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Le voyage de Pythéas

La frontière nordique du monde accessible

La route de l'étain et de l'ambre

Avant Pythéas le Carthaginois Hannon franchit les colonnes d'Hercule et explore les côtes d'Afrique en 465 avant Jésus-Christ. A la même époque, Himilcon explore l'Angleterre ("île sacrée", la "nation des Hibernes", l'"île des Albions"), les Cassitérides (les "îles de l'étain" (Kassiteros signifiant "étain" en grec - elles ne furent jamais situées avec certitude) et l'Irlande.
Le Périple d'Himilcon est mentionné par Pline et par Festus Avienus dans ses Ora maritima.
Le Carthaginois et son équipage sont partis de Gadès (Cadix), seraient parvenus au pays des Œstrymnides, dont les îles sont "riches en étain et en plomb", après un voyage tumultueux dans un océan peuplé de monstres.

Les Phéniciens après ce voyage contrôlent la route atlantique de l'étain, les Carthaginois mentionnent le nom d'océan Cronien (" A un jour de voyage de Thulé, vers la Mer Congelée que certains appellent Mer Cronienne. " Pline.).

Il est difficile de dire qu'elle est l'origine du ou des voyages de Pythéas, n'a-t-il peut être fait que concentrer les dires des " barbares ". Certains pensent qu'il s'agissait d'aller marchander de l'étain en Cornouaille ou de l'ambre en Scandinavie ou peut-être les deux. L'étain est utilisé pour fabriquer le bronze (nom générique des alliages de cuivre et d'étain). Cet alliage sert à fabriquer des outils, des armes et des armures ; l'ambre (l'électrum, helektron, l'ambre jaune) déjà mentionné par les Egyptiens " l'ambre se trouve où l'étoile polaire plane au zénith ", il est présent sur les marchés carthaginois qui en détiennent le quasi-monopole. L'ambre de la Baltique provient soit du sud de la mer baltique - Russie (Kaliningrad), des pays baltes ou de Pologne (Gdankz). L'ambre, bien que ne n'ayant pas de propriétés physiques minérales, était utilisé comme une matière précieuse ou était brûlé comme de l'encens. Il avait une valeur symbolique.

L'on peut aussi s'attacher à l'hypothèse que Pythéas est missionné par des commerçants pour trouver un passage au Nord-Est de l'Europe et ainsi il aurait emprunté pour le retour une route en effectuant le contour du monde connu par l'est, de la mer du Nord à la mer Baltique (la Baltia, Basilia) , il aurait pu essayer de prendre l'embouchure du " Tanaïs " (Don) pour ainsi rejoindre Pontos Euxeinos (Pont-Euxin - la mer Noire) en remontant les fleuves (le Don et la Volga) vers le sud puis de là rejoindre la Méditerranée.

Si tel fut le cas, il s'agissait pour notre navigateur d'emprunter l'itinéraire inverse de l'expédition mythique de Jason et des Argonautes.

Pythéas, poussé par les Phocéens ou tout simplement voyageur attentif, partant de Lacydon, le port antique de Marseille, est peut-être accompagné par d'autres navires ? En suivant la même route que le Carthaginois Himilcon, il passe les colonnes d'Hercule, double le cap St Vincent et fait halte dans l'embouchure de la Loire.

Le détroit de Gilbratar étant sous le contrôle des Carthaginois, il est possible qu'il ait forcé le passage ou acquis un droit de passage, à moins qu'il ait atteint directement l'embouchure de la Loire par les terres, puis qu'il se soit embarqué depuis Corbilo l'un des ports les plus important de Gaule.

Il reprend la mer, double le cap Calbium, Kalbion (pointe du Finistère) vers l'Ile d'Ouessant (Uxisama). De là, il rejoint la Grande-Bretagne. Il explore l'île et pénètre dans les terres. Il contourne l'île par l'est et donne une estimation de sa taille et de sa forme. Il découvre les trois sommets de cette figure triangulaire allongée : Belerium (Cap Land's End), Kantium (le Kent) et Orca (les Orcades). Il estime la distance la séparant de Massalia à 1 700 kilomètres et se trompe de 100 kilomètres. Il observe les phénomènes de marée et remarque la corrélation qui existe entre celle-ci et les phases de la lune. Il rencontre des populations qui exploitent des gisements d'étain.

Quittant la Grande-Bretagne, il atteint les îles Orcades, puis les îles Shetland, continue au nord, découvre une île qu'il baptise Thulé. L'origine de ce nom est incertaine, sa signification viendrait de "limite", "mer gelée", "obscurité"...
Il la situe à une distance de six jours de navigation de la Grande-Bretagne et à une latitude de 66° N. Notons que Plutarque (env. 46 -125), dans l'un de ses ouvrages, nous relate l'existence de l'île d'Ogygie (déjà mentionnée par Homère - " Ogygie est une île située très loin dans la mer " ), située sans réelle précision " à cinq journées de la Grande Bretagne pour un dromon qui cingle vers l'ouest - vers le Couchant ". Cette île est accompagnées de trois autres, toujours en allant plus à l'ouest se trouve un grand continent.

Pytheas observe le soleil de minuit et une mer gelée où se confondent l'air, la mer et la terre. Il est difficile de localiser cette terre, peut-être est-ce la côte ouest de la Norvège, le Jutland, les Iles Ferroé, l'Islande ou l'île Jan Mayen ? Aujourd'hui encore, personne ne sait réellement quelle est cette terre découverte. Il est même probable que ces propos aient été empruntés à des marins de rencontre.
Persuadé qu'il a découvert les limites de navigabilité, il fait demi-tour et explore sûrement la Baltique, vers la route de l'ambre.


     
I Marseille   a Embouchure de la Loire
II Colonnes d'Hercules   b Vers le Groenland
III Pointe Finistère   c Ile Jan Mayen
IV - V Nord Angleterre - Iles Orcades - Ferroé   d Trondhem
VI Islande   e La route de l'ambre - L'embouchure de du "
VII Côtes de Ouest de la Norvège   Tanaïs "
VIII Baltique    


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