De la découverte de l'Antarctique au début de son exploration
A la fin du XVIIIème siècle, seules quelques îles
subantarctiques ont été découvertes dans les mers
australes. Au sud, le cercle polaire a été franchi par James
Cook, mais aucun territoire antarctique n'a été découvert.
C'est à partir de 1820 que des côtes sont aperçues
pour la première fois.
Les découvertes de l'Antarctique |
Les chasseurs de phoques
Après
les différentes découvertes des îles australes et
le voyage de Cook, plusieurs navires se lancent dans les mers de l'extrême
sud pour y chasser les phoques et les baleines. Les missions australes
se faisant sans scientifiques, il est possible que certains commandants
de navires aient découvert de nouveaux territoires de chasse, sans
pour autant en divulguer leurs positions géographiques, afin d'en
conserver l'exclusivité.
Smith, Bransfield, Palmer, Davis et Wedell
Dans cette course à la conquête de l'extrême sud, le
capitaine Smith est le premier à revendiquer les Nouvelles Shetland
du Sud. En 1819, il y plante le drapeau de la Grande-Bretagne. Un autre
voyage est organisé, avec cette fois Smith en tant que pilote du
navire et Bransfield en tant que commandant de la nouvelle expédition.
Ils sont chargés de découvrir de nouvelles terres et de
trouver des abris pour amarrer dans de bonnes conditions. Ils atteignent
la position de 64° 50' sud au début de l'année 1820.
Un dernier voyage permet à Smith, en 1821, de chasser dans ces
contrées d'où il ramène plusieurs milliers de peaux
de phoques.
En 1820, plusieurs navires affrétés pour la chasse aux phoques
se dirigent aussi vers les Shetland du Sud. Le navigateur Palmer est celui
qui semble avoir atteint la péninsule antarctique le premier.
En 1821, plusieurs autres campagnes sont organisées et des rivalités
s'annoncent entre les différents équipages britanniques
et américains.
Le capitaine Davis explore de nouveaux territoires de chasse et, toujours
en 1821, il est vraisemblablement le premier à observer les terres
de l'Antarctique.
Weddell, en 1823, est lui aussi en mission pour chasser le phoque, mais
son voyage s'apparente plus à un voyage d'exploration. Il bénéficie
d'une température clémente pour ces latitudes et réussi
à naviguer en mer libre jusqu'à 74° 15' sud et 34°
16' ouest. Lors de son exploration, il ne découvre aucune terre
qui ne soit pas déjà connue, mais bat le record de Cook
de navigation en extrême sud. Il conservera ce record jusqu'en 1911.
Les voyages d'exploration |
Se sont les Russes qui vont relancer les grandes expéditions australes
sur les traces de James Cook. A la demande du Tsar Alexandre Ier, deux
navires sont affrétés pour l'Antarctique.
Bellinghaussen
A la tête de l'expédition russe, l'amiral Bellinghaussen
fait route vers le sud en juillet 1819. Il aperçoit une zone glacée
le 27 janvier 1820 par 69° sud. Il s'agit en fait des côtes
de l'Antarctique. Il termine son premier voyage austral en avril 1820
en Australie.
Après avoir subi des réparations et un renforcement de leurs
coques par des plaques de cuivre, les deux navires repartent le 11 novembre
1820. Le 21 janvier 1821, Bellinghaussen découvre l'Ile Pierre
Premier, puis le 28 janvier, il aperçoit une zone surmontée
de montagnes déneigées. Il s'agit de l'île Alexandre.
Située à environ 32 kilomètres du continent, l'équipage
la prend pour l'Antarctique. Les deux navires, après avoir effectué
le tour du continent durant ces deux voyages, arrivent à Rio en
mars 1821. Ces voyages furent beaucoup moins médiatisés
que ceux de Cook ( voir
le périple )
A la recherche du pôle Sud magnétique |
Les scientifiques s'intéressent au champ magnétique terrestre.
Le pôle Nord magnétique est localisé, en 1831, dans
le Nord canadien par James Clark Ross. Si la recherche du pôle sud
magnétique n'est pas le seul objectif des missions, il reste l'élément
moteur des campagnes des années 1840.
Dumont d'Urville
Dumont d'Urville
a une bonne expérience des campagnes d'exploration. Il effectue
un tour du Monde, lors de deux voyages entre 1822 et 1829, et explore
le Pacifique à la recherche des restes de la Pérouse. Il
dirige sa première expédition en 1838, en Antarctique, lors
d'une mission ethnographique dans le Pacifique, à bord des navires
océanographiques l'Astrolabe et la Zélée. Lors de
cette première expédition, l'Antarctique n'est pas atteint,
mais les côtes de la Terre de Graham sont cartographiées.
A son retour à Hobart en 1839, il prend conscience que les Anglais
et les Américains sont sur le point de débuter de nouvelles
expéditions.
C'est finalement lors de son deuxième voyage, que le 19 janvier
1840, il aperçoit la côte du continent antarctique. Quelques
jours plus tard, il plante le drapeau français sur un îlot.
Sur le chemin du retour, il croise l'expédition de Wilkes qui aura
exploré à la fin de son voyage plus de 2.000 kilomètres
de côtes. Dumont d'Urville n'a pas trouvé le pôle sud
magnétique.
James Clark Ross
James Clark Ross est un habitué des zones polaires. Il sillonne
l'Arctique à la recherche du passage
du Nord-Ouest en compagnie de Pary et localise avec l'aide de son
oncle (John Ross) le pôle Nord magnétique en 1831.
En 1839, il est chargé d'explorer l'Antarctique et de trouver l'emplacement
du pôle Sud magnétique. Ces deux voyages en zone australe
ne lui donnent pas l'occasion de découvrir le pôle magnétique,
mais il effectue de nouvelles découvertes entre 1840 et 1843. Il
explore notamment une partie de la banquise côtière, actuellement
nommée mer de Ross. En cherchant le pôle, il s'aperçoit
que sa route est barrée par une terre, le continent est donc bien
là. Il découvre aussi un volcan en activité, qu'il
nomme le mont Erebus.
Le pôle Nord magnétique ne sera atteint pour la première
fois qu'en 1909, par la mission menée par Mawson, David et Mackay.
Après plusieurs années de massacre, les ressources australes
se sont affaiblies et durant quelques décennies la chasse est freinée.
Les campagnes de chasse reprennent vers la fin du XIXème, avec
notamment l'industrie baleinière norvégienne, qui ne trouve
plus assez de baleines en Arctique et en Asie. La terre du continent est
foulée pour la première fois par l'un de ses équipages
en 1895. Il s'agit de l'équipage du baleinier " l'Antarctic
".
L'exploration de l'Antarctique |
C'est à Londres, en 1895, que renaît l'intérêt
pour l'exploration de l'Antarctique avec le sixième congrès
international de géographie.
Il est décidé à cette époque de se consacrer
aux découvertes scientifiques sur ce continent qui depuis cinquante
ans a été délaissé au profits de l'arctique.
Le premier hivernage en Antarctique.
C'est
le baron belge Adrien
de Gerlache alors âgé de vingt neuf ans qui prend le
relais des grands aventuriers de l'Antarctique.
Il part du port d'Anvers en août 1897 à bord d'un ancien
baleinier qu'il baptise le " Belgica ".
Il a à son bord Frédéric Cook qui vient de traverser
le Groenland et le jeune norvégien Roald Amundsen. Malgré
un long trajet et la fuite de certains membres de l'équipage en
escale en Argentine du Sud, le Belgica arrive le 20 janvier sur le côte
de la Péninsule Antarctique. Quelques jours après l'arrivée
la mort d'un des marins arrive. La navigation continue et c'est pour l'équipage
la découverte de zones non explorées comme le détroit
de Gerlache et la Terre de Graham. La " Belgica " se fait prendre
par les glaces début mars 1898. L'équipage commence un hivernage
à bord du navire qui dérive le long des côtes.
L'équipage qui subit le scorbut connaît des signes de dépression
psychologique. Cook qui fait office de médecin de bord va sauver
les hommes en les obligeant à manger de la viande de phoque et
de manchot pour se procurer ainsi des vitamines C.
Au retour du printemps la glace est toujours présente, ils vont
creuser un chenal pendant un mois et demi afin d'atteindre l'eau libre.
Finalement, ils réussissent à se frayer un passage et sont
de retour à Punta Arenas le 28 mars 1899.
Le premier hivernage sur le continent
Le britannique Carsten Egeberg Borchgrevink a déjà voyagé
en Antarctique en tant qu'observateur scientifique à bord de l'"
Antarctic " en 1894. Il est persuadé qu'il est possible d'établir
un camp sur la terre ferme et d'y hiverner. Il réussi à
convaincre plusieurs mécènes de financer son expédition,
raflant même certaines sommes promises à la Royal Geographical
Society pour l'organisation d'une expédition nationale en Antarctique.
Il quitte Londres avec son équipage le 23 août 1898. Le navire
arrive sur le continent austral à la mi février, au cap
Adare. Les baraquements préfabriqués sont installés
en une dizaine de jours. Le camp est prêt pour accueillir ses dix
membres qui resteront à terre, le bateau les quitte le 2 mars.
Il est à noter que pour la première fois des chiens font
partis de l'expédition. Lors de la mission le géologue Bernachi
observe les corrélations qui existent entre les couches géologiques
de l'Antarctique et de l'Australie.
Malgré le décès d'un membre et quelques incidents
l'on peut considérer que la mission est un succès, Borchgrevink
a fait la preuve qu'il était possible d'hiverner sur le continent.
Plusieurs observations zoologiques et géologiques sont faites.
Dés le retour du navire fin janvier 1900, ils se dirigent vers
la plate-forme de Ross. Fin février l'équipage prend le
chemin du retour.
Borchgrevink n'a pas eu l'accueil qu'il méritait, pourtant sa
mission aurait pu être prise comme exemple pour les futurs missions
anglaises. Le fait qu'il ait mené sont aventure sans le concours
des autorités bien pensantes de l'époque l'a éloigné
du succès qu'il méritait. Il faudra attendre 1930 pour que
la Royal Geographical Society reconnaisse l'ampleur de son travail.
Les expéditions scientifiques s'enchaînent
A partir du début du XXième siècle plusieurs expéditions
européennes vont se succéder.
L'Allemagne peu présente jusqu 'à maintenant sur l'Antarctique
effectue une expédition en 1901 - 1902 avec le navire " Gauss
" explorant les îles sub-antarctiques ( Kerguelen et Heard
) puis le continent. A la tête de l'expédition, Erich Von
Drygalski, pendant un an, effectue de nombreuses observations sur le continent.
Cette même année, le géologue suédois Otto
Nordenskjöld ( le neveu de celui qui réussi à effectuer
le passage du Nord Est) passe deux hivers sur le continents. La mission
auraient pu être dramatique, le navire qui l' accompagne et broyé
dans les glaces, mais réussissant à trouver des refuges
de fortunes, les hommes de la mission passent un hiver et sont secourus
par un navire argentin en 1903.
Toujours en 1902, mais cette fois ci en novembre, Robert
Scott, Ernest
Shackleton et Edward Wilson participent à l'expédition
nationale britannique. Pour la première fois ils envisagent d'atteindre
le pôle sud. Ils atteignent 82° sud et souffrant de problèmes
de vues font demi tour. En 1903 Scott explore la calotte glacière.
En février 1904, c'est au tour de la France de s'investir dans
les recherches scientifiques. C'est surtout grâce à la persévérance
de Jan Baptiste
Charcot que l'expédition peu avoir lieu. A bord du navire océanographique
le " Français " il explore la péninsule de l'Antarctique.
Il hiverne sur le navire prêt de l'Ile de Booth. Il découvre
la côte Loubet, l'île Doumer et Port Lockroy. Son voyage complète
le travail de De Gerlache. Charcot effectue un second voyage en 1909 à
bord du Pourquoi Pas ?
La même année c'est au tour de W S Bruce et des membres
de la Scottish National Antarctic Expedition d'explorer pour la première
fois le continent en passant la mer de Wedell. Ils établissent
leur camp de base sur l'île Laurie dans les Orcades du Sud. La campagne
tourne mal, mais heureusement les membres de la mission sont secourus
en 1905 par un navire argentin. A partir de cette date l'ex camp écossais
servira chaque année de base estivale. C'est donc la première
base ( semi permanente) de l'Antarctique.
La course au Pôle
Si la première expédition de Robert
Scott, Ernest
Shackleton et Edward Wilson en 1903-1904 a été en partie
d'atteindre le Pôle, c'est à partir de 1908 que la conquête
de celui ci devient l'une des principale priorité des campagnes
en Antarctique, l'année 1911 marquera sa conquête avec l'explorateur
Amundsen.
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