Sur la piste des pirates de la langouste
Deux mois durant deux gendarmes ont patrouillé
autour des Îles Saint-Paul et Amsterdam pour traquer
les pirates de la langouste. Une mission qui s'est déroulée
pour la première fois avec un navire civil affrété
par l'Etat et non un bâtiment de la Marine nationale.
Deux mois de patrouille maritime dans les mers du grand
Sud, juste un peu au-dessus des fameux quarantièmes
rugissants: la mission dont reviennent les gendarmes
Christophe Robin et Hervé Deroo n'avait rien
d'une croisière d'agrément. Venus respectivement
des gendarmeries maritimes de Brest et de Nice, les
deux hommes ont expérimenté en même
temps un dispositif mis en place pour assurer la surveillance
des zones de pêche aux alentours des Iles Saint-Paul
et Amsterdam. |
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Patrouille
autour de l'Ile Saint Paul |
C'est en effet à bord d'un navire civil affrété
par l'Etat que les gendarmes ont embarqué le 10 septembre
dernier pour assurer leurs patrouilles, alors que cette
tâche est en principe confiée aux bâtiments
de la Marine nationale.
Mission classée top secret
Nos moyens d'intervention sont déjà mobilisés
pour surveiller les zones de pêche de la légine
autour des Kerguelen, il fallait trouver une autre formule
pour s'occuper du problème que posent les zones de
pêche des Îles Saint-Paul et Amsterdam, explique
le commissaire Emmanuel Reuillard, adjoint du commandant
de la Marine.
Entrée du bassin du cratère
de l'Ile Saint Paul |
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Point de légine au large des Îles Saint-Paul
et Amsterdam situées bien plus au nord des zones
où l'on pêche ce luxueux poisson. Ici les
eaux regorgent d'une ressource tout aussi appétissante
pour les pirates : la langouste. Pour mettre un terme
aux captures illégales, c'est un véritable
coup de filet qu'avaient préparé les responsables
de la surveillance des pêches en envoyant dans
le plus grand secret les deux gendarmes de métropole
vers le Marion-Dufresne , navire chargé du ravitaillement
des bases des TAAF. |
Une mer complètement vide
Après avoir fait escale aux Kerguelen, le navire
amenait les deux hommes à pied d'uvre devant
l'Île Amsterdam. Ceux-ci embarquaient à bord
du " Saint-paul ", bateau de pêche de 30
mètres appartenant à la Sapmer et affrété
par l'Etat pour cette mission. Armé par un équipage
de six hommes, le Saint-Paul a entamé aussitôt
ses patrouilles de surveillance, mais les deux gendarmes
n'ont guère eu de navire pirate à caler dans
leurs jumelles au cours de ces deux mois.
A la suite d'une fuite, les armateurs de navires braconniers
ont pu en effet transmettre la consigne à leurs capitaines
pour qu'ils restent au large.
Les seuls navires que nous avons croisés, ce sont
le Marion-Dufresne, le bateau de l'Ifremer, la Curieuse
et la frégate Floréal. Sinon la mer était
perpétuellement vide, confie Christophe Robin qui
comme son collègue n'a pu noter aucune infraction.
Deux mois sans braconniers
Pour les deux gendarmes, cette mission peu ordinaire
a été en tout cas une expérience
humaine très enrichissante, même si les
conditions de vie à bord étaient très
rudes. A Brest, on a l'habitude du mauvais temps, mais
cela n'a rien à voir avec ce qu'on a vécu.
Le vent souffle le plus souvent en rafales et le bateau
roulait sans arrêt. Un navire de pêche sans
poisson dans les cales, devient vite un peu léger
souligne Christophe Robin. |
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Escale au milieu des gorfoux |
Pour lui comme pour Hervé Deroo, ce sont les
contacts avec les trente scientifiques basés
à Amsterdam qui ont été passionnants
surtout pour mieux appréhender la faune de ces
Îles.
Même s'il n'y a pas eu de pirates pris dans la
nasse, du c"té du Cosru et de la Marine
nationale, on estime que l'opération a été
positive sur un point : aucun pirate n'est venu mouiller
ses casiers pendant ces deux mois, période propice
aux prélèvements illicites au sortir de
l'hiver, avant l'ouverture officielle de la pêche.
Pas pris, les braconniers n'ont rien pris non plus et
dans quelques jours l'Austral quittera la Pointe des
Galets pour capturer son quota de langoustes et prendre
le relais de la surveillance sur la zone. La mission
a été mise du reste à profit par
la Sapmer pour tester les autres pêches possibles
sur un secteur qui suscite bien des convoitises. |
Thierry BARRA (Quotidien de la Réunion / 21 octobre
2002 ).
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