Vitus Béring - Au pays des tsars
A Amsterdam, alors plaque tournante du commerce mondiale par voie maritime,
il rencontre un envoyé du tsar de Russie, qui se dissimulait sous
le nom de Cornelius Cruys mais qui s'appelait en vérité
Niels Olsen et était d'origine norvégienne. Cet homme est
maître d'équipage dans la toute naissante marine russe.
Dès son accession au trône en 1696, Pierre Ier avait entrepris
la modernisation de son pays en réformant la société
féodale russe; il crée des instituts scientifiques et une
marine en copiant les institutions de la France, de l'Angleterre et de
la Hollande. Convaincu par le discours de son compatriote, à l'époque
le Danemark et la Norvège étaient considérés
comme une même nation ; Béring rejoint en 1703 les officiers
étrangers : danois, hollandais, allemands, que Pierre le Grand
a déjà engagé pour commander aux navires qu'il vient
de faire construire.
Le danois participera aux différentes batailles navales qui apporteront
la suprématie militaire au tsar sur la mer Noire et la Baltique.
Mal récompensé après ses succès guerriers,
il lance un ultimatum à l'Amirauté : "Vous me nommez
capitaine de première classe ou je démissionne!"
Ces supérieurs ne donneront pas suite, il rendra donc sa charge
pour aller vivre dans la région de Viborg, terre scandinave récemment
attachée à la Grande Russie.
Mais c'est Pierre Le Grand lui-même qui ordonnera d'élever
ce marin étranger au grade supérieur. Réintégré
aux équipages, le tsar lui confiera finalement la lourde charge
d'explorer les limites orientales de son immense empire.
Tant la personnalité du tsar était tortueuse, il est difficile
de connaître la motivation de ce projet : simple exploration pour
vérifier les bornes d'un état sans limites ou manuvres
politico-économique pour découvrir de nouvelles richesses
voire pour prendre de vitesse les Français, les Espagnols et les
Anglais qui se sont déjà implantés en Amérique
du Nord.
Si tel est le cas, le résultat fut à la hauteur des ambitions
de l'autocrate, mais mal conseillé la Russie vendit 150 ans plus
tard l'Alaska au gouvernement américain pour quelques milliers
de dollars et par la même les immenses ressources pétrolières
encore inconnues et une position hautement stratégique en Amérique
du Nord.
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