Pour la deuxième année consécutive,
François F8DVD est retourné en arctique
du 4 au 10 avril 2004, pour opérer depuis le
radio club de Longyearbyen situé sur l'île
du Spitsberg (IOTA EU 026). Il nous livre ses impressions.
Texte et photos : François Bergez |
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Voir la carte >>>
)
Le Spitsberg est situé à l'est du Groenland,
à mi distance entre le nord de la Norvège et
le Pôle Nord géographique qui se trouve à
1200 km. Il s'agit de la plus grande île (39 000 km²
soit 4 fois la Corse) de l'archipel du Svalbard. Cet archipel,
situé entre 71° et 81° de latitude nord et
entre 10° et 35° de longitude est, a une superficie
d'environ 63000 km² dont près de 60% sont recouverts
de glacier.
Le trafic a été réalisé depuis
Longyearbyen, principale localité qui compte 1500 habitants
soit plus de la moitié de la population totale de l'archipel.
Cette petite capitale du Svalbard qui reste marquée
par l'activité minière à l'origine de
son existence est aujourd'hui résolument tournée
vers le modernisme.
Le batiment de gauche abrite
le radio club |
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Longyearbyen, une ville construite
à flanc de montagne |
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L'aéroport, l'un des plus au
Nord du monde |
La société est jeune car l 'implantation n'y
est pas permanente et reste liée à une activité
bien définie sur une période donnée.
Les établissements d'enseignement sont tous représentés
de l'école maternelle à l'université.
Cette dernière attire chaque année 200 chercheurs
de plus de 20 pays sur des disciplines comme la biologie,
la géologie, la géophysique ou la technologie
arctique.
Malgré son éloignement et le très
faible nombre d'OM résidents, le Spitsberg dispose
d'un radio club parfaitement équipé comprenant
2 transceivers : Kenwood TS440S et ICOM 751 complêté
par un ampli linéaire de 500 Watts. Côté
aérien, une beam 5 éléments 3 bandes
culmine en haut d'un pylône de 30 mètres
et deux dipôles permettent de travailler sur 40
et 80 mètres. Lors des contests, il n'est pas
rare d'entendre l'indicatif du radio club JW5E opéré
par Mathias JW5NM. C'est d'ailleurs Mathias, un OM très
sympathique et compétent qu'il faut contacter
pour la réservation du radio club.
Durant les 7 jours d'activité, 3500 contacts
ont été réalisés principalement
sur 20m et le reste sur 15m et 40m. Des tentatives ont
été faites sur 80 m, mais sans succès.
Il faut dire qu'à cette période de l'année,
le jour est permanent. C'est d'ailleurs l'un des aspects
les plus fascinants mais aussi déroutants du
séjour . |
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La beam 5 éléments à
30 mètres |
QSL de l'expédition 2004 |
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Malgré une propagation bien faible, près
de 50% des liaisons ont été faites en
dehors de l'Europe avec de très belles ouvertures
sur l'Asie et la côte ouest des Etats-Unis, amenant
de forts piles up tout à fait gérables
compte tenu de la parfaite discipline des OM concernés
(ce qui n'est pas le cas pour d'autres continents, notamment
le notre, mais ceci est une toute autre histoire
!). |
Le matin, les liaisons avec le Pacifique étaient
courantes. Ainsi samedi 10 avril à 06.00 TU en l'espace
d'une demi heure, les liaisons se sont enchaînés
à faire rêver tout DX'eur: KH6/W7UEA les îles
Hawai, ZK1CG et ZK1JD les 2 stations des îles Cook
du Sud, 3D2DI les îles Fidji, KH8/DL1VKE les îles
Samoa, FO5QB l'ami Michel de Polynésie, T33C l'expédition
de Banaba, V73ZF, les îles Marshall, sans compter
les stations de Chine, du Japon, d'Australie et de Nouvelle
Zélande. Un très beau et bon souvenir !
Alors que l'on parle de plus en plus d'un réchauffement
climatique, la météo fut des plus polaire
avec des températures en dessous des -20°C.
Sur la fin du séjour, une tempête a balayé
le Spitsberg 3 jours durant paralysant toute l'activité
de l'île avec des pointes de vent enregistrées
à plusieurs reprises à plus de 160 km/
h. Heureusement, les aériens ont bien tenus le
choc et l'activité radio n'a pas été
perturbée. |
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Une particularité de Longyearbyen
: toutes les canalisations sont surrévelées
car le sol, est gelé en permanence (le permafrost). |
La découverte du Svalbard est attribuée
au Hollandais Willem Barentz en 1596. C'est en arrivant
en vue du groupe d'îles qu'il donna le nom de Spitsberg
à la plus grande d'entre elles, du fait de ses massifs
montagneux avec sommets escarpés. Puis de 1600 à
1750, de nombreux pêcheurs de baleines s'y sont installés
et ont laissé des traces encore visibles. Au cours
du 19 ème siècle les russes ont marqué
le Spitsberg de leurs nombreuses installations pour la chasse.
L'intérêt des norvégiens pour cette
région ne s'est éveillé qu'au début
du 19 ème siècle également pour la
chasse. Puis ce fut la ruée vers l'or
. ! quand
les premiers gisements de charbon furent découverts.
En 1906 une première compagnie minière était
créée par l'américain John Longyear.
Puis en 1916 une compagnie norvégienne prit le relai
; elle continue aujourd'hui encore de gérer l'exploitation
des derniers gisements avec 200 employés.
C'est un statut tout à fait particulier qui protège
le Svalbard dont le traité a été signé
en 1920 par trente pays. La souveraineté est confiée
à la Norvège, mais l'ensemble des pays signataires,
dont la France, ont tous les mêmes droits d'accès,
de séjour et d'activité économique.
Ainsi la Russie exploite t-elle aujourd'hui encore l'une
des dernières mines de charbon encore en activité
à Barentsburg. Une protection toute particulière
de la faune et de la flore arctique est respectée
avec la constitution de parcs nationaux et de réserves
qui occupent plus de la moitié de l'archipel.
Malgré l'hostilité de son climat, le Spitsberg
demeure une fabuleuse terre d'aventures. La nature est généreuse
et c'est un fascinant pays de montagne qui attend le visiteur
avec sa multitude de fjords profonds. Une destination privilégiée
pour tout OM amoureux de ces grands espaces polaires !
François / F8DVD
F8dvd@qsl.net
Voir les autres pages de François Bergez :
- RADIO
- AMATEURS EN ANTARCTIQUE
- LA
FANTASTIQUE HISTOIRE DE JARKOV
- EXPEDITIONS
POLE NORD et la Base BARNEO (voir en bas de page)
- LA
MISSION BANQUISE
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