ROUTE POLAIRE
Le rêve brisé d'Henri Chorosz
RAPATRIE DE L'ILE MARION PAR L'ALBATROS
Le patrouilleur Albatros avait à son bord un passager peu ordinaire
à son retour au port de la Pointe-des-Galets. Le patrouilleur austral
ramenait en effet un pilote français, Henri Horosz, recueilli sur
l'île Marion où ce dernier avait fait un atterrissage de
fortune en tentant de survoler le pôle avec son avion monomoteur.
Sur lécran de l 'ordinateur installé dans la cabine qu'il
a occupée pendant son retour à bord de l'Albatros, Henri
Chorosz fait défiler les images prises par ses sauveteurs sur l'île
Marion."Je reviens de loin, tout ça aurait pu se terminer
par un grand plongeon et c'était fini ", lâche le sexagénaire,
le regard un moment dans le vague. Mais le sourire revient très
vite chez ce passionné d'aviation qui s'est envolé de Cannes
le soir du 17 novembre, seul à bord de son monomoteur pour tenter
un vol inédit : faire le tour du globe en survolant les deux pôles.
Un fidèle émule de Charles Lindbergh
"Ce tour du monde par les pôles n'a été effectué
que deux fois par un Boeing 707 de la Panam et par un bi moteur. Personne
ne l'a tenté en monomoteur ", explique le pilote qui a
volé dès ses 18 ans avec toujours en tête les
exploits des pionniers de l 'aviation. En particulier Charles Lindbergh,
le meilleur d'après lui. "Il a traversé l'Atlantique
en 1927, alors qu 'une semaine auparavant, Nungesser et Coli avaient
disparu dans leur tentative.
C 'est l'aviateur le plus grand de tous les temps ", confie Henri
Chorosz qui a travaillé toute la vie dans l'informatique sans
pour autant renoncer à sa passion pour l'aviation.
A l'heure de la retraite, cette passion a pu enfin s'assouvir pleinement
puisque notre pilote avait alors le temps de se lancer dans la construction
de son avion, un Glasair FT II qu'il a modifié en vue des défis
qu'il comptait lancer. "J'ai rajouté des réservoirs
supplémentaires dans les ailes pour augmenter le rayon d'action
", explique Henri Chorosz qui a multiplié les vols au
long cours aux commandes de son appareil : traversée des Etats-Unis,
traversée de l'Atlantique Nord, vol direct Cannes-Etats-Unis
et retour.
Mais Henri Chorosz tenait à son grand défi, le tour
par les pôles entamé donc le 17 novembre. |
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Henri horosz à bord de "l'Albatros" |
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Les ailes recouvertes de glaces
La traversée de l'Afrique jusqu'au Cap s'effectue sans problèmes
et le 23 novembre, c'est le décollage pour le grand Sud.
Le pilote a prévu de se poser sur la base US de Mc Murdo
après le survol du pôle sud, l'avion devant ensuite
gagner la Nouvelle-Zélande.
"Arrivé dans les 60° Sud, j 'ai rencontré
des brouillards givrants, la glace a commencé à s
'accumuler sur les ailes.
J'ai été obligé de voler à plus basse
altitude, ce qu augmentait ma consommation de carburant.
J'ai tenté de faire de mi-tour vers Capetown, mais c 'était
impossible avec le vent de face. C 'est là que j 'ai donné
l'alerte ". explique Henri Chorosz.
Le point d'atterrissage le plus proche qui lui es indiqué
est l'île Marion.Appartenan à l'Afrique du Sud, celle-ci
n'abrite qu'une équipe de scientifiques, mais en approchant
de l'île, le pilote apprend que le terrain d'atterrissage
était resté à l 'état de projet .
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Des creux de 15 mètres
"Ils ont envoyé une équipe pour enlever les
pierres mais ils n 'ont pas eu le temps de tout dégager.
En plus, je me suis posé trop court. L'avion s 'est planté
dans la tourbe et a fini sur le toit. Je suis passé de
150 kilomètres à l 'heure à zéro sur
dix mètres ", confie le pilote qui a été
extrait de son cockpit très secoué mais indemne.
"Tout le monde a été très sympa. Le
seul problème, c'est que le bateau ravitailleur
n'était pas attendu avant le mois de mai ", explique
le sexagénaire.
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Mais, finalement, tout se termine bien pour notre émule de Charles
Lindbergh, puisque la marine nationale envoie le patrouilleur Albatros
, en mission dans le secteur, pour aller le recueillir.
Le voyage vers la Réunion devait réserver encore quelques
émotions cette fois très maritimes à notre aviateur.
Le patrouilleur Albatros devait en effet essuyer une très forte
tempête juste après avoir embarqué Henri Chorosz
à son bord.
"Nous avons eu droit à une forte dépression avec des
vents de plus de 50 nuds et des creux de quinze mètres ",
confie le capitaine de frégate Bertrand Lesort, capitaine de l'Albatros.
"Quand nous avons reçu le message annonçant qu'un
pilote français s 'était écrasé sur l'île
Marion nous étions en patrouille dans les mêmes latitudes.
Nous pouvions donc intervenir rapidement en liaison avec les autorités
sud-africaines ".
Pour Henri Chorosz, il reste maintenant à récupérer
son avion, ce qui devrait être possible en mai avec le passage
du ravitaillement à Marion.
Et ensuite ? "Je vais rapatrier mon avion à Cannes et le remettre
en état pour une nouvelle tentative en 2004 ", assure Henri
Chorosz, décidé à voler jusqu 'au bout de son rêve.
Thierry BARRA - mercredi 18/12/02 |
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