Les commerçants grecs échangent avec leurs homologues dans l'ensemble de l'Europe, de l'Asie mineure et de l'Afrique méditerranéenne. Ces échanges liés en premier lieu à l'approvisionnement des cités qui ne pouvaient pas fournir localement assez de ressources pour une population croissante (ce fut notamment le cas des céréales et du bois) ou ne possédant pas ses ressources sur son sol (nous le verrons plus loin comme l'ambre et l'étain) ont donné lieu à la création de routes commerciales maritimes et terrestres et à l'implantation de comptoirs.

Parallèlement au développement de ces échanges outre-mer, des colonies se créent, certaines deviennent indépendantes de leurs cités d'origine. Les colonies ont des spécialisations géographiques en fonction des ressources exploitées, mettant en corrélation des besoins spécifiques de la " cité mère " et des richesses provenant de ces nouvelles colonies.

Le monde était alors centré sur la Méditerranée, il ne reste plus qu'à trouver ses extrêmes.

Le sujet de ce chapitre n'est pas de réécrire l'histoire des relations économiques internationales de cette période.
Nous verrons tout au long de cet ouvrage que l'enrichissement des nations et leur essor seront intiment liés à l'accroissement de leur commerce extérieur.

Le développement d'une doctrine mercantiliste à partir du XVIe siècle favorisant le commerce extérieur, permettant de dégager un excédent de la balance commerciale, sera accompagné par l'évolution des moyens de transport et par la multiplication des grandes découvertes. Il sera l'un des éléments moteur de " l'aventure polaire ", de la création de routes marchandes, aux implantations de comptoirs, jusqu'aux différentes colonisations.

Les voyageurs

Les voyageurs de la période que nous étudions, qu'ils soient fondateurs de colonies, marchands ou militaires, possèdent peu ou pas d'instruments pour se repérer. Rappelons que l'invention de l'astrolabe est couramment attribuée à Hipparque (v.190 av. J.-C. - 120 av. J.-C.), Ptolémée l'étudia et y apporta des améliorations trois siècles plus tard.

La cartographie des lieux dans un premier temps n'est qu'approximative, elle est descriptive. Les savants grecs se penchent sur une géographie mathématique. Anaximandre et Hécatée ébauchent les premières cartes, centrées sur la Méditérrannée au VI e siècle avant J.-C. La première carte connue ayant un repérage sur deux axes (O-E le " diaphragme " et N-S sa " perpendiculaire " ), tous deux passant par Rhodes a été dessinée par Dicéarque (347-285 av. J.-C.). Hipparque invente la première projection, dite " carte plate parallélogrammatique ", prémisses de la projection de Mercator.

Les Grecs deviennent maîtres de la navigation en Méditerranée. Ils voyagent à vue en faisant du cabotage le long des côtes, bénéficiant des rares notes ou relevés établis par des contemporains.

Le navigateur commun, démuni d'outils maniables ou d'hommes de science à son bord, note les distances parcourues qu'il compte en journées.

Les voyageurs ont donc une notion du monde qui se divise en deux parties : le monde connu dont le centre est le bassin méditerranéen et les terres inconnues qui donnent naissance aux mythes ou aux interrogations les plus variées.

Ces frontières marqueront pour plusieurs siècles les limites de l'exploration pour les Méditerranéens. Les connaissances acquises par les voyageurs et les scientifiques de l'Antiquité ne seront revues que vers le VIIe siècle par les Arabes et ne renaîtront en Europe qu'au milieu et à la fin du Moyen-Âge.