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FEMMES INUIT
TEMOIGNAGE D'UNE RENCONTRE

COMMUNAUTE INUIT DU NUNAVIK
DANS L'ARCTIQUE QUEBECOIS
DU 18 SEPTEMBRE 2002 AU 28 FEVRIER 2003


Introduction

Nichée au creux d'un fjord glaciaire, la communauté de Salluit est entourée de hautes montagnes s'élevant à presque 500 m et elle se situe à 10 km du détroit d'Hudson. Elle compte environ 1100 habitants. Ils disposent des services d'une municipalité, de deux écoles (jusqu'au niveau baccalauréat), d'un centre de formation pour adultes, d'une crèche, d'une clinique, d'un service social, d'une station de radio, de deux magasins de ravitaillement. Salluit signifie " les gens maigres ", en référence à une légende selon laquelle on aurait dit à des Inuit qu'ils trouveraient dans la région une faune abondante. Une fois arrivés sur les lieux, ils n'auraient trouvé presque rien à manger et auraient souffert de famine.  
Arrivée à Salluit, le 23 septembre 2002
" Finalement, encore lovée dans la brume, Salluit apparaît, l'avion se pose.

Dès la première marche sur la passerelle, le vent frais me donne une large goulée, presque au point de m'étouffer. […] Je récupère mes bagages au pied de l'avion, quand tout à coup, une femme s'approche de moi : " Are you Julie ? ". Elisapie, te voilà !
" Taqulinakkit alianartuq " (Parce que je te vois, je suis contente)…

Et nous partons sur son quad. Les larmes aux yeux tellement le vent est fort,
et l'émotion est grande, et encore plus intensément lorsque Salluit se découvre dans sa baie, peuplée de baraques rouges, vertes, bleues, marrons…

Elle me présente à Quppanuaq, qui va me loger.
C'est alors un défilé de visages qui viennent me souhaiter la bienvenue et se rendre compte de qui est " the french girl " qui est arrivait ici. "
Je me présente, je suis Julie, éducatrice de formation et surtout voyageuse dans l'âme. J'aime partir à la rencontre de l'humain. Ce voyage, je l'ai placé sous le signe des femmes, que j'ai souhaité rencontrer pour comprendre leur évolution depuis la sédentarisation du peuple inuit. Ce projet, je l'ai inscrit dans une démarche de compréhension et d'ouverture. J'ai établi progressivement des relations avec des femmes de tout âge et de situations diverses.

Ces liens m'ont permis de vivre la culture inuit, de la ressentir et de mieux l'appréhender. Ma démarche n'est ni celle d'une journaliste ni celle d'une scientifique. Elle s'est inscrite dans la simplicité d'une rencontre, de l'humain à l'humain, dont je souhaite témoigner aujourd'hui.

Durant les premiers jours, j'ai vécu une sensation nouvelle, celle de me sentir blanche. Celle qui n'a pas le teint cuivré par un soleil arctique, celle qui ne parle pas la même langue, celle qui n'est pas d'ici. Dans tous les endroits que je fréquentais, je sentais cette différence marquée par les regards.
Après quelques jours, je me suis rendue à l'évidence. Oui, j'étais différente, on ne me connaissait pas et donc on m'observait. Petit à petit, des portes se sont ouvertes, des saluts ont fusé dans la rue, des sourires se sont affichés en me voyant.

Le temps passant, les gens se sont habitués à ma présence et cette sensation a disparut, pour ne réapparaître qu'épisodiquement. C'est environ deux mois après mon arrivée que je situe la fin de la période d'apprivoisement et surtout d'affranchissement des barrières que chacun s'était posées.

" La différence ne dérangeait pas car l'ignorance, source d'inquiétude et de méfiance, avait fait place à la connaissance de l'autre. "
" Innuat " en quête des mémoires, Editions Paquet, collectif d'auteurs et de dessinateurs
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Le 09 novembre 2002
" Le robinet s'est ouvert et le flot des sentiments est arrivé, libre, sans limite, sans analyse… Juste l'ouverture du cœur pour accueillir l'instant.
Sans notion de bien, de mal, d'important, d'indispensable, de prévu ou d'irrationnel…
Juste une humanité qui se présente à ma porte…
Bannie de calcul et de prévision. Juste ça. Des barrières se cassent. "

Hébergée les deux premiers mois chez une jeune femme, Quppanuaq, avec sa fille, puis chez une aînée, Kaujaq, le restant du séjour, j'ai pu vivre au rythme de ces familles et partager le quotidien d'une communauté inuit. Je pense assurément que ce fut ce type d'hébergement qui est à l'origine des liens privilégiés que j'ai pu nouer.

Parallèlement, je souhaitais m'impliquer dans la communauté durant mon séjour, sans pour autant faire valoir des compétences professionnelles amoindries dans une culture qui n'était pas mienne. Ainsi, j'ai effectué deux stages en lien avec ma profession d'éducatrice. Les deux premiers mois, j'ai consacré une partie de mon temps dans une maison d'accueil pour femmes (connaissant des violences conjugales ou familiales), puis les trois mois suivants, dans un centre de formation pour adultes (auprès de jeunes femmes reprenant leur scolarité en langue française). Affranchie d'une relation de salariée avec l'employeur, j'ai pu ainsi aller librement d'un regard d'observateur à celui d'intervenante. Sans véritable étiquette professionnelle, je situe ma démarche dans une dynamique d'écoute, de mise en sens et de soulagement de la souffrance.

J'ai ainsi côtoyé un nombre certain de femmes qui occupent des emplois divers (enseignement, secrétariat, travail à la crèche, magasinière, etc.…). Actuellement, les femmes, en plus d'avoir accès à une formation professionnelle, peuvent continuer à se former une fois en poste. C'est ainsi que certaines quittent régulièrement la communauté pour suivre une formation complémentaire ou pour participer à des réunions, soit dans d'autres communautés, soit à Montréal.

Traditionnellement, la femme était responsable de l'éducation des petits enfants et du maintien de la lampe allumée dans l'igloo. De plus, elle devait fabriquer les vêtements de peaux pour toute sa famille. La capacité d'évoluer hors des limites des espaces habités, (hormis les lieux de la cueillette, de la petite pêche et de la petite chasse) était une prérogative masculine.

Cette prise de distance avec la tradition n'a donc pas été sans modifier la place de la femme. C'est, je crois, une des plus grandes conséquences de la sédentarisation. Au-delà d'un réel engagement dans le développement de la communauté, qui passe par l'occupation d'emplois où sont représentés les points de vue féminins, il existe des groupes de réunions. Souvent constitués à l'initiative des femmes, ils peuvent ou non s'inscrire dans la durée car ils sont principalement créés pour trouver, grâce à l'union de plusieurs esprits, des solutions à des problèmes rencontrés.

J'ai pu ainsi observer un groupe qui fonctionne lors du passage dans la communauté de la cour de justice itinérante. Il constitue, pendant les audiences, un parti semblable à celui de la partie civile. J'ai assisté à l'élection des membres d'un nouveau groupe placé sous l'insigne anglicane afin de réfléchir aux problèmes de délinquance chez les jeunes. Parmi ces groupes moteurs, je tiens à citer également le "health commity", comité qui réunit avec régularité différents acteurs de la communauté (services sociaux, personnel hospitalier, conseiller d'élèves, enseignants, conseiller municipal) en vue d'élaborer une action commune. Je retiens de tout cela une force qui réside dans cette mobilisation et une capacité à aller vers l'avant.

Voici un premier thème que je souhaitais aborder. Je tiens à préciser que j'exprime ici une part de mes observations et de l'analyse que j'ai pu en faire au cours de mon séjour et depuis mon retour. Celles dont je parle sont des femmes que j'ai rencontrées en vivant à leurs cotés, ou bien en travaillant avec elles, ou bien encore en les visitant régulièrement. Pour cette recherche qui se veut être un témoignage de mon vécu, je souhaite parler, non pas d'elles, mais bien de nos relations, en citant ce qu'elles m'ont transmis. De plus, j'évoquerais parfois des qualités que j'attribue aux femmes et qui sont aussi valables pour les hommes. Cependant, du fait que mon regard s'est porté sur les femmes, c'est à elles que je rendrais hommage. Si j'évoquerais au fil du récit des thèmes précis en lien avec cette recherche sur la place de la femme, je souhaite avant tout transmettre ce qui m'a fait vibrer auprès d'elles.

Je vous propose à présent de partager avec moi cette récolte d'un coin du monde. Suite ...

Julie Moutard



FEMMES INUIT
TEMOIGNAGE D'UNE RENCONTRE
:

Préambule Instant présent, rire, humanité
Introduction Conclusion
Regard, tolérance, partage Visiter le site de Julie Moutard

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