Les relations Soleil - Terre et l'ionosphère aurorale
L'activité solaire est la source première
de nombreux processus affectant l'environnement terrestre. En
effet, le soleil agit sur l'environnement terrestre, au travers
de son rayonnement photonique, mais aussi par son rayonnement
corpusculaire. Le rayonement photonique ( en particulier Ultra
Violet) est responsable de l'ionisation des molécules
et atomes de la haute atmosphère terrestre, créant
ainsi l'ionosphère qui s'étend environ de 80 km
à plus de 500 km d'altitude. Par contre, le vent solaire,
flux permanent de particules chargées issues de la couronne
solaire confine le champ magnétique terrestre dans une
cavité de grande dimension, la magnétosphère',
dont la dimension atteint environ 60.000 km côté
jour, et s'étend en une longue queue au-delà de
l'orbite de la lune côté nuit.
Coupe shématique de la magnétosphère
terrestre ( Rt = rayon terrestre) |
|
|
© Gérard Bodineau |
Les mécanismes qui régissent l'interaction vent solaire-magnétosphère-ionosphère
sont à l'origine d'un transfert de matière, d'impulsion
et d'énergie du vent solaire vers la magnétosphère
et in fine vers l'ionosphère et l'atmosphère terrestre.
L'impulsion et l'énergie du vent solaire sont à l'origine
d'un mouvement global de convection du plasma à l'intérieur
de la magnétosphère et gouvernent l'électrodynamique
du système couplé que forment l'ionosphère
et la magnétosphère.
Ce système est en évolution permanente pour s'adapter
aux variations incessantes du milieu interplanétaire. L'interaction
d'un plasma magnétisé et d'un corps pourvu d'un champ
magnétique, est une situation très générale
que l'on rencontre également dans le cas des planètes
géantes du système solaire, mais aussi à des
échelles différentes, dans le cas des objets astrophysiques.
L' observation détaillée des conséquences de
ces processus dans l'environnement de la Terre présente donc
un double intérêt, d'une part permettre une compréhension
approfondie d'une des formes d'interaction entre le soleil et notre
planète, d'autre part fournir le support nécessaire
à l'étude de situations beaucoup plus lointaines et
donc inaccessibles à des mesures détaillées.
L'ionosphère des régions aurorales et polaires est
directement couplée, par l'intermédiaire du champ
magnétique terrestre, suite à la forte conductivité
électrique du plasma parallèlement aux lignes de force,
aux régions clés que sont les frontières de
la magnétosphère et au milieu interplanétaire.
On conçoit donc aisément que les signatures au niveau
ionosphérique des processus qui gouvernent l'interaction
entre le vent solaire et la magnétosphère en permettent
la mise en évidence et l'étude.
© Rémy Marion
Aurores
Boréales et Australes |
|
De plus, l'observation, à partir du sol,
de la signature de ces phénomènes dans l'ionosphère
et la haute atmosphère fournit, avec une couverture spatiale
inégalée, le cadre nécessaire aux études
in-situ plus détaillées qu'il est possible d'entreprendre
par les moyens spatiaux. L'énergie transférée
depuis le vent solaire et mise en jeu par les phénomènes
magnétosphériques peut être stockée
de façon temporaire sous la forme d'énergie électromagnétique,
et d'énergie de dérive des particules du plasma
magnétosphérique. La dynamique des processus de
stockage et de relaxation de cette énergie n'est pas
encore bien comprise. |
Les sous-orages magnétosphériques sont des événements
intenses et à caractère explosif au cours desquels
une grande partie de l' énergie stockée dans la queue
de la magnétosphère est déversée brutalement
le long des lignes de force du champ magnétique terrestre
dans l' ionosphère des zones aurorales, entre 100 et 200
km d'altitude, suite à un déséquilibre du couplage
vent solaire-magnétosphère-ionosphère. Cette
énergie est dissipée d'une part par chauffage par
effet Joule dû aux intenses courants ionosphériques
qui circulent alors vers 110 km d'altitude, et d'autre part sous
la forme de flux intenses de particules précipitées
qui modifient de façon considérable les structures
des différentes couches de l'ionosphère et sont aussi
à l'origine de spectaculaires émissions lumineuses,
dénommées aurores boréales ou australes.
Ces aurores sont la manifestation la plus directement accessibles
aux sens humains des phénomènes magnétosphériques,
et des relations Soleil - Terre. Ces restructurations à grande
échelle de la magnétosphère s'accompagnent
de modifications rapides du schéma global de convection du
plasma magnétosphérique. Le programme Super D ARN
(Super Dual Auroral radar Network) est dédié à
la mesure globale de ce schéma de convection avec une haute
résolution spatiale et temporelle.
|