Pour vivre heureux dans le Grand Nord, rien de plus simple : faire
comme tout le monde, c'est-à-dire être ensemble et
partager. Les loisirs à Yellowknife peuvent être très
variés car l'esprit entreprenant des habitants les amène
à créer de nombreuses associations. Ca va de la danse
flamenco au patchwork très traditionnel.
J'ai été très étonnée de constater
à quel point les citadins aiment s'échapper dans
le bois et sur les lacs dès que le temps le permet, en
toutes saisons, sauf quand il pleut. La ville est entourée
par la taïga, il n'y a que trois routes dans le 1 million
de km2 que forment les Territoires du Nord-Ouest dont Yellowknife
est la capitale, la ville importante et la plus proche se trouve
à 1 500 km au sud, c'est Edmonton en Alberta.
On ne s'échappe pas de la ville de Yellowknife la fin
de semaine pour fuir la pollution, non. On va dans le bois ou
sur un lac. On va..., point. On va en groupe, au minimum deux,
et on avertit toujours où on va. L'appel de la forêt
est très fort. J'aurais pensé que cette forêt
aurait pu être monotone ou menaçante. Pas du tout.
En hiver, elle rassure car, si on est perdu, on peut faire un
feu. En été, elle protège des rayons brûlants
du soleil.
J'ai partagé trois sorties kayak avec des amis, dont
une consistait à franchir un portage pas trog long
mais très pentu. Le couple avait un kayak de mer tandem,
qui pesait à vide déjà 40 kgs. Plus le
poids des équipements de camping, total de 80 kgs.
Mon kayak pesait deux fois moins, avec mon équipement
j'avais un maximum de 40 kgs. Nous sommes partis en voiture,
le 21 juillet, pour rejoindre Hidden Lake. C'est un lac placé
un peu en altitude, avec deux portages qu'il faut grimper,
l'un étant aménagé avec des escaliers
de bois. Premier lac, premier portage : vite, du "Muskol",
un produit anti-moustiques dont on s'est enduit le plus vite
possible. Trop tard, nous avons déjà une dizaine
de piqûres malgré notre rapidité. |
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Lors de ce premier portage, on a porté les kayaks chargés,
sur des racines d'épinette et par-dessus des roches. Il
a fallu reprendre le pagayage près d'un petit rapide dans
lequel j'ai cru être engloutie, mais, non. Ce n'était
pas mon jour. Deuxième traversée, où l'on
voit deux huttes de castors, on traverse des champs de nénuphars
et on aperçoit un couple avec leur petit huard. Deuxième
portage, très raide. Malgré les escaliers, on peine,
on souffle, on tire, on pousse, les cordages scient nos mains.
Enfin on arrive en haut, pause. On domine les premiers lacs, les
eaux brunes et bleu marine scintillent, le panorama est superbe.
Troisième lac, troisième portage. Relativement plat
mais très long et surtout très, très marécageux.
L'aménagement d'un passage canadien a disparu dans la boue,
nous voici enfoncés jusqu'aux chevilles, suant, tirant, soulevant.
On arrive au quatrième lac, éreintés. Mais
la récompense en vaut la peine : les eaux sont vert émeraude,
il n'y a aucun bruit. Seuls les huards accompagneront notre "nuit"
(le soleil se couche à minuit et se relève à
2h). Pour éviter les ours noirs, nombreux en cette saison,
nous choisissons de camper sur une toute petite île, couverte
de bouleaux. Mes amis parviennent à trouver un endroit plat
pour mettre leur tente. Moi, je me contente d'un bloc rocheux entouré
d'herbes, incliné. Dur dur de camper sur le Bouclier canadien,
les sols de terre se font rares. Pour cette journée de mes
43 ans, je me suis baignée dans Hidden Lake, plutôt
plusieurs fois qu'une. Mes amis, qui habitent à Yellowknife
depuis près de 10 ans, ont fait aussi leur... première
baignade.
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La pêche, pratiquée aussi bien l'été
que dans des trous de glace l'hiver, est un passe-temps très
populaire. Si je vous dis que les brochets font plus de 50
cm, hm ? et que les truites de taille moyenne font aussi cette
taille, me croiriez-vous ? Et pourtant, c'est vrai. En-dessous
de ces dimensions, les pêcheurs remettent les poissons
à l'eau. L'habitude du choix fait que souvent les brochets
sont également rejetés. La truite subarctique,
tachetée et souple, fait le bonheur des grands amateurs.
Ils sont capables de franchir des zones infestées de
moustiques, de bourbiers et d'ours pour rejoindre un lac qui
regorge de ces belles truites. |
Revenons en ville où, le 14 juillet, le propriétaire
québécois du restaurant de cuisine française
fête la prise de la Bastille. Flonflons, tirages de
prix, repas payant mais animé par un orchestre et grand
concours de pétanque. Etant d'origine française,
on me demandait si j'étais contente de cette petite
fête. Ma foi, la prise de la Bastille n'a pas une grande
signification pour moi et la pétanque n'est pas un
sport de ma région d'origine. Je me sentais plutôt
distante vis-à-vis de cette petite fête qui réunissait
pas mal d'anglophones et de francophones canadiens en quête
d'une raison pour s'amuser. Et le 14 juillet à la française
leur apparaît comme un folklore amusant. En passant
à côté des joueurs, les Dénés
rigolaient de les voir jouer comme des enfants. Les Dénés
sont de grands joueurs et, pour eux, le jeu fait partie du
plaisir de la vie de tous les jours. Ils peuvent passer des
heures et des heures assis dans des coins de la ville à
discuter, hommes et femmes réunis. |
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Ils rient, ils parlent. Puis ils parlent, et ils rient.
Ils font le jeu du bâton : ça se joue à
deux.
L'un des partenaires cache un petit bâton dans son dos
et l'autre doit deviner dans quelle main il le tient. Ce jeu
est prétexte à des démonstrations d'adresse
et à des chants de tambour. J'ai participé à
des chants de tambour, à des cercles de danse, mais
je n'ai jamais vu le jeu du bâton.
Enfin, les galeries d'art offrent de bonnes raisons de
sortir en ville. Passionnée par les arts et les techniques
en général, je me baladais parfois dans les
galeries. Surtout pour regarder, toucher des sculptures,
rêver devant des écharpes en poil de boeuf
musqué, des pulls en velours de poil de castor, contempler
des sculptures si fluides ou des peintures naïves faites
par des femmes de l'Arctique".
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