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Yellowknife - ( Grand Lac des Esclaves )
Grand Nord canadien
Photos et textes © Françoise Jaussoin


La vie quotidienne


"Tant il est vrai qu'un voyage doit son succès aux relations tissées autour du projet... Une amie habitant à Yellowknife, Roxanne, a montré tellement d'enthousiasme par rapport à ma venue en ville qu'elle m'a beaucoup aidée à y voir clair dans mes possibilités de logement et de travail. Grâce à ses conseils toujours dynamiques et optimistes, grâce aussi à son appui auprès d'une régie de logements, je suis partie avec confiance.

  Par téléphone, j'avais réservé un appartement de deux chambres auprès de la régie d'immeubles de Roxanne. Deux semaines avant le départ, je ne savais pas encore si je pourrais me loger. Etant donné que c'était l'aspect déterminant pour bien commencer le séjour, j'attendais avec impatience une réponse. Et puis, à peu près dix jours avant le départ, je reçois enfin une réponse positive. Mais il faut que je choisisse tout de suite un bail de un mois, trois mois, six mois ou un an, sachant que le loyer avec un bail d'un an est beaucoup mooins cher. Je coche oralement la case "bail d'un an". Pour un deux chambres, je devrai payer 1 345 $ par mois. Tout est compris : les taxes, le chauffage, l'électricité, l'eau chaude et même une place de stationnement avec prise électrique.

En arrivant, j'ai la surprise de découvrir un logement très propre, avec cuisine équipée, orienté plein sud, donc vers le soleil. De grandes baies vitrées laissent la lumière envahir les pièces. Maintenant, il faut meubler cet appartement. Là encore, grâce aux conseils de Roxanne et à son prêt ponctuel de voiture, j'ai pu aller à la "dump" (la déchetterie municipale) pour récupérer des meubles, de la vaisselle, des rideaux, des draps, et même des vêtements. Des pinceaux et de la peinture pour rafistoler les objets trop usagés. Ensuite, au "flea market" (marché aux puces) de la paroisse St Patrick, j'ai trouvé des lits, des matelas, des chaussures et des manteaux d'hiver, des skis, des patins, des joujoux, des livres, des vêtements de toutes saisons, des cadeaux, enfin, nous avons pu nous équiper complètement à des prix défiant toute concurrence.

Les enfants ont commencé l'école francophone fin août et moi, un emploi à l'association franco-culturelle de Yellowknife début septembre. Je pouvais aménager mes horaires de manière à déposer les enfants et à les récupérer à l'arrêt du bus scolaire. Même par -52°C, ils ont été à l'école et moi au bureau. Car, à Yellowknife, protégée par la forêt, il n'y a pas de blizzard. Et, comme c'est l'une des régions les plus sèches du Canada, il n'y a pas non plus de grosse tempête de neige humide. Les horaires scolaires étaient très agréables : école du lundi au vendredi, de 8h30 à 15h30. Deux semaines de vacances pour Noël et deux semaines en mars. La qualité de vie était supérieure à celle que je connaissais en France grâce à ce rythme régulier. Et tout est fait pour faciliter la vie familiale : bus scolaires aménagés, horaires fixes et tenus toute l'année, facilités pour aménager le temps de travail si on doit s'occuper de ses enfants, activités sportives et ludiques après l'école si l'enfant le souhaite, magasins ouverts 7 jours sur 7, cliniques familiales nombreuses et hôpital bien équipé... Bref, dans cette ville "au milieu de nulle part", la vie est douce pour élever une famille.

 

L'une de nos gâteries préférées était sans nul doute le poisson du Grand Lac et du Mackenzie. Toute l'année, Nancy vend du poisson. Elle habite sur un bateau et elle coupe des filets de poisson à la semaine longue. Cette femme a un sourire pour chacun, toujours une blague à raconter, un geste gentil, une attention pour demander de vos nouvelles. Elle vend le poisson sur le lac gelé en hiver et, le reste du temps, en ville. J'achetais souvent du brochet et du "white fish", parfois du doré. Pour 5 $, Nancy me donnait l'équivalent de deux kilos de poisson bien frais. Un jour, elle m'a dit que des Dénés sont rentrés sur son bateau. L'un des hommes lui dit : "Donne-nous ton poisson". "Ben ! Je ne peux pas te le donner, parce que je vis avec ça. Mais je peux t'en vendre", répond-elle. L'homme s'énerve, il hausse le ton. Il l'apostrophe : "Dis-donc, tu pêches dans nos lacs, dans notre territoire et tu attrapes nos poissons. Ces poissons sont à nous, pas à toi." Nancy répond tranquillement :"Ecoute, c'est pas ton lac, c'est pas tes poissons. Moi je paye une patente pour mon entreprise, donc mon travail est régulier. Si tu veux du poisson gratuit, va en pêcher toi-même, personne ne t'en empêche". Et, dans un grand éclat de rire, Nancy aux yeux bleu marine me sert de splendides filets de "white fish", tout en serrant son mégot de cigarette entre ses lèvres encore entrouvertes.

  Une vie tranquille près de ce lac magnifique, dans cette ville où l'hiver subarctique est supportable car elle est équipée pour vivre en hiver. Lorsque la fin de semaine arrivait, je me réjouissais d'avance à l'idée d'inviter des ami(e)s ou d'en visiter. Chaque samedi, nous allions à la piscine avec Aude et Olivier. On prenait un taxi en hiver et j'ai fait connaissance avec des Somaliens, des Ethiopiens, des Russes, des Hongrois, des Vietnamiens, et un Jamaïcain qui affichait des versets du Coran dans son véhicule. Il m'a dit que sa famille habite à Toronto et qu'il va la voir une fois par an. Il lui arrive de travailler parfois 24 heures en ligne. Il est là pour faire de l'argent et partir. Le dimanche, on pouvait profiter gratuitement des animations au musée anthropologique et aller à la bibliothèque, où on trouvait des livres et des cassettes vidéo en français. Je profitais de l'après-midi pour préparer les repas jusqu'au mercredi. Car ma fille emportait sa boîte à lunch pour l'école et moi la mienne au bureau. Parfois, je préparais du sucre à la crème, à base de sirop d'érable importé du Québec. Les fins de semaine en famille étaient calmes. Dès que le jour est revenu en mars, on allait faire de la luge pendant toute une après-midi, c'était très délassant. Les pistes étaient en pleine ville, nichée entre des petites maisons ou des blocs appartement.
     
J'avais délibérément choisi de ne pas avoir d'ordinateur ni de TV à la maison. Les enfants avaient une Game Boy, Roxanne m'ayant prêté une TV que j'ai gardée pour regarder des cassettes vidéo empruntées à la bibliothèque de l'école. Nous n'avons senti aucun manque. Au point de vue des amitiés nouées à l'école, elles se sont faites très rapidement. Aude a eu deux bonnes copines et Olivier a participé à tous les anniversaires organisés à la piscine. Les enfants, comme leurs parents, sont très sociables et veulent profiter de bons moments ensemble. Quant à moi, de part mon emploi de directrice de projet NTIC, j'étais en contact avec la population francophone pour animer des ateliers de formation. J'ai connu de "belles" personnes, c'est-à-dire des femmes et des hommes porteurs de projets de vie sains, sincères, généreux aussi bien dans leurs actes que dans leurs paroles. Peut-être que ces belles rencontres émergeaient de disponibilités réciproques, entre eux et moi, ou entre moi et eux. Je ne me souviens pas qui faisait les premiers pas, ce n'est pas si important que ça. Je n'ai gardé que les très beaux moments (repas, fêtes, balades, visites) passés à partage".  
Françoise Jaussoin


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