La Belgica en Antarctique
Le
1er janvier, la Belgica s'échoue sur un récif couvert de
5,5 mètres d'eau. Le navire en perdition est sauvé de justesse.
Le 13 janvier, il quitte l'île des Etats et se dirige vers les Shetland
et la baie de Hughes. Les sondages opérés révèlent
entre l'Amérique et les terres australes, l'existence d'une cuvette
à fond plat qui se relève légèrement vers
le Sud. Au sud de l'île des Etats, existe une bande étroite
où les profondeurs sont faibles, puis, arrivent des profondeurs
considérables, la plus importante relevée étant de
4.040 mètres.
La Belgica n'atteint les eaux antarctiques que le 20 janvier 1898, et
pénètre dans la baie de Hughes le 23 janvier 1898. Toutes
ces escales pour études scientifiques ont apporté un sérieux
retard à l'expédition et l'été austral est
déjà bien entamé.
Le 22 janvier, alors que le navire essuie une tempête, le marin
Wiencke tombe à l'eau et se noie.
Les
explorateurs naviguent ensuite au large de la côte Ouest de la terre
de Graham. Ils découvrent un détroit entre la côte
de la terre de Graham et un chapelet d'îles, qu'ils baptisent détroit
Belgica. Ce détroit, qui sera plus tard rebaptisé détroit
Gerlache, sera la plus grande découverte géographique de
l'expédition.
Le 30 janvier a lieu le premier débarquement : de Gerlache, Cook,
Racovitza et Arctowski équipés de deux traîneaux chargés
et de vivres pour 15 jours, débarquent sur une île. La progression
y est difficile, les nombreuses crevasses obligent souvent à rebrousser
chemin et ils ne peuvent faire que de rares et courtes observations météorologiques.
Leur expédition ne dure que 8 jours et ils retournent vers le navire.
Pendant ce temps, la Belgica navigue dans le détroit situé
plus à l'Ouest et s'arrête dans la baie Andword. Des observations
y sont effectuées : sur la faune (colonies de manchots, pétrels
des neiges, sternes blancs, cormorans, bruns, goélands, pigeons
du Cap, oiseaux des tempêtes, et cétacés qui entourent
presque constamment le navire) ; sur la flore, qui se résume à
des plaques de lichens et de mousses, à quelques petites algues
sur les plages, et dans les parties les plus abritées à
la graminée, seule plante à fleur de la région ;
et sur des fragments de schistes, seule roche sédimentaire trouvée.
D'intéressants échantillons zoologiques et botaniques sont
prélevés.
Les explorateurs étudient les icebergs et établissent plusieurs
stations magnétiques.
Les
îles Brabant, Liège, Anvers et Wiencke sont cartographiées.
Les explorateurs reconnaissent également les îles de Rongé,
l'île Cavalier de Cuverville, la baie Charlotte, le cap Reclus et
le chenal de la Plata.
Le 8 février, alors qu'ils pensent toucher au terme de leur belle
aventure et bientôt relier le Pacifique, ils recherchent le passage
vers l'Est et se retrouvent dans la baie des Flandres où ils relèvent
l'île Moureau. Le 12 février, le vingtième et dernier
débarquement a lieu, après vingt jours passés dans
le golfe de Hughes.
Bien
que la saison soit déjà avancée, de Gerlache trouve
la période favorable pour tenter de forcer vers le Sud. Les navigateurs
se trouvent à peu près à l'endroit où Bellingshausen
trouva une banquise infranchissable. En y pénétrant, peut-être
pourront-ils parcourir des eaux encore inexplorées. Ils tentent
l'aventure. Contournant la pointe Sud de l'île d'Anvers, le navire
se fraye un chemin et franchit le cercle polaire antarctique le 13 février.
Le 23 février, il parvient à l'île Alexandre, dernière
île avant la banquise. La Belgica emprunte d'étroits passages
sur une banquise constituée de glaces disloquées. Le 28
février, elle tente d'échapper aux glaces et de regagner
le large, mais se trouve bloquée à 71° 26' S et 85°
44' O, avant d'être définitivement emprisonnée par
les glaces le 2 mars 1898. L'équipage tente de ramener le navire
vers le large en brisant la glace, mais en vain.
Sources iconographiques :
Le Tour du Monde
Journal des Voyages et des Voyageurs
Librairie Hachette et Cie année 1901
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