'étudier le contexte météorologique et océanographique
des régions arctiques.
Le
21 mai 1937, Ivan Papanine (1894 -1986) mettant à profit ces différentes
avancées, se fait déposer par avion sur la banquise pour
effectuer la première dérive d'une base. Ce sont quatre
avions au total qui vont débarquer le matériel nécessaire
à la construction de la base ainsi que trois autres membres, Piotr
Chirchov, Eugen Fedorov et l'opérateur radio Ernest
Krenkel.
La dérive dure 274 jours et est suivie par le monde entier grâce
aux messages radio adressés par Krenkel. En parallèle de
la mission scientifique, il est à noter que les deux premières
liaisons aériennes transpolaires russes ont lieu entre l'URSS et
les USA.
L'idée d'une base avancée, servant de relais radio pour
les guidages des avions sur une zone où le compas magnétique
est perturbé, est une idée qui fera son chemin après
la deuxième guerre que ce soit à l'Est ou à l'Ouest.
(voir le dossier complet
sur cette dérive).
Le 23 avril, trois avions LI 2, pilotés par Ivan Cherevichny, Kotov
et Vitali Maslennikov, déposent au Pôle quatre scientifiques
: Pavel Gordiyenko, Pavel Seneko, Mikhaïl Somov et Mikhefl Ostrekin
(URSS).
M.M. Somov (1908-1973) et A.F.Treshnikov (1914-1991) sur la station PN2
se laissent dériver pendant un an d'avril 1950 à avril 1951.Cette
nouvelle campagne permet à Gakkel de découvrir les monts
Momonosov. Le fond de l'Océan Arctique n'est pas plat. Le mont
est en fait une dorsale de 1.800 km passant sous le Pôle et unissant
les marges continentales sibérienne (mer Laptev) et canadienne
(Ile d'Ellesmere). Cette dorsale est large de 60 à 200 km, 1.000
mètres la séparent de la surface.
Le 9 avril 1954, Trechnikov prend la direction de la station PN3 qui accueille
22 scientifiques.
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Une logistique bien rodée
Les Russes battent leur record officiel de longévité avec
la station PN22 qui fonctionne à partir du 12 septembre 1973, est
démantelée à partir du 3 mars 1982 pour être
fermée le 8 avril. La station reçoit 1500 scientifiques
pendant cette durée.
La station PN23 voit transiter le 18 mai 1979 l'expédition soviétique
à ski, partie de l'île Henriette ( 77°06N - 156°30
E°) le 16 mars. L'expédition composée de 7 hommes est
dirigée par Dimitri Chaparo. Elle arrive au Pôle Nord le
31 mai 1979. Dimitri Chaparo, le 29 janvier 1986 part de la station PN26
pour rejoindre la station PN27 le 07 mars 86 effectuant un périple
de 520 kms à ski.
Les stations sont aménagées grâce à différents
supports logistiques. L'aviation est le principal moyen de transport du
matériel et du personnel, les hélicoptères lourds
sont aussi employés.
L'île Rodolph sert d'avant base logistique à la première
installation de la station PNI. L'Ile Dickson sert par la suite de base
de ravitaillement et de centre radio pour communiquer et transférer
les messages des bases. Dickson n'est pas la seule base arrière.
On trouve notamment l'île d'Iolova et Tcherski, point servant à
des interventions de secours et aux transits des moyens aéroportés.
La station PN27 ouverte Tichonov le 2 juin est installée par des
équipes parachutées en mai 1984.
Plusieurs bases sont aussi installées avec l'aide de brise-glaces.
On retrouve ainsi le navire " Lenin " à propulsion nucléaire,
le "Vladivostock", le" Makarov", le "Sibir ",
le "Vitus Béring", le "Makarov"
La dernière base
Le 22 octobre 1988, la station Pôle Nord 31, située 76°
35'N - 153° 10'W, débute ses activités avec une équipe
de 39 techniciens et scientifiques ayant C. Sidorov comme responsable.
C'est le navire Arseneyev, précédé du brise-glace
Admiral Makarov, qui apporte le matériel nécessaire à
la construction de la station.
L'épaisseur de la glace et sa densité devenant trop faibles
pour assurer en toute sécurité l'atterrissage des avions,
la station PN 31 est évacuée le 25 juillet 1991 avec l'arrivée
du brise-glace Murmansk.
Après plus d'un demi-siècle d'activité, l'évacuation
de cette base marque la fin de l'installation et de l'entretien des bases
dérivantes russes en Arctique.
Quelques chiffres permettent de mesurer l'importance du travail accompli
sur cette période de 54 ans dans des conditions météorologiques
souvent hostiles : 8.800 participants techniciens et scientifiques, 170.000
kms parcourus par l'ensemble des bases, 212.000 résultats météo
transmis, 47.000 mesures de profondeur de l'océan, 33.000 ballons
sondes envoyés dans l'atmosphère.
Aujourd'hui, les résultats de ces recherches sont encore analysés
par la communauté scientifique internationale et doivent nous permettre
de mieux connaître les mécanismes régulant notre planète.
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