ALFRED WEGENER AU GROENLAND
L'expédition
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De g. à d. : Prof. Wegener, Dr. Loewe, Dr. Goergi,
Dr. Sorge. Collection de M. G. Gadioux.
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Alfred Wegener qui a étudié les récits d'explorateurs
polaires, a retenu que le succès d'une expédition polaire
dépend de la puissance de ses moyens de transport. En plus des
attelages canins habituels, il débarque avec 25 poneys islandais
et 2 véhicules à moteurs d'avion propulsés par une
hélice. Mais il a oublié une chose que le Capitaine Hassen,
marin très expérimenté dans le domaine de la navigation
polaire, lui fait remarquer au cours du débarquement " Pourquoi
diable ! n'avez-vous pas emmené un vrai bon ouvrier, dépourvu
de tout souci scientifique, mais ayant l'esprit pratique ! Je crains que
cela ne se termine mal ". La suite des évènements lui
donnera raison.
Malgré les supplications du capitaine de faire preuve d'autorité,
Wegener, trop bon, est incapable de donner des ordres, à tel point
qu'il préfère assumer les tâches les plus pénibles
que de les ordonner à ses compagnons.
Survient alors une succession de problèmes directement liés
à des lacunes : oubli de pièces essentielles au fonctionnement
de la ligne téléphonique destinée à relier
le camp de base et la station Eismitte, oubli d'apporter du foin pour
les poneys !
En six semaines, et après une dépense d'énergie incroyable,
120 tonnes de matériel sont malgré tout hissées jusqu'au
bord du glacier.
Alfred
Wegener compte énormément sur ses véhicules pour
joindre le centre de l'inlandsis le plus rapidement possible, mais des
pannes annihilent ses projets.
Comme il est impossible de transporter tous les éléments
nécessaires à la construction de la base, c'est donc directement
dans le névé, que les Docteurs Georgi et Sorge creusent
la station. Cette "glacière" est constituée d'une
pièce de 15 m² et de deux magasins. Grâce aux attelages,
3 tonnes de matériel et de vivres sont acheminées à
Eismitte.
En septembre, une nouvelle tentative avec les traîneaux à
hélices échoue et ceux-ci sont abandonnés sur place.
Ces problèmes imprévus angoissent Wegener qui décide
de rallier une fois encore la station, pour apporter un supplément
de vivres.
Le 21 septembre, il quitte la base de la côte Ouest, accompagné
du Docteur Loewe et de treize Groenlandais, dans un convoi de 15 traîneaux
tirés par des chiens. A cette époque de l'année où
l'hiver s'installe sur l'inlandsis, douze Groenlandais refusent de poursuivre
l'aventure et rebroussent chemin. Péniblement Wegener, Loewe et
le fidèle Rasmus arrivent le 30 octobre à Eismitte dans
un état physique critique. Loewe doit subir l'amputation de ses
orteils, sans anesthésie, ni pansements adéquats et à
l'aide de simples couteaux. Il doit maintenant rester dans la "glacière".
Le 1er novembre, pour économiser les vivres de ses compagnons,
Wegener décide de repartir, mais parvenu à mi-chemin,
au kilomètre 189,5, il succombe d'une défaillance
cardiaque.
Rasmus ensevelit son maître et balise la tombe à l'aide
de skis afin de pouvoir la retrouver. Prenant les carnets de Wegener,
il poursuit sa marche et disparaît. On ne retrouva aucune
trace de lui.
C'est lorsque l'équipe chargée de récupérer
les hivernants arrive à la station, et que les hivernants
ne voient pas Wegener dans cette équipe de relève,
que l'on prend conscience du drame.
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Sources iconographiques : L'Illustration.
Nous remercions Monsieur Georges GADIOUX pour la rédaction de cet article.
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