Page d'accueil du site
ACCUEIL AVENTURES RUBRIQUES RECHERCHES LEXIQUE NOUS CONTACTER
Accueil -> Rubriques -> Explorateurs et aventuriers -> Coupures de presse -> Salomon-Auguste Andrée -> Article original

COUPURE DE PRESSE

L'EXPEDITION ANDREE AU POLE NORD
Source : L'Illustration - N° 2839 - 24 juillet 1897

Pour les lecteurs de l'Illustration, initiés aux péripéties d'une expédition polaire par l'émouvant récit du voyage de Fridtjof Nansen, l'audacieuse entreprise de l'ingénieur suédois Andrée, qui tente à son tour la conquête du Pôle Nord par une voie nouvelle, présente un intérêt tout particulier. Aussi nous sauront-ils gré, en attendant que des nouvelles nous parviennent du ballon polaire l'Adler et de ses passagers, de leur donner quelques détails en partie inédits sur les derniers préparatifs de cette ascension unique dans les annales de l'aérostation.

On n'a pas oublié quels contretemps retinrent l'an dernier jusqu'au 20 août sur la côte de l'île des Danois M. Andrée et ses compagnons, MM. Ekholm et Strindberg, et les obligèrent finalement à regagner la Suède sans avoir pu tenter l'ascension : depuis le 27 juillet, jour où tout avait été prêt pour le départ, le vent avait soufflé obstinément du nord ou du nord-ouest.

Malgré cet insuccès, la campagne de 1896 n'a cependant pas été tout à fait perdue : le hangar, l'appareil à gaz, presque tout le matériel nécessaire avaient pu être laissés sur place et les préparatifs du départ ont été, cette année, simplifiés d'autant.

La deuxième expédition aéronautique polaire a quitté le port de Gothembourg le 18 mai dernier, au milieu de l'enthousiasme général, à bord du Svensksund, navire de l'Etat, qui a touché Tromsoe le 26 mai. Là, il a été rejoint par le Virgo, qui portait le matériel et les réactifs nécessaires à la production du gaz hydrogène.

M. Fraenkel, ingénieur des chemins de fer scandinaves, avait remplacé M. Ekholm, et M. Alexis Machuron, ingénieur aux ateliers d'aérostation de Vaugirard, accompagnait les explorateurs aux lieu et place de son oncle, M. Lachambre, constructeur du ballon.

Les deux navires, le Svensksund et le Virgo, arrivèrent ensemble le 30 mai en vue de l'île des Danois, et c'est à grand'peine qu'ils se frayèrent un passage au milieu des glaces flottantes.

Le hangar, construit l'année précédente, a subi durant l'hivernage des avaries qu'on doit d'abord réparer. Mais les ouvriers suédois sont adroits, et M. Andrée ne quitte pas un instant les chantiers. Les navires sont bientôt déchargés et, le 12 juin, le Virgo lève l'ancre. Le 14, on procède au débarquement du ballon, resté à bord du Svensksund, et il faut toute l'habileté du lieutenant Norsélius pour le conduire à terre à travers les glaces qui encombrent la baie. Le 19, au matin, commence l'opération du gonflement ; l'appareil à gaz, sous la direction de l'ingénieur Stake, fonctionne parfaitement. Le 22 juin, à minuit, l'aérostat possède ses 5,000 mètres cubes d'hydrogène.

Entre temps, M. Andrée aménage la nacelle ; MM. Fraenkel et Strindberg, aidés de M. Svedenborg qui est là pour remplacer, le cas échéant, un des aéronautes empêché au moment du départ, enduisent eux-mêmes les guide-ropes d'un mélange de suif et de vaseline. Enfin, pour gagner du temps sur les opérations nécessaires au moment où soufflera le vent favorable à l'ascension, les charpentiers démolissent la partie supérieure du hangar, du côté nord.

Les jours suivants, on éprouve l'étanchéité de l'aérostat en plaçant sur les coutures des bandes d'étoffe imprégnées d'acétate de plomb, que noircit le moindre contact avec le gaz hydrogène sulfuré. Et c'est un spectacle sans précédent dans l'histoire de l'aéronautique que celui de huit ou dix personnes travaillant sur le dôme du ballon gonflé, non sans se livrer à force gymnastique pour se maintenir aux mailles du filet. Cette opération difficile donne les meilleurs résultats : plusieurs fuites, imperceptibles par tout autre moyen, sont ainsi trouvées et soigneusement calfeutrées.

Ce fut le 11 juillet que, tout étant paré, M. Andrée, d'accord avec ses compagnons et trouvant les conditions atmosphériques suffisamment favorables, donna l'ordre de départ.

Avant de quitter le sol, le chef de l'expédition rédigea les dépêches suivantes :

A Sa Majesté le roi de Suède :
Spitzberg, 11 juillet, 2 h. 25 soir.
Au moment de leur départ, les membres de l'expédition au pôle Nord prient Votre Majesté d'accepter leurs très humbles salutations et l'expression de leur très vive reconnaissance.
ANDREE.
A ses compatriotes et amis :
Conformément à notre décision antérieure, nous avons commencé dimanche à 10 h. 35 les préparatifs de notre ascension, et en ce moment à 2 heures et demie de l'après-midi nous sommes prêts à partir. Nous serons probablement poussés dans la direction du nord-nord-est ; nous espérons arriver peu à peu dans des régions où les vents nous seront plus propices. Au nom de tous nos camarades, j'adresse notre salut le plus chaleureux aux amis, à la patrie.
ANDREE.

L'ascension se fit dans de bonnes conditions, au milieu des hourras et des souhaits de bon voyage. Le ballon monta à 200 mètres puis redescendit presque au niveau de la mer, pour remonter quand les aéronautes eurent jeté du lest. A une vitesse d'environ 35 kilomètres à l'heure, il se dirigea vers le nord-nord-est. Il resta visible pendant une heure.

Le 13 juillet, le Svensksund quitta l'île des Danois. Durant toute sa traversée, jusqu'à Tromsoe, il eut un fort vent du sud-ouest, mais peut-être, à une altitude plus septentrionale, les aéronautes avaient-ils déjà trouvé, comme ils l'espéraient, un vent plus favorable.

En terminant cette notice succincte, nous adressons tous nos remerciements à notre collègue et ami, M. Alexis Machuron, chargé par M. Andrée de prêter le concours de son expérience aux manœuvres du gonflement et du départ, pour les renseignements qu'il a bien voulu nous communiquer.

La confiance absolue - et si justifiée ! - que Nansen avait en son navire le Fram, M. Andrée la possédait, à l'heure du départ, en son navire aérien l'Adler. Espérons donc que bientôt nous recevrons une dépêche nous annonçant l'heureuse issue de la hardie tentative des trois aéronautes suédois.

Emile SAINT-AUBIN



Les coupures de presse de Andrée : En savoir plus sur Andrée :
L'expédition Andrée au Pôle Nord Salomon-Auguste Andrée (1854–1897)
Un ballon au Pôle Nord Le ballon
L'explorateur Andrée L’envol de l’Oern
La découverte de restes de l'expédition Andrée Le dernier campement


Voir un autre explorateur Voir Coupures de Presse Retour au résumé Haut de la page
ACCUEIL AVENTURES RUBRIQUES RECHERCHES LEXIQUE NOUS CONTACTER
TRANSPOL'AIR © 2012 - Tous droits réservés    •    Qui sommes-nous ?
Hit-Parade