Jean-Baptiste Charcot
Les traîneaux automobiles
de Dion-Bouton
Les essais au sommet du Col du Lautaret
Nous reprenons ici les notes de Charles Gaston Rouillon (Ancien directeur
adjoint des EPF) pour vous présenter les préparatifs de
ces deux explorateurs. Vous trouverez en annexe deux articles parus
dans la presse de l'époque.
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En ce début du siècle, les progrès
techniques ont donné lieu au développement rapide
du moteur à explosion et des véhicules automobiles
nés quelques temps auparavant
Or les dernières expéditions antarctiques ont été
arrêtées en bordure du nouveau continent par d'immenses
champs de glace recouverts de neige, barrant la route aux navires
et se prolongeant à perte de vue dans l'intérieur.
Leur parcours impose aux explorateurs se déplaçant
à pied ou à ski des traîneaux lourdement chargés
en vivres, combustible, campement, appareils, ce qui limite considérablement
leur pénétration. L'idée donc pris naissance
d'étudier et de construire pour ces transports des traîneaux
à moteur. |
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Scott devant son traîneau
au sommet du col |
Charcot avec sa femme Meg |
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Charcot prend alors contact avec l'un des pionniers de l'automobile
en France, dont les responsables, le marquis Albert de Dion associé
à l'ingénieur Georges Bouton, viennent d'inventer
et de réaliser de nouveaux modes de transmission mécanique
révolutionnant les transports.
Dans leur enthousiasme pour toute réalisation nouvelle,
ces deux dirigeants se déclarent disposés à
donner suite à cette idée; el si l'expérimentation
d'un premier traîneau se révèle positive,
ils sont prêts à faire don à l'expédition
française des véhicules désirés.
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Le capitaine anglais Robert Scott, intéressé pour
sa propre tentative d'atteindre le Pôle sud, fait appel
lui aussi à la maison de Dion-Bouton pour des traîneaux
similaires, mais d'un mode de propulsion différent. Les
deux chefs d'expédition décident alors de faire
leurs essais en commun.
Ces essais ont lieu en mars 1908, au col du Lautaret, dont l'altitude
2058 m, le relief modéré, l'accès et l'enneigement
à cette époque sont jugés parmi les plus
appropriés.
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J-B Charcot essaie son traîneau |
Le capitaine Scott est accompagné par deux des membres les plus
qualifiés de son expédition précédente,
le lieutenant Michael Barne et l'officier mécanicien Reginald
Skelton. Ils essaient deux traîneaux.
Les autorités militaire française, intéressées
également à ces essais y détachent pendant toute
leur durée un de leur meilleurs spécilistes des traîneaux,
le lieutenant Labesse, avec le renfort d'une dizaine de montagnards
de la formation la plus proche.
Les essais sont conduits par un ingénieur de la maison de Dion-Bouton,
M. Edmond Coursier, auquel incombera par la suite, si elle est décidée,
la construction des traîneaux pour la toute prochaine expédition
Charcot.
Au Lautaret, on essaie trois types de traîneaux automobiles dont
le châssis s'inspire du modèle norvégien en frêne,
bien connu sous le nom de " traîneau Nansen ", avec
les caractéristiques suivantes.
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Pour le traîneau Charcot, deux doubles patin à spatules
recourbées comme celle des skis aux deux extrémités,
larges de 7 à 10 cm, et longs de 3.50 m au total. Sur chacun
d'eux, espacés de 40 à 50 cm, 7 montants verticaux
supportent divers traverses en bois et en métal constituant
un ensemble relativement rigide. Tous les éléments
sont assemblés avec des lanières de cuir, fournissant
l'ensemble une certaine souplesse pour absorber sans dommages les
inégalités de la surface de neige durcie ou de glace
et atténuer les chocs. Capacité de charge jusqu'à
500 kg. A l'arrière, le groupe moteur et le siège
de conduite. |
Au centre du traîneau se trouve le système de propulsion
où réside l'originalité de l'engin. Le propulseur
placé entre les patin est constitué par une roue à
deux jantes, reliées par des barrettes et montées
sur le même moyeu-moteur à l'écartement de 28
cm. Chacune des deux jantes, reliées est munie de palettes
métalliques inversées, comme les sculptures des pneu
actuels de nos gros engins forestiers ou agricoles, afin de bien
accrocher la surface de circulation. La roue propulsive est articulées
depuis l'avant de manière à pouvoir assurer toujours
le contact optimal avec une surface inégale. La direction
est donnée par les patins antérieurs pivotants, actionnés
à l'aide d'une manivelle depuis le caisson avant servant
de banc. |
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Le traîneau du capitaine Scott utilise comme propulseur
une chenille à palette métalliques montées
entre les patins sur deux tambours dentés.. Celui du lieutenant
Barne, deux roues à aubes indépendantes, fixées
de et d'autre du châssis, assurant simultanément propulsion
et direction par leur itesse de rotation indépendantes.
Le traîneau Charcot comportant deux vitesses est le plus léger. |
Il pèse à vide 200 kg avec un moteur de
4 CV. Le traîneau de Scott pèse 900 kg avec un moteur Dion
de 8 CV.
Le traîneau de Barne pèse 800 kg avec un moteur Buchet
2 cylindres de 10 CV.
A leur issue, les essais du traîneau Charcot se sont avérés
très satisfaisants et encourageant, avec, une vitesse de 4 à
8 km/h selon la nature et l'état de la surface.
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T°= -12°C. Le moteur démarre à la 4e tentative.
Montées de 3-4% : pas de problème
Réussite inespérée ! Eh bien docteur êtes-vous
content ? Dites : ravi ! Je n'aurais jamais osé espérer
pour le 1er essai un résultat aussi concluant
car enfin
li n'y a pas à douter que mon traîneau qui vient de parcourir
près de 200 m en piste dure et neige molle ne soit à même
de me rendre la banquise australe les mêmes services de traction
et de régularité dans l'allure. Je vous l'ai dit, la fonction
même de mon traîneau n'est qu'une fonction de traction.
Elle doit consister dans le transport de vivres, munitions et appareils,
rôle généralement dévolu aux chiens. Avec
le traîneau-auto tous ces aléas disparaissent (maladies
des chiens
). Il suffit de se munir de pièces de rechange
nécessaires et de s'approvisionner d'essence et d'huiles susceptibles
de résister aux gels antarctiques qui varient de -20 à
-40 et même -50°C.
Marquis de Dion et son associé Bouton
Samedi : traîneau expérimenté par Scott pour la
1ere fois. Poids 750 kg, 10 H.P. de force. Mauvais résultats
: labourage de la neige et calage.
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