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Les opérations de sauvetage



Affiche du film Anglais de 1969.
The Red Tent inspiré par l'aventure des rescapés de l'Italia.

Dix hommes se trouvèrent éjectés sur la banquise : Trojani, Viglieri, Mariano, Biagi avec les côtes enfoncées, Behouneck, Zappi, Malmgren, Cecioni avec une jambe cassée, Nobile avec le bras et la jambe gauche cassée, ainsi que Pomella décédé et Titina la petite chienne de Nobile. Loin de s’abattre entièrement sur la banquise, le dirigeable se mit à reprendre de l’altitude et l’enveloppe à demie arrachée s’envola avec à son bord le reste de l’équipage. Arduino eut le réflexe de jeter par dessus bord tout ce qui se trouvait à portée de mains : essence, vivres et sacs qui atterrirent sur la banquise au profit des rescapés, puis il s’envola avec les restes de l’Italia pour ne jamais réapparaître.

Les rescapés firent l’état de ce qu’ils avaient sur la glace : une tente en toile de soie, un sac de couchage et 75 kg de vivres leur permettant de subsister pendant 25 jours (300 g par jour et par personne d’alimentation solide).

Ils organisèrent leur vie sur la banquise. Ils dressèrent la petite tente, mirent leurs vivres à l’abri et ramassèrent les objets éparpillés sur la glace : le poste radio en état de fonctionnement, des allumettes, un peu d’essence, des morceaux de charpente et de toile arrachées, un fusil, un revolver, un couteau, une couverture, ainsi que des provisions qui permirent de porter à quarante-cinq jours leur durée de survie.

Sur le campement de fortune, la lutte contre le froid fut la plus importante car les hommes n’étaient pas équipés. Ils organisèrent des corvées et s’entassèrent à neuf dans une tente prévue pour quatre, dormant à même le sol et se partageant l’unique couverture. Les hommes utilisèrent le liquide rouge des bombes altimétriques pour permettre aux avions de recherche de les localiser. Ils en étalèrent sur le sol et la tente qui prit le nom de « tente rouge ».

Ils comptaient tous beaucoup sur la radio pour un rapide envoi de secours, mais ils ne captaient que les messages de routine envoyés toutes les deux heures par le navire Città di Milano, et ceux personnels et très nombreux de son équipage. Ils apprirent que d’un bout à l’autre de l’Europe, on s’inquiétait du sort de l’Italia et que des expéditions de secours étaient envoyées. Les conditions atmosphériques étaient excellentes (le vent avait bien fini par tomber, mais avec une journée de retard) et la qualité des émissions de l’émetteur était parfaite, mais aucun message du Città di Milano. Seuls Nobile et Biagi continuèrent à croire obstinément en la radio.

Manger, s’abriter du froid et des intempéries, parer aux autres nécessités physiques afin de subsister constituaient les principales préoccupations des hommes qui dérivaient sur la banquise.

50ème anniversaire du vol de Nobile. Remarquez la tente rouge dressée sur la banquise.De son côté le Città di Milano était toujours amarré au quai de Ny Aalesund. Attendant bien tranquillement des ordres de Rome, le capitaine Romagna et ses officiers hésitèrent sur les décisions à prendre et choisirent de n’en prendre aucune. Rome répondit au navire en posant d’autres questions et en repoussant ainsi le lancement des secours. La radio fut accaparée de messages personnels de l’équipage (400 dans une seule journée) et des journalistes qui débutèrent leurs articles à sensation sur la chute de l’Italia. A Rome, certaines personnes se félicitaient déjà de l’échec de l’expédition et contribuèrent fortement à dresser l’opinion publique contre Nobile.

A partir du 28 mai, les chances d’un contact radio furent considérées comme nulles. La dérive de la banquise éloignait les rescapés de la terre du Nord-Ouest. Il fut décidé que trois hommes partiraient du campement vers le cap Nord au-devant des secours. Zappi, Mariano et Malmgren furent désignés. La durée prévue de la marche était de seize jours. Ils partirent le 30 mai en fin de journée.

A Oslo, le 26 mai 1928, un dîner fut donné pour fêter le succès de l’expédition de Sir Hubert Wilkins et de Carl Ben Eielson qui venait de relier l’Alaska au Spitzberg en passant par le pôle. C‘est au cours de ce dîner que tomba la nouvelle de la perte de l’expédition de l’Italia. Amundsen, présent, se porta aussitôt volontaire pour participer aux recherches bien que la querelle entre l’Italien et le Norvégien se fut désormais changée en haine. Le gouvernement norvégien proposa à l’Italie d’envoyer des secours, mais Mussolini qui s’entêtait dans une stupide querelle internationale (suite aux propos d’Amundsen visant Nobile et même le gouvernement italien) ne répondit pas. Suivant la tradition internationale de recherche et d’assistance aux explorateurs, la Norvège envoya des avions militaires et des navires.
Les Danois, les Finlandais, les Suédois et les Américains suivirent l’exemple de la Norvège. Les brise-glace Malyguin et Krassin et des avions furent envoyés par les Russes. Tous les explorateurs de renom se mirent à la disposition des organisations de secours. Ne pouvant organiser une expédition de secours puisque l’argent lui manquait et que le gouvernement norvégien ne voulait pas le subventionner, Amundsen se tourna vers la France qui envoyait le Latham 47 pour participer aux recherches.

Photo d'origine allemande de l'expédition menée pour retrouver Nobile.En fait, seule l’Italie sembla peu disposée à participer aux secours. Le Città di Milano continua de dormir tranquillement au quai de Ny Aalesund et le gouvernement italien chercha des prétextes pour justifier son attitude. En Italie cependant, un industriel, ami de Nobile et ancien chef d’état major de l’armée de l’air, demanda personnellement le détachement d’appareils vers la baie du Roi. Se heurtant à des refus, il menaça d’organiser lui-même des secours en les finançant et en faisant savoir aux journalistes que le gouvernement italien n’avait pas les moyens de dépenser quelque argent pour sauver ses ressortissants. Cet incident déclencha la participation de l’Italie qui envoya un avion et son équipage sur les traces de l’Italia.

Pendant ce temps, les rescapés étaient toujours sans nouvelles d’éventuels secours. A partir du 3 juin, le temps se dégrada et la vitesse du courant qui les faisait dériver les éloigna des îles de Foyn et de Broch qui avaient été en vue. Le moral commença à baisser. Nobile hésita à entreprendre une marche à travers la banquise. Il y avait deux blessés incapables de se déplacer et l’aspect de la glace empêchait même un transport par traîneaux. Mais le 6 juin, Biagi capta un message de l’ambassade soviétique qui venait d’informer le gouvernement italien qu’un SOS de l’Italia avait été entendu par un jeune fermier. Seul le Città di Milano n’entendait rien. Les batteries faiblissaient et les rescapés craignaient de ne plus pouvoir utiliser la radio. Le 20 juin, un premier hydravion, le Savoia,  piloté par Maddalena survola le campement et localisa les rescapés. De taille trop importante pour pouvoir se poser, il jeta aux survivants des paquets contenant de la nourriture.

Affiche du film Anglais de 1969. The Red Tent inspiré par l'aventure des rescapés de l'Italia.Le 22 juin, un nouveau ravitaillement eut lieu en vêtements, pharmacie et nourriture plus conséquent celui-ci (le premier avait consisté en l’envoi de cacao, de fruits, de marmelade et d’œufs !!!).

Seul un hydravion extrêmement léger et muni de skis pouvait se poser, aussi Lundborg, un mercenaire suédois choisit un petit Fokker équipé de skis pour se porter au secours des rescapés. Il décolla le 23 juin vers 22 h. A 23 h, il atterrissait près du campement. S’attendant à être secourus rapidement, les hommes avaient préparé leur ordre d’évacuation. Nobile tenait à être le dernier évacué, position qui fut changée en avant-dernier devant la nécessité de laisser à terre un homme qui serait capable de calculer et de signaler sa position. Lorsque Lundborg atterrit, il demanda à Nobile d’embarquer le premier, une seule place étant disponible dans l’appareil. Nobile, fidèle à son plan d’évacuation refusa. Le pilote insista, précisant que les ordres lui venaient du Città di Milano et qu’il était indispensable qu’il arriva le premier sur le navire pour aider à la recherche d’autres rescapés. Nobile décolla après trente deux jours de campement. Son arrivée à bord du navire Città di Milano fut accueillie par des journalistes. Avant même de penser à se soigner, se laver ou se restaurer, Nobile qui ne pensait qu’aux hommes restés sur la banquise voulu organiser leur sauvetage. Il s’adressa à Romagna, qui pour toute réponse se contenta de reprocher à Nobile d’avoir été évacué le premier. Il nia avoir donné des ordres à Lundborg. Nobile fut abasourdi par les reproches de Romagna. Il s’éleva contre le commandant du navire incapable de justifier le fait qu’il n’ait pas réussi à capter les appels des naufragés. Au même moment, en Italie, un communiqué du gouvernement jugeait incompréhensible le fait que Nobile fut évacué en premier. Dès lors, tous les ennemis de Nobile se déchaînèrent contre lui. La presse a scandale se régala de cette information. On alla même jusqu’à dire que Nobile s’était cassé la jambe en tentant d’arriver le premier à l’avion.

Lundborg reprit son vol vers le campement mais le Fokker capota. Nobile organisa le parachutage de vivres sur le campement et le 1er juillet deux appareils italiens et un suédois décollèrent mais durent faire demi-tour à cause des mauvaises conditions météorologiques.

Le 11 juillet, le navire Krassin dirigé par le commandant Eggi ayant réussi à se libérer des glaces aperçut deux hommes auxquels il porta secours. Il s’agissait de Zappi et de Mariani presque morts de faim et de froid. Depuis leur départ du campement, les trois hommes avaient pensé pouvoir progresser de 15 à 18 km par jour. Ils n’avaient pas fait le tiers en trois jours. Les conditions de déplacement étaient difficiles à cause de l’état de la glace et de la santé de Mariano. Malmgren, dépressif depuis la chute de l’Italia dont il se jugeait responsable, s’arrêta au douzième jour, refusant d’aller plus loin. Ses compagnons l’installèrent le plus confortablement possible sur la banquise, lui laissèrent leur seule couverture et des vivres et continuèrent leur marche vers les secours. Le 21, ils entendirent un premier avion qui ne les vit pas. Mariano se cassa la jambe, anéantissant tout nouvel espoir de progression. Les deux compagnons se laissèrent alors dériver sur la banquise, espérant des secours rapides, ou à défaut, une mort certaine puisqu’il ne leur restait plus aucune nourriture.

Zappi retrouvé dans un meilleur état que son compagnon annonça le décès de Malmgren. Mariani fut conduit à bord du Krassin dans un état très grave : ses bras et ses jambes étaient gelés. On dut l’amputer d’un pied. Les deux compagnons n’avaient rien avalé depuis treize jours.

Le même jour le vieux brise-glace arriva près du campement de la tente rouge et sauva les rescapés de justesse de la dangereuse montée des eaux.

Nobile qui avait souhaité participer aux opérations de sauvetage de son équipage en fût empêché par Romagna qui le consigna dans sa cabine et lui interdit de rejoindre le Krassin. Il n’eut même pas le plaisir d’accueillir les rescapés lors de leur arrivée à bord du Città di Milano. Aucune recherche ne fut organisée par les Italiens dans l’espoir de retrouver les six disparus. On ordonna à Nobile de rentrer à Rome. Les rescapés furent débarqués en Norvège à Narvik d’où un train les ramena en Italie.

Pendant ces évènements, on apprit la disparition de l’équipe française et de Roald Amundsen à bord du Latham 47.

Carte postale du monument représentant le Latham 47 à Caudebec en Caux (Normandie) en souvenir de l'accident tragique.

Le Latham 47 avait été construit sur les chantiers de Caudebec en Caux dans l'esprit d'une traversée Transatlantique. C'est de cette ville que l'hydravion et son équipage partirent le 16 juin pour rallier Bergen le 17 juin, et Tromsoë le 18 juin pour disparaître en mer.
Ce mémorial est l'oeuvre de l'architecte Léon Rey et du sculteur Robert Delandre.Il fut inauguré le 21 juin 1931. Umberto Nobile faisait parti de cette cérémonie.

On peut lire sur le monument :
GUILBAUD · Roald AMUNDSEN · CAVELIER de CUVERVILLE · Lief DIETRICHSON · BRAZY · VALETTE
"A CEUX DU LATHAM 47
· Caudebec-en-Caux, 16 juin 1928
· Bergen, 17 juin
· Tromsoë, 18 juin
A DIEU VAT !" LATHAM 47

Durant tout leur trajet jusqu’en Italie, ils ressentirent l’hostilité des habitants. Dans son pays,  Nobile fut l’objet d’une hostilité sans merci. Une commission fut désignée pour établir les responsabilités. Nobile fut assigné à domicile avec interdiction de quitter la ville, de prendre la parole en public et d’écrire des articles. Il voyait en l’enquête officielle la possibilité de s’exprimer et d’affronter au grand jour ses accusateurs. Il n’eut jamais l’occasion de s’exprimer et les conclusions furent accablantes pour Nobile. Il était tenu responsable de l’échec de l’Italia et de l’abandon de ses hommes. Il fut dégradé et sur les instances de Mussolini, on lui fit savoir qu’il devait se mettre à la retraite. Nobile refusa et démissionna.

Nobile, constamment soumis à la surveillance de la police italienne, connut une semi-retraite qui dura deux ans. En 1931, l’U.R.S.S. lui offrit un poste de conseiller technique en matière de dirigeables. Il y demeura pendant 5 ans. A son retour en Italie, il assura le cours d’aéronautique à l’université de Naples pendant trois années, puis professa à l’Ecole d’Aéronautique de Lewis Hoy Name aux Etats-Unis. Il y resta pendant la seconde guerre mondiale et ne rejoignit l’Italie qu’en 1943. Il fut réintégré dans son grade. En 1946, il fut élu à l’Assemblée Nationale, mais se retira vite de la vie publique pour se consacrer à ses écrits et à ses recherches scientifiques et continua d’assurer son cours à l’université de Naples.



Ses deux survols du Pôle Nord en dirigeable : Coupures de presse de l'explorateur Nobile :
Umberto Nobile (1885 – 1978)  
Ses débuts en tant qu’explorateur Le voyage du Norge
L’expédition de l’Italia Un drame au pôle Nord
Les opérations de sauvetage A la recherche de Nobile
(différents articles de juin à septembre)


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