COUPURE DE PRESSE
Lévin est coupé du monde
Source : La Dépêche du Midi 01/01/2003 |
|
 |
|
|
C |
e midi, bien au chaud nous aurons sans doute du mal à finir
nos plats, roboratifs et succulents arrosés de hampagne. |
Au bout du monde, la-haut, dans le grand Nord canadien, un Toulousain
aura moins de chance. Eclairé par quelques bougies, Stéphane
Lévin va manger lyophilise, seul dans son igloo de fortune,
balayé par le blizzard. Ses balises Agros en attestent. Cette
semaine, il a fait de -60à -65° au vent, de - 37 à
- 42° à l'abri du vent, - 15 ° à - 20° dans
sa cabane.
Et, comme chaque jour, il va devoir faire fondre vingt kilos de glace
pour produire ses trois litres d'eau quotidiens. Seul point commun
avec le commun des réveillonneurs, le baroudeur va dormir le
jour. La nuit polaire, qui s'est installée trois mois sur l'île
Cornwa1lis, a complètement détraqué son sommeil.
Personne ne l'a force, certes, mais ce que fait Stéphane Lévin,
aucun aventurier n'avait jamais osé le faire : passer cinq
mois en plein Arctique, à cent kilomètres des premiers
Inuits...
Tout ça pour réaliser quelques tests scientifiques
et médicaux, pour le Centre national d'études spatiales,
pour le laboratoire de médecine du sommeil de Rangueil, le
plateau sportif de la clinique des Cèdres, à Cornebarrieu,
des laboratoires dermatologiques, des fabricants de vêtements
de grands froids.
Autant de partenaires désireux de tester la résistance
de l'homme en milieu extrême. Devant trois cents personnes,
réunies récemment par la Cité de l'Espace,
I'astronaute Philippe Perrin, qui en a pourtant vu d'autres, n'a
d'ailleurs cessé de le complimenter pour sa bravoure et l'intérêt
de sa mission.
II a été son dernier interlocuteur téléphonique.
Depuis Noël, Stéphane Lévin est totalement coupé
du monde. Sur le toit de son igloo, la petite éolienne qui
alimentait les piles au lithium de son téléphone sate1litaire
est tombée une nouvelle fois en panne. Malgré le froid
glacial, le Toulousain a essayé de la réparer, mais
il est encore handicapé par un panaris qu'il a dû réopérer.
|
|
 |
DES CODES DE SURVIE
Le dernier survivant de l'expédition de Paul-Emile Victor ne peut
lui témoigner pour l'instant son soutien. Plus grave, Stéphane
Lévin n'entend plus la voix rassurante, une fois par semaine, de
ses amis de l'association Sciences aventures extrêmes, des collégiens
de Montalembert ou de " La Depeche du Midi ". Et, évidemment,
il ne pourra adresser ses vux a ses amis aujourd'hui...
II ne communique plus que par codes pré-programmés, sur
ses balises. " Je lui demande de les changer trois fois par jour.
C'est la seule façon de savoir s'il va bien, et même s'il
est toujours vivant. S'il lance un SOS de rapatriement, s'il ne donne
pas signe de vie pendant une journée, je préviendrai la
police montée de Resolute Bay, qui enverra aussitôt un équipage
d'lnuits pour aller le secourir. Ce doit être terrible pour lui
ne plus avoir personne au bout du fil " indique le coordonnateur
de l'expédition, le libraire toulousain Leo Laroca. L'heure n'est
pas encore au sauvetage. Comme le froid s'est réinstallé,
après une semaine de relative chaleur (il ne faisait que - 5°
dans la cabane), Stéphane Lévin va devoir recolmater son
igloo. qui avait sacrement fondu. Faute de disposer d'assez de nourriture,
il va sans doute devoir éliminer à contrecur les six
chiots que lui a inopinément offert sa chienne malamoute. En attendant,
il se délecte en n'en ouvrant que tous les deux jours, des courriers
de réconfort que lui avaient préparés les collégiens
de Montalembert. Cela lui fait parait-il chaud au cur. Il s'endort
même avec...
terrible pour lui ne plus avoir personne au bout du fil " indique
le coordonnateurde I'expedition, le libraire toulousain Leo Laroca. L'heure
n'est pas encore au sauvetage. Comme le froid s'est reinstalle, apres
une semaine de relative chaleur(il nefaisait que- 5° dans la cabane)
, Stephane Levin va devoir recolmater son igloo, qui avait sacrement fondu.
Faute de disposer d'assez de nourriture, il va sans doute devoir eliminer,
a contrecCEur, les six chiots que lui a inopinement offert sa chienne
maiamoute. En attendant, il se delecte, en n'en ouvrant que tous les deux
jours, des courriers de reconfort que lui avaient prepares les collegiens
de Montalembert. Cela lui fait parait-ii , chaud au cCEur ,.II s'endort
meme avec...
Jean-François Lardy-Gaillot |
|