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Adoption à l'unanimité
par l'Assemblée Nationale de la loi relatif à
la protection de l'environnement en Antarctique. |
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Yves Cochet, ministre de l'Aménagement du
Territoire et de l'Environnement, avait présenté
en Conseil des ministres, le 27 mars 2002, un projet
de loi relatif à la protection de l'environnement
en Antarctique. L'objet de ce projet de loi était
de mettre en oeuvre les dispositions du Protocole
de Madrid, signé le 4 octobre 1991 et entré
en vigueur le 14 janvier 1998, en soumettant les activités
exercées en Antarctique à un régime
général de déclaration préalable
ou d'autorisation, assorti de sanctions administratives
et pénales ( voir archives ).
Le jeudi 3 avril, Tokia Saïfi, Secrétaire
d'Etat au Développement Durable, a présenté
devant les députés le projet de loi
portant sur la protection de l'environnement en Antarctique
( Ce texte qui avait été préalablement
voté par le Sénat le mardi 18 mars).
Celui-ci a été adopté à
l'unanimité par l'Assemblée Nationale
et publié au J.O n° 90 du 16 avril 2003
page 6727.
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Contexte général
Le continent antarctique est le seul continent qui échappe
à la juridiction classique des Etats. Après
des débuts de revendication territoriale par tel
ou tel Etat riverain de l'Océan austral ou conquérant
de ces espaces vierges, le traité sur l'Antarctique
conclu à Washington le 1er décembre 1959 a
conféré à ce continent un régime
international unique en son genre. Le traité, conclu
entre tous les Etats qui avaient des revendications de souveraineté
en Antarctique (Argentine, Australie, Chili, France, Nouvelle-Zélande,
Norvège, et Royaume-Uni), et les Etats qui refusaient
de reconnaître ces revendications (Etats-Unis, Russie,
Japon, Belgique, Afrique du Sud), est considéré
comme ayant " gelé " ces revendications
(article 4 du traité). Il a institué un régime
de coopération internationale original qui laisse
de côté ces revendications, mais au contraire
place à égalité tous les Etats-parties,
qu'ils soient possessionnés ou non.
Une autre originalité du traité sur l'Antarctique
est d'avoir institué deux catégories de Parties.
Les signataires ont le statut de Parties consultatives,
seules habilitées à prendre des décisions
qui engagent les Parties dans le cadre des réunions
consultatives. Le traité est ouvert à la participation
de toute autre Partie intéressée, mais celles-ci
ne se verront conférer à leur tour le statut
de Partie consultative qu'après reconnaissance par
les autres Parties consultatives de l'intérêt
actif qu'elles portent à cette région (articles
7 et 9 du traité). Le traité comporte aujourd'hui
27 Parties consultatives et 16 Parties non-consultatives.
Le continent antarctique est à la fois un espace
vierge témoin d'équilibres naturels encore
très peu affectés par les activités
humaines, une source de mémoire du climat mondial
dans ses neiges et ses glaces, un point d'observation irremplaçable
pour certains phénomènes atmosphériques
ou climatiques, et un milieu extrême dans lequel la
vie a pu néanmoins s'adapter. La prise de conscience
des enjeux essentiels que représente ce continent
au regard de l'environnement mondial, malgré son
éloignement, a donné lieu à la signature
à Madrid le 4 octobre 1991 d'un protocole au traité,
relatif à la protection de l'environnement.
Une première tentative de réglementer l'exploitation
des richesses énergétiques et minières
en Antarctique dans le cadre de la convention de Wellington
sur la réglementation des activités relatives
aux ressources minérales de l'Antarctique ouverte
à la signature le 2 juin 1988 se solda par un échec.
En revanche, la convention de Londres pour la protection
des phoques en antarctique signée le 11 février
1972 et la convention pour la conservation de la faune et
de la flore marines de l'antarctique adoptée à
Canberra le 20 mai 1980 témoignent de la volonté
de soumettre ce continent à une protection internationale
forte. Le protocole de Madrid consacre cette évolution
en faisant de l'Antarctique, selon la déclaration
liminaire solennelle, " une réserve naturelle,
consacrée à la paix et à la science
".
Le protocole de Madrid et ses quatre annexes, ayant été
ratifié par l'ensemble des Parties consultatives,
est entré en vigueur le 14 janvier 1998. La France
l'a pour sa part ratifié
dès 1992, et l'a publié au journal officiel
de la République française le 25 septembre
1998. Une annexe V a été adoptée séparément
à Bonn au cours de la XVIème conférence
consultative des Parties, et soumise à approbation
distincte. Si la France a approuvé cette annexe le
18 novembre 1998, quatre approbations de parties consultatives
manquent encore pour son entrée en vigueur. Cependant
le projet de loi, en donnant la base légale nécessaire
à un régime d'autorisation, permettra de mettre
en application cette annexe V, et notamment de réglementer
l'accès aux " zones spécialement protégées
" et aux zones gérées spéciales
" de l'Antarctique dont elle prévoit la désignation.
Le protocole édicte une interdiction absolue, pour
une durée de 50 ans, d'exploiter les ressources minérales
de l'Antarctique, et encadre strictement les conditions
dans lesquelles il pourra être mis fin à ce
moratoire. Il soumet toutes les activités qui se
déroulent en Antarctique à des obligations
de respect de l'environnement, soit par des procédures
(telle l'étude d'impact, qui en cas d'impact supérieur
à mineur ou transitoire, doit être soumise
à la réunion consultative), soit par des règles
de fond (telles les interdictions et les obligations qui
figurent aux annexes II à V).
Le protocole fait obligation aux Parties de prendre les
mesures appropriées pour garantir le respect de ses
dispositions, et de les notifier aux autres Parties (article
13).
Les mesures relevant du domaine de la loi sont le principe
de la soumission des activités menées en Antarctique
à un régime d'autorisation, ou dans certains
cas, de déclaration préalable, et les sanctions
pénales nécessaires pour garantir le respect
de la loi.
Les Etats-Unis, les Pays-Bas, le Japon, le Pérou,
la Russie, la Finlande, la Suède, le Royaume-Uni,
l'Australie, le Japon, la Norvège ont déjà
pris des mesures d'ordre interne.
Aucune mesure n'a été prise par l'Uruguay
et le Chili, le protocole recevant dans ces Etats une application
directe du fait de la ratification.
Législation nationale
Droit national
Certaines lois françaises sont applicables dans les
Terres Australes et Antarctiques Françaises
(TAAF), et à ce titre en Terre-Adélie. Cependant,
ces lois ne sont pas opposables aux
ressortissants des pays qui ne reconnaissent pas notre juridiction
en Terre-Adélie. D'autres sont applicables aux navires
sous pavillon français, et ce, où qu'ils se
trouvent.
- L'organisation judiciaire en Terre Adélie
La loi n°71-569 du 15 juillet 1971 fixe l'organisation
administrative et judiciaire des TAAF et
désigne les personnes habilitées à
constater les infractions.
Les autres dispositions à ce sujet sont contenues
dans le décret n° 93-955 du 26 juillet 1993 et
l'ordonnance n°92-1150 du 12 octobre 1992 (respectivement
art. R 935-1 et L 935-1 du Code de l'organisation judiciaire),
modifiant la loi du 15 juillet 1971.
- La pollution marine
La loi n° 76-599 du 7 juillet 1976 relative à
la prévention et à la répression de
la pollution marine par des opérations d'immersions
interdit, dans son article 14, les immersions en haute mer.
Elle est applicable aux navires sous pavillon français,
dans toutes les eaux internationales.
La loi n° 83-583 du 5 juillet 1983 réprimant
la pollution de la mer par les hydrocarbures (modifiée
par la loi n°90-444 du 31 mai 1990) prévoit de
lourdes peines dans les cas de pollution volontaire par
les navires, en application de la Convention de Londres
du 7 juillet 1978. De même, interviennent les décrets
n° 85-1151 du 4 novembre 1955 et n°86-38 du 7 janvier
1986, relatifs respectivement à la répression
de la pollution des eaux marines, et aux mesures de police
maritime à l'égard des navires, aéronefs,
engins ou plate-formes pouvant causer une pollution maritime
accidentelle.
- L'organisation de la pêche
La loi du 1er mars 1888 relative à l'exercice de
la pêche dans les eaux sous souveraineté française
s'étendant au large des côtes des territoires
d'Outre-mer, a été modifiée par la
loi n° 96-609 du 5 juillet 1996 portant diverses dispositions
relatives à l'Outre-mer. Ce cadre législatif
fixe les modalités de pêche dans certains territoires.
Il interdit ainsi la pêche aux navires battant pavillon
étranger dans les zones sous souveraineté
française. Cette loi prévoit des sanctions
pénales dans les cas d'infraction aux règles
édictées.
- Les mesures législatives pour la mise en uvre
du protocole de Madrid
La mise en uvre du Protocole de Madrid nécessite
un certain nombre de mesures à prendre,
tant au niveau législatif que réglementaire,
de manière à assurer la conformité
du droit français avec ce protocole.
Au niveau réglementaire
La mise en uvre du protocole nécessite différentes
mesures d'ordre réglementaire, prises en
application de la loi. Ces mesures concernent notamment
le contenu des études d'impact ainsi
que les règles régissant les autorisations
préalables.
Etudes d'impact
Conformément à l'article 8 du Protocole de
Madrid, relatif aux évaluations d'impact sur
l'environnement et de son annexe I (évaluation d'impact
sur l'environnement), un décret devra classer les
activités suivant l'impact qu'elles occasionnent
sur l'environnement ou donner des critères à
cet effet.
Le Protocole de Madrid précise que les activités
envisagées au titre des programmes de
recherche scientifique, du tourisme ou de toutes autres
activités gouvernementales ou non
gouvernementales dans la zone du traité de l'Antarctique,
sont soumises aux procédures prévues à
l'annexe I pour l'évaluation préalable de
leur impact sur l'environnement, selon qu'elles sont identifiées
comme ayant un impact " moindre que mineur ou transitoire
", un impact " mineur ou transitoire " ou
un impact " supérieur à un impact mineur
ou transitoire ".
L'annexe I prévoit que, dans le cas où une
activité a un impact " moindre que mineur ou
transitoire ", cette activité peut être
entreprise immédiatement. Si l'activité risque
d'avoir un impact " plus que mineur ou transitoire
", il est procédé à une évaluation
préliminaire de son impact sur l'environnement. Si
cette évaluation montre que cette activité
aura probablement un impact " plus que mineur ou transitoire
", une évaluation globale d'impact de l'environnement
est réalisée.
L'évaluation de l'impact de ces activités
sera assurée par le ministère de l'écologie
et du
développement durable, après avis du Comité
de l'Environnement Polaire.
Le décret devra fixer également le contenu
des études, c'est à dire de l'ensemble des
conséquences à prendre en compte lors de la
constitution du dossier.
Les autorisations préalables
En ce qui concerne les activités du premier type
(impact " moindre que mineur ou transitoire "),
une autorisation en forme très simplifiée
sera prévue, laissant tout de même la possibilité
à
l'administration de retirer cette autorisation, conformément
au Traité de Washington.
Le décret d'application devra se référer
aux conditions énumérées à l'annexe
I du Protocole de Madrid, le cas échéant par
des renvois directs.
Pour ce qui est des autorisations préalables, le
décret d'application devra fixer l'autorité
compétente pour la délivrance des autorisations.
En tout état de cause, cette administration devra
être capable d'assumer les obligations découlant
du Protocole (suspension, annulation,
modification des autorisations et information lors des ATCM
???).
Le régime des permis spéciaux
Le décret devra organiser le régime des permis,
dans les cas de prélèvement de faune ou de
flore, et les activités dans les zones à statut
spécial. Lorsque le prélèvement sera
connu lors de la demande d'autorisation de l'activité,
les deux pourront être instruits et délivrés
ensemble
(autorisation d'activité, permis spécial).
Le décret devra renvoyer aux conditions générales
d'autorisation formulées dans les annexes II à
V du Protocole de Madrid. Les permis seront délivrés
par le ministère de l'Aménagement du Territoire
et de l'Environnement, après avis du Comité
de l'Environnement Polaire.
Le régime d'exemption au profit des navires d'Etat
sera précisé dans le décret (cf. exposé
des
motifs).
Justification des solutions retenues
La voie législative s'impose dans le cas d'édictions
de sanctions pénales et dans l'hypothèse des
restrictions à la liberté, ce qui est le cas
de l'obligation d'autorisation préalable. De plus,
la loi donnera un véritable signe politique sur la
volonté de restreindre les atteintes à l'environnement
en Antarctique.
En ce qui concerne le régime d'autorisation, celui-ci
est un bon support de réglementation. Il a
d'ailleurs été adopté par la majorité
des Parties, hormis les Etats-Unis. Il est le meilleur moyen
pour l'administration chargée de la délivrance
de l'autorisation préalable de garder un certain
pouvoir de surveillance et, le cas échéant,
de sanction. Des systèmes sans autorisation avec
une simple notification, ou avec autorisation préalable
limitée à certaines activités, auraient
été envisageables mais peu compatibles avec
les exigences très étendues du traité.
Il appartiendra au ministère de l'Aménagement
du Territoire et de l'Environnement de délivrer les
permis relatifs à des prélèvements
de faune et de flore dans les zones protégées,
après avis du Comité de l'Environnement Polaire.
Au niveau administratif
L'analyse détaillée des tâches résultant
des obligations du Protocole de Madrid implique de dégager
les moyens humains et financiers qui seront les garants
de l'efficacité des mesures de protection de l'Antarctique.
Les moyens humains
L'administration chargée de la délivrance
des autorisations préalables et, le cas échéant,
des permis devra prévoir un accroissement du personnel
qualifié. L'analyse des études d'impact, avant
approbation, sera également l'occasion de mobiliser
du personnel affecté à cette fonction.
En ce qui concerne la question de l'information réciproque
des Parties, l'administration doit se charger de la collecte
et de la diffusion de ces informations auprès des
autres Parties, mais aussi envers le public. Cette fonction
nécessitera aussi du personnel.
Au total, les moyens requis sont estimés à
1 à 2 agents à temps complet, si les tâches
restent
centralisées en administration centrale.
Les moyens financiers
La mise en uvre du Protocole de Madrid implique des
moyens financiers pour les tâches suivantes :
- contrôle des infractions ;
- élaboration et expertise pour les projets publics
;
- instruction et gestion des autorisations et des permis.
Les Applications
Activités scientifiques
La mise en uvre du Protocole de Madrid affectera essentiellement
les activités de recherche scientifiques françaises.
La France possède une implantation scientifique sur
le continent Antarctique : la base Dumont d'Urville en Terre
Adélie. La représentation nationale y est
assurée : les TAAF conservent à Dumont d'Urville
la souveraineté et la responsabilité des missions
de service public (postes et télécommunications,
santé) ; les missions logistiques de la base sont
déléguées par le Territoire à
l'Institut Français pour la Recherche et la Technologie
Polaires(IFRTP), devenu en 2002 l'Institut Paul-Emile Victor
(IPEV).
Les diverses activités de recherche scientifique
se déroulent dans un cadre d'une coopération
internationale propre à l'Antarctique (SCAR, Scientific
Committee for Antarctic Research). Chaque année l'IPEV
participe, en concertation avec le ministère des
Affaires Etrangères, à la réunion des
parties consultatives du Traité sur l'Antarctique.
Cet institut prend une part active, au sein de la communauté
internationale, aux différentes réunions du
COMNAP (Committee of managers of antarctic programs) dédiées
à la réflexion et à la coordination
des moyens logistiques dans cette zone.
L'année 1999 a confirmé la croissance des
activités logistiques et scientifiques de l'IFRTP.
Il convient de souligner à cet égard la réussite
des 3 traversées lourdes terrestres entre Dumont
d'Urville et le site de Dôme C, dont le rendement
en terme de charge utile s'est encore accru de plus de 10
% (près de 410 tonnes acheminées).
Logistique de transport
Le district de Terre Adélie est desservi par le navire
" Astrobale ", affrété par les TAAF
et l'IPEV. Il est utilisé 120 jours par an pour les
besoins logistiques de Terre Adélie. Il effectue
5 rotations durant la campagne d'été (novembre
à mars), entre le port d'Hobart en Tasmanie et la
base Dumont d'Urville.
Au cours de la campagne d'été 1999, 16 vols
sur un avion du type " Twin-Otter " ont été
effectués pour le transport du personnel et du matériel,
reliant les 3 bases : Terra Nova (base italienne), Dôme
C et Dumont d'Urville.
Activités touristiques
D'après les statistiques réunies par les Etats
Parties à chaque ATCM ( ?), l'essentiel des activités
touristiques se déroulent dans la péninsule
antarctique (15 000 visiteurs par an). La Terre Adélie,
difficile d'accès, est très peu fréquentée
(une halte d'un navire de croisière russe en 1998,
aucune activité en 1999).
Les demandes d'autorisation concernant la France devraient
donc rester limitées dans les années à
venir (moins de 10 par an). Mais on note une croissance
touristique régulière depuis 10 ans.
Dossier de presse émanant du Ministère de
l'Environnement.
Département de la Communication et de l'Information
- Service de Presse
20, avenue de Ségur - 75007 PARIS
Tél. : 01.42.19.10.55 - Fax : 01.42.19.10.39
Site : http://www.environnement.gouv.fr/default.htm
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