LA PREPARATION DU VOYAGE POLAIRE
L’idée d’Andrée, de vaincre les glaces et d’atteindre le
pôle Nord en passant en ballon par-dessus, lui était vraisemblablement
venue suite aux exploits réalisés par les aéronautes
français lors du siège de Paris.
En 1895, à la demande de Nordensköld, le célèbre
explorateur polaire qui avait découvert le passage du Nord-Est
et qui s’intéressait à une possibilité d’utiliser
un ballon pour des missions polaires scientifiques, Andrée exposa
dans une séance publique de l’Académie des Sciences son
projet d’un voyage polaire en ballon libre à travers les glaces.
Il mit en évidence l’incapacité des bateaux et le danger
des expéditions à pied pour y parvenir. Le principal objectif
de son expédition était d’explorer d’un point de vue géographique
les contrées voisines du pôle Nord. Andrée démontra
qu’en été le climat polaire était particulièrement
propice à une telle ascension, d’une part par la présence
du soleil de jour comme de nuit, et d’autre part par les très faibles
chutes de pluie à cette saison. Le projet d’Andrée, soutenu
par Nordensköld, put se concrétiser grâce à l’apport
de fonds de l’ingénieur Alfred Nobel, inventeur de la dynamite
et fondateur du prix Nobel, qui apporta une contribution de la moitié
de la somme nécessaire à la réalisation de l’expédition.
Le roi Oscar, le baron Oscar Dickson et le couple Retzius versèrent
le complément.
Andrée s’entoura dès lors du docteur Nils Ekholm, météorologue
et astronome et du physicien Nils Strindberg, photographe et technicien
dont le rôle fut également de se livrer à des études
approfondies sur la friction des guideropes et l’étanchéité
de la toile du ballon, de déterminer avec Ekholm la puissance ascensionnelle
de l’aérostat et de gonfler le ballon.
Le ballon fut commandé à l’aéronaute et fabricant
français Henri Lachambre pour décembre 1895.
En juin 1896, Andrée, accompagné de Ekholm et de Strindberg
quitta la Suède à bord du Virgo, en direction du Spitzberg.
La base fut installée sur l’île des Danois, près de
la maison de Pike. L’aérostat, l’appareil à hydrogène,
et la nacelle furent débarqués. Un hangar fut élevé,
mais les conditions météorologiques furent mauvaises et
l’expédition attendit en vain un vent favorable. Le 15 août
la décision fut prise d’abandonner le projet pour cette année.
En automne 1896, Ekholm renonça au projet, ne jugeant pas le ballon
capable de répondre à ce que l’on en attendait. Il tenta
de convaincre Strindberg d’abandonner aussi, mais ce dernier resta fidèle
à ses engagements, et Fraenkel fut désigné comme
remplaçant.
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