RETOUR D'EXPEDITION AUX KERGUELEN : ASCENSION DU MONT ROSS REUSSIE
Deuxième drapeau planté au sommet

Après avoir été transportée
par hélicoptère du Marion Dufresne, léquipe
du GMHM a passé 28 jours
sur son camp de base du mont Ross, réussissant lascension
en une journée. Photos GMHM.
De retour sur l'île depuis jeudi,
les hommes du Groupe militaire de haute montagne ont réussi leur
pari : gravir le mont Ross aux Kerguelen, archipel du sud de l'océan
Indien. Certes, ce mont n'est pas très élevé, mais
les conditions climatiques difficiles et l'isolement faisaient de cette
expédition un véritable challenge. Depuis les premières
tentatives en 1962, seule une expédition française avait
jusqu'alors atteint le sommet, en 1975.
Gravir le Mont Ross, point culminant de
l'archipel des Kerguelen, tel était le dernier pari du GMHM (groupe
militaire de haute montagne), basé à Chamonix. Si les quelque
1 850 mètres d'altitude n'étaient pas pour impressionner
ces spécialistes de l'extrême, aguerris aux ascensions de
plus de 6 000 mètres en Himalaya, l'expédition revêtait
malgré tout, un caractère atypique.
Après quatre tentatives infructueuses,
seule une expédition avait atteint, jusqu'à présent,
le sommet du mont Ross. C'était en 1975. Organisée par la
fédération française de haute montagne, l'expédition
comprenait alors de grands noms de l'alpinisme français, tels Patrick
Cordier ou Jean Affanassieff. Depuis, une tentative Sud-africaine s'est
soldée par un dramatique échec, une cordée ayant
été emportée par le vent et le médecin du
groupe ayant été décapité par l'hélicoptère.
Attendre les conditions favorables
Le GMHM entendait donc bien renouveler
la prouesse française sur ce sommet relativement technique, où
les conditions sont réputées difficiles en raison du vent
et de l'isolement.
Ayant regagné la Réunion jeudi
sur le Marion Dufresne après près de deux mois d'expédition,
les six hommes du GMHM, accompagnés d'un photographe de Grenoble
et d'un médecin, exprimaient toute la satisfaction d'avoir atteint
le sommet du Mont Ross où ils ont planté le drapeau français.
"Pour nous, c'est une expédition
insolite. Le sommet est petit. Les Kerguelen sont isolées. C'était
aussi la découverte de milieux, celui du "Marion Dufresne",
véritable microcosme, et celui des TAAF. Ça a apporté
beaucoup d'intérêt à l'expédition", estime
le capitaine Thierry Bolo, chef du GMHM.
Parti de la Réunion le 3 novembre
dernier, le groupe n'a atteint le sommet que le 26 novembre. Il leur a
en effet fallu une douzaine de jours de navigation pour atteindre l'archipel
des Kerguelen. Puis, c'est une tonne et demie de fret (alimentation et
matériel) qui a été transportée par hélicoptère
jusqu'au camp de base du groupe, installé dans un cratère
du mont Ross. "Notre projet était de faire le siège
et d'attendre les conditions favorables pour l'ascension", précise
Thierry Bolo. Mais l'installation même du camp n'a pas été
de tout repos, les rafales de vent, atteignant les 180km/h, obligeant
les alpinistes à construire des murets - atteignant parfois des
hauteurs d'homme - pour protéger leurs tentes.
Repérages avant l'ascension
L'installation de la tente commune, primordiale
pour maintenir la cohésion du groupe en créant un climat
de convivialité dans ce milieu parfois hostile, a également
nécessité toute l'ingéniosité des aventuriers.
C'est finalement les caisses ayant transporté la marchandise qui
leur ont servi à construire leur abri.
"Une fois installés, il s'agissait
de faire des reconnaissances, en gardant à l'esprit que l'aspect
sécurité était primordial", explique Thierry
Bolo. Totalement isolés, reliés quotidiennement par radio
à la base des TAAF de Port-aux-Français, les alpinistes
ne pouvaient en effet, guère compter sur des secours rapides en
cas d'accident.
Ayant pour mission la maîtrise de
l'environnement dans des conditions physiques et climatiques extrêmes,
le GMHM, groupe de l'armée de terre, a néanmoins recherché
la technicité dans cette ascension. "Même sur un sommet
bas, on ne va pas toujours au plus facile", précise le chef
du GMHM.
Les premières sorties en montagne
ont donc été consacrées aux repérages. Ce
n'est qu'au douzième jour, que le groupe, profitant de conditions
climatiques favorables, s'est attaqué à l'ascension du mont,
où neige et glace côtoient les rochers.
En une journée, le mont a été
gravi via deux voies. Tandis qu'une partie du groupe empruntait l'itinéraire
de l'expédition de 1975, une cordée ouvrait une nouvelle
voie par la face nord. Les premiers départs du camp ont eu lieu
à 4 heures du matin, pour une arrivée au sommet à
15 heures.
Une fois en haut, les alpinistes ont savouré
leur bonheur une petite heure, avant de redescendre. "On était
heureux parce que ça avait marché et heureux de se retrouver
tous en même temps au sommet, ce qui est rare", confie Thierry
Bolo.
Une fois l'ascension faite, les alpinistes
espéraient retrouver des conditions climatiques idoines pour recommencer.
Malheureusement, la chance ne leur a pas souri une deuxième fois,
leur retour étant lié à celui du Marion Dufresne.
Mais qu'importe, le pari est gagné. Avant de reprendre la mer,
les aventuriers ont tenu à passer par Port-aux-Français,
afin de saluer l'équipe des TAAF qui leur a tenu compagnie radiophoniquement
pendant les 28 jours de camps. Alors qu'une partie du GMHM a rejoint la
métropole hier, certains ont préféré profiter
quelques temps du soleil de la Réunion, avant de rejoindre leurs
sommets enneigés.
Isabelle KICHENIN

De retour à la Réunion depuis jeudi, l'équipe
du GMHM ne cachait pas son bonheur d'avoir réitéré
la prouesse française de 1975.
Source : La Réunion - Quotidien du samedi 29/12/01
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