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Les revendications territoriales en Antarctique


Pour faire suite à l'article d'Anne Choquet : A qui appartient l'Antarctique ? , il nous semblait intéressant de diffuser certains articles de journaux publiés lors des revendications territoriales en Antarctique.

Voici deux articles publiés la même année dans l'Illustration :

   
 
LA GRANDE-BRETAGNE ANNEXE
UNE PARTIE DES TERRES ANTARCTIQUES
19 janvier 1924 - L'illustration - Charles Rabot

La Grande-Bretagne vient d'ajouter à ses possessions d'immenses territoires, quelque chose comme plusieurs millions de kilomètres carrés.
Se basant sur des prises de possession effectuées par des navigateurs anglais tant en 1775 que durant la première moitié du dix-neuvième siècle, et plus récemment en 1908, nos voisins d'outre-Manche ont annexé à leur empire une bonne partie du vaste continent qui entoure le pôle antarctique. Le 23 juillet dernier, s. M. le roi George V a proclamé sa souveraineté sur les terres Victoria et Edouard-VI, les parties de cette masse terrestre situées dans le Sud de la Nouvelle Zélande et qui ont été le théâtre des mémorables exploits de Shackleton et de Scott. Antérieurement, en 1908 et en 1917, il avait décrété le rattachement au domaine britannique de toutes les îles et terres antarctiques situées à l'Est et au Sud du cap Horn, la Géorgie du Sud. les Sandwichs australes, les Hébrides du Sud, les Shetlands australes et la terre de Graham. La carte ci-contre, qui reproduit un document public' par le Geographical Journal, organe de la Société de Géographie de Londres, montre la situation et l'étendue des nouvelles possessions anglaises. Ces possessions, personne ne l'ignore, ne forment qu'un colossal bloc de glace et les mers qui les baignent demeurent encombrées d'épaisses banquises.
Aussi bien, l'annonce de ces acquisitions territoriales a-t-elle éveillé plutôt un étonnement amusé.
 
C'est que, généralement, on ignore que ces régions glacées renferment une ressource d'une valeur considérable dans les circonstances présentes.
La portion de l'Antarctique située à l'Est et au Sud du cap Horn est devenue le siège des plus actives 110 pêcheries de baleines existant actuellement. Autour de la Géorgie du Sud et des Shetlands australes, 6.000 à 7.000 environ de ces énormes mammifères marins sont capturés chaque année, et, dans la mer bordant la terre Victoria, ils sont tout aussi abondants; mais, de ce côté, ils n'ont pas encore été poursuivis ; il y a là une précieuse réserve pour l'avenir.
La chasse à la baleine est fort lucrative.

Dans le secteur Géorgie du Sud-Shetlands australes, pendant la saison 1921-1922, son rendement n'a pas été inférieur à 17 millions de dollars, soit environ 320 millions de francs. C'est déjà une considération appelant l'attention, mais ce n'est pas la seule. Servant à préparer la glycérine, l'huile des grands mammifères marins est par cela même employée dans la fabrication des explosifs ; c'est, par suite, une matière première dont il est prudent de s'assurer la libre disposition. Or, les Norvégiens tiennent le premier rang dans la statistique de la chasse aux cétacés, tandis que les Anglais ne viennent que loin derrière eux. Grâce aux annexions qu'ils ont effectuées, nos voisins ont modifié cette situation à leur avantage. La Géorgie, Ils Shetlands, la terre de Victoria appartenant maintenant à la Grande-Bretagne, les marins voulant se livrer à la capture de la baleine autour de ces terres doivent demander des licences aux autorités britanniques et se soumettre entièrement à leurs prescriptions. Par ce moyen, les Anglais ont acquis le contrôle d'une industrie dans laquelle ils ne possédaient qu'une participation secondaire et dont les produits acquièrent une importance capitale en temps de guerre. En proclamant la souveraineté du roi George V sur la moitié du continent antarctique, le cabinet de Saint-James a fait preuve de prévoyance.
   


   
 
LES POSSESSIONS FRANÇAISES DANS L'ANTARCTIQUE
14 juin 1924 - L'illustration - Charles Rabot

On a annoncé qu'à l'exemple de la Grande-Bretagne le gouvernement français avait procédé à des annexions dans les régions antarctiques. La vérité est tant soit peu différente.
Depuis fort longtemps, nous possédons de très vastes domaines dans les parages du pôle Sud. Une partie, en raison de leur éloignement et des difficultés que présente leur accès, n'a pas été l'objet d'une occupation de notre part pendant une longue période.


Les possessions françaises dans l'océan glacial antarctique
Dans ces conditions, étant donné l'épidémie annexionniste qui sévit actuellement dans les régions polaires, le gouvernement a jugé opportun de rappeler nos droits sur ces contrées lointaines.

Quelles sont les terres qui nous appartiennent dans le voisinage du pôle Sud ?
Quelle est leur situation juridique, si je puis m'exprimer ainsi ?
Quelles sont les mesures prises pour assurer la sauvegarde de notre souveraineté sur ces territoires ?

C'est ce que nous allons expliquer.

Nos possessions dans l'extrême Sud comprennent la Terre Adélie, un large morceau du continent antarctique situé sous un méridien voisin de celui de Melbourne, que Dumont d'Urville découvrit en 1840 ; puis quatre îles ou archipels perdus dans l'immensité de l'océan Indien austral: la Nouvelle-Amsterdam, Saint-Paul, les Kerguelen, enfin les Crozet.
La Nouvelle-Amsterdam et Saint-Paul, que l'on rencontre à quelque 5.000 kilomètres dans le Sud de Ceylan, ont été annexées à la France en 1843, en bonne et due forme, Pendant quelque temps ensuite, afin d'affirmer notre souveraineté, un détachement d'infanterie de marine tint garnison dans la seconde de ces îles.

Depuis, Saint-Paul a été occupé d'une manière intermittente. Actuellement, des pêcheurs de la Réunion y viennent l'été, et, après avoir fait leur plein de poisson; s'en retournent chez eux: un voyage d'environ 6,000 kilomètres aller et retour sur un océan redoutable. Pour les besoins de leur industrie, ils ont édifié à Saint-Paul de petites constructions; au début du siècle, il en existait trois. Une boîte aux lettres fixée à l'une de ces maisonnettes annonçait que cet îlot désolé n'était point dépourvu de toute organisation, Aujourd'hui, la Compagnie des Kerguelen, fondée par les frères Bossière, qui, depuis trente ans, consacrent leur activité à la mise en valeur de nos possessions dans l'océan Indien austral, comprend la Nouvelle-Amsterdam et Saint-Paul dans le champ de ses opérations.
Les Kerguelen nous appartiennent depuis 1773, date à laquelle le navigateur breton dont ces îles portent le nom en prit possession au nom du roi de France.

En 1893, un navire de guerre a hissé de nouveau le pavillon national sur cet archipel, Une compagnie, créée pour l'exploitation des ressources de cette terre, jouit d'une concession accordée par le gouvernement et, en échange, paie à l'Etat une redevance annuelle, Ajoutons que M. René Bossière a été nommé résident de France aux Kerguelen, Des établissements relativement importants existent sur ces îles' d'abord une grande usine pour la distillation du lard des nombreux phoques que l'on capture aux environs, des bâtiments pour le logement des chasseurs et des ouvriers; enfin, une station d'acclimatation du mouton. Une population de 150 à 160 hommes réside dans l'archipel.

Notre souveraineté sur Saint-Paul et sur les Kerguelen est donc attestée, non seulement par des actes officiels, mais encore par de nombreux faits d'occupation ; elle est effective et visible et aucune nation ne songe à nous la contester. Pour nos deux autres possessions dans l'extrême Sud, les Crozet et la Terre Adélie, la situation est différente. En 1772, le navigateur français Marion Dufresne, lorsqu'il découvrit les Crozet, en prit possession au nom de Louis XV, et, en 1840, Dumont d'Urville accomplit la même formalité à la Terre Adélie. Nos droits sur ces territoires sont, par suite, incontestables.
En 1834, une frégate française, l'Héroïne, fit l'hydrographie des Crozet et y séjourna cinq semaines. Jamais ensuite nous n'avons occupé cet archipel; par contre, de nombreux étrangers s'y sont installés. Il y' a soixante-dix ans, ces îles étaient une station fréquentée de baleiniers et de- chasseurs de phoques américains. De même, après Dumont d'Urville, aucun Français n'a occupé, ni même visité la Terre Adélie; l'accès en est d'ailleurs défendu par de redoutables banquises. Depuis 1840, une seule expédition a abordé sur cette partie du continent antarctique, celle de sir Douglas Mawson, organisée par !'Australie, et qui y demeura deux ans (1912-1914) .

En présence de cette situation, le gouvernement de la République a jugé opportun de faire acte de souveraineté sur les Crozet comme sur la Terre Adélie et de montrer ainsi que le défaut d'occupation n'implique de notre part aucune idée d'abandon de ces terres. A cet effet, les ministres compétents ont pris des mesures administratives concernant ces deux territoires en même temps qu'une décision générale visant toutes nos possessions antarctiques et subantarctiques.

A quoi bon se préoccuper de ces terres perdues à l'autre bout du monde ? se demandera-t-on. Entièrement couverte de glaciers et constamment balayée par des ouragans de neige, la Terre Adélie paraît, certes, dépourvue de toute valeur.

Mais qui sait ? En sera-t-il toujours ainsi ? Il y a trente ans, les parties du continent antarctique que la Grande-Bretagne s'est récemment annexées, et qui sont aujourd'hui le siège d'une chasse à la baleine très lucrative, ne semblaient offrir aucune possibilité d'avenir. Par contre, Amsterdam, Saint-Paul, les Crozet et les Kerguelen possèdent une réelle importance, en raison tant de leur situation à proximité de la route maritime d'Europe en Nouvelle-Zélande par le Cap que de leurs ressources.

Peut-être s'étonnera-t-on que la terre Clarie, découverte également par Dumont d'Urville, à l'Ouest de la Terre Adélie, ne soit pas mentionnée dans les mesures gouvernementales concernant nos territoires antarctiques. La raison de ce silence est plausible. Cette terre n'existe plus aujourd'hui Ce que l'illustre marin découvrit, et auquel il donna le nom de côte Clarie, était tout simplement la falaise terminale d'un immense glacier que le continent antarctique projetait alors très loin au large. Depuis 1840, cette énorme masse de glace a fondu et s'est résolue en icebergs.
   

Pour approfondir ces articles :
- Les frères Bossière (les consessions des Kerguelen)
- Les premieurs découvreurs de l'Antarctique


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